Who are you : L'année du phénix
Musique

Who are you : L’année du phénix

Who are you renaît de ses cendres et Josué Beaucage trouve le temps qu’il faut pour donner vie aux chansons qui dormaient dans ses carnets depuis deux ans.

C’est une série d’événements heureux et de grosses malchances qui ont entraîné Who are you vers un hiatus forcé. Sacrée next big thing suprême par les mélomanes de la ville de Québec à la sortie de son unique album complet en 2011, la formation a mis près de trois ans avant de réellement se remettre sur les rails. Ou, plutôt, de remonter enfin sur scène.

Les causes de cette pause sont multiples. Dans la dernière année, la tête pensante Josué Beaucage s’est vu offrir des contrats plus qu’alléchants en termes de compositions et d’interprétation musicales. Il y a eu la reprise du «K» Buster de Raphaël Posadas au Périscope, son rôle de chanteur au sein de l’ultime mouture du spectacle Les chemins invisibles produit par le Cirque du Soleil, une collaboration avec le Théâtre des Confettis puis une association créative avec Robert Lepage. De juin 2013 à aujourd’hui, le leader de Who are you aura vécu à Québec, au Brésil, en France, en Russie, à Montréal puis encore en France. Pas une seconde de répit, pas un seul instant pour ses créations personnelles, son nanane.

«Arriver à travailler sur mes propres trucs est une grande récompense.» Joint au téléphone alors qu’il était attablé au Café du Centre de Saint-Nazaire dans les Pays de la Loire, Beaucage ne semble pas essoufflé. C’est le sourire dans sa voix qui marque.

Et pourtant.

Ce qu’il faut savoir, c’est que ce faste épisode dans sa vie de pigiste a en fait été précédé d’un grand chagrin juxtaposé au départ de son frère d’armes Simon Pedneault. Le EP Clair – qui sera lancé le 5 avril prochain et qui se veut le premier épisode du LP Clair/Obscur à paraître à l’automne – était prêt depuis presque deux ans. Josué s’apprêtait à entrer en studio à l’automne 2012 au moment où son étiquette de disque lui a coupé l’herbe sous le pied. Les Disques Nomade avaient transformé son espace d’enregistrement en un studio commercial offert en location. Il est reparti avec son stock et il a remercié Jace Lasek (The Besnard Lakes) qui devait réaliser l’album. Beaucage n’avait plus d’endroit pour brancher ses micros. «Ça m’a fait de la peine, mais ce sont encore des amis aujourd’hui. Who are you est encore lié avec eux pour le booking de spectacles», avouera-t-il comme pour éviter toute chicane. Impossible de douter de son honnêteté: c’est l’amitié sincère qui dicte ses associations professionnelles.

C’est d’ailleurs le cas avec son manager en France, un certain François Barbier qui lui prête généreusement son portable à l’occasion de cette entrevue avec Voir. «C’est un ami breton que j’ai rencontré à Québec, il avait dû partir pour des questions de papiers et j’ai cherché une façon de le revoir. C’est une belle histoire.» Fait intéressant: c’est aussi ce gars-là qui organise des tournées pour Tire le coyote et Millimetrik en France.

Est-ce de là que vient la fascination de Who are you pour la Bretagne? Celle qu’on devine par le titre Breizh qui signifie Bretagne en langue celte? Oui, absolument. En fait, cette tournée dans cette région leur aura inspiré leur premier (et seul) album complet. «La Bretagne a son identité propre par rapport à la France, comme le Québec dans le Canada. […] Les Bretons essaient de conserver leur langue, leurs paysages côtiers ressemblent à la Gaspésie et l’affichage y est bilingue, en français et en breton, un dérivé de la langue celte.» C’est cette cohabitation harmonieuse entre deux langues qui l’aura fait déculpabiliser pour son usage de l’anglais au profit du français dans ses chansons.

Des pièces qui, cette fois-ci, ont été composées lors du printemps érable. Une période charnière et fertile pour de nombreux artistes québécois, dont Josué Beaucage. «Je manifestais le soir et j’écrivais le jour. J’ai vu des choses très laides, mais aussi très belles. J’ai vu l’espoir. […] Je dirais que cet album est plus spontané dans les textes, il y a aussi plus de guitares dans le timbre sonore. Ça reste du Who are you, mais c’est plus brut. J’étais fâché au moment d’écrire ça et j’en avais aussi profité pour écrire Trap Trap, un duo avec Millimetrik. C’était un texte sur l’état de panique et je m’étais inspiré des salauds qui ne pensent pas aux personnes normales. J’étais dans le même état en écrivant l’album de Who are you.»

Clair (Indépendant), disponible dès le 5 avril via Bandcamp. En écoute intégrale sur voir.ca dès le 31 mars. 

Lancement le 5 avril à 21h au Cercle.