Owen Pallett : Sans peur ni reproche
Musique

Owen Pallett : Sans peur ni reproche

Sur In Conflict, l’imaginatif Owen Pallett ose… en demeurant lui-même.

Owen Pallett est un artiste de talent et un personnage fascinant jusque dans ses interventions médiatiques. S’il s’est montré particulièrement combatif lors de sa plus récente entrevue avec Pitchfork, le chanteur, arrangeur et violoniste était particulièrement candide quand on l’a joint au téléphone entre deux concerts de ses compatriotes d’Arcade Fire, toujours en tournée aux États-Unis.

«À vrai dire, il y a beaucoup de hauts et de bas», soupire-t-il en abordant le périple. «Les concerts sont très plaisants et les membres du groupe sont toujours aussi gentils, mais c’est également beaucoup de « voyagement » et beaucoup de temps loin de chez soi. De plus, c’est différent de jouer un petit rôle au sein d’une si grande équipe tout en étant un homme qui a l’habitude d’être responsable de la sienne. Alors, certains jours, je fais partie de quelque chose de très gros et ça me rend heureux. D’autres jours, je me sens plutôt seul.»

Dire que, l’année dernière, c’est cette même solitude qui l’inspirait à compléter In Conflict

Montréal, ville magique

Résident du 514 depuis l’année dernière, Pallett saluait sa ville d’adoption lors de ce fameux entretien avec Pitchfork en lançant que «toutes les villes sont des bourbiers sauf Montréal qui est fucking great».

Il faut dire que ce changement d’indicatif régional lui aura permis de finalement terminer In Conflict, après des sessions d’enregistrements torontoises marquées par un trop-plein de distractions sociales et même techniques. «J’habitais un coin où le courant électrique ne circulait pas très bien et qui était également très bruyant. De plus, comme c’était tout près des studios de MuchMusic, il m’arrivait de capter leurs ondes en enregistrant mes pièces! Dès que j’ai déménagé à Montréal dans un voisinage plus calme, j’ai finalement terminé l’album en à peine un mois! Boum! Terminé! Comme un tour de magie!»

En parlant de sorcellerie…

Exit la fantaisie et entrée sur scène de Brian Eno

En plus de quitter Toronto, l’artiste s’est aussi distancé du royaume de Spectrum mis en musique sur Heartland (2010), son album précédent. C’est d’ailleurs cet exercice de style fantaisiste qui lui aura permis de recruter l’illustre Brian Eno à titre de collaborateur pour In Conflict.

«C’est un fan de Heartland et il m’a déjà demandé de participer à un festival qu’il programmait. Comme il m’a dit qu’il a apprécié ma prestation, je lui ai proposé une collaboration lors d’une rencontre subséquente.» Musicien imprévisible, l’éminence grise n’a pourtant pas surpris Owen en studio. «Je m’attendais à ce qu’il amène quelque chose de brillant, mais aussi d’étrange et d’inattendu à ces chansons et évidemment, il a livré la marchandise!», lance-t-il avant de spécifier que son partenaire avait généralement carte blanche dans sa façon d’aborder les compositions originales. «Il s’est donc offert toute une séance de remue-méninges! J’ai dû faire le tri là-dedans par la suite.»

Là où In Conflict surprend davantage, toutefois, c’est dans ses textes.

Après s’être notamment inspiré de la diégèse de Dungeons & Dragons pour son premier album, Pallett étonne donc en refaisant surface sans concept ni botte secrète. «J’ai tout d’abord été inspiré à écrire des pièces du genre par John Darnielle des Mountain Goats et sa façon de tirer du matériel aussi beau d’expériences très personnelles», glisse-t-il avant de souffler que bien que cette sobriété lui ait demandé beaucoup d’efforts, celle-ci devient occulte une fois sur les planches. «Ces nouvelles chansons risquent d’être jouées comme mon groupe et moi interprétons le matériel précédent: comme si on l’enflammait!», s’exclame-t-il. «C’est très plaisant!»

In Conflict (Secret City) Disponible le 27 mai (*En écoute sur voir.ca dès le 19 mai.*)

En concert le 9 mai à La Sala Rossa

owenpalletteternal.com