18e édition de La Veillée de l'avant-veille : Jean-François Berthiaume garde le cap
Musique

18e édition de La Veillée de l’avant-veille : Jean-François Berthiaume garde le cap

Il est l’un des rares calleurs toujours actifs au Québec et s’efforce d’actualiser une tradition sans la distordre.

Jean-François Berthiaume est un artiste difficile à cerner.

Plus jeune, sa passion pour la culture hip-hop l’a mené à découvrir… les danses traditionnelles russes. En plus d’être calleur de profession – art rustique qu’on associe malheureusement qu’à La Soirée canadienne de nos jours –, le bonhomme est également musicien trad (évidemment!) et… artiste visuel! «C’est dans ma famille, tranche-t-il en abordant le trad. On vient du Richelieu. Mon père est accordéoniste. Mon grand-père est violoniste. Ça danse tous les jours de l’an chez nous.»

Actif au sein de trois projets trad – Réveillons!, Les Frères Berthiaume et Galant, tu perds ton temps –, Berthiaume précise que sa quasi-ubiquité s’inscrit davantage dans la nécessité que dans des ambitions démesurées. «Si j’étais dans un band qui fonctionnait très, très bien, probablement que je demeurerais dans celui-ci, mais comme les trois groupes roulent à mi-temps – parce que la musique traditionnelle, c’est surtout dans le mois de décembre, les Fêtes, etc. –, je suis dans les trois et ils vont bien ensemble.» Ainsi, Les Frères Berthiaume et Réveillons!, un quatuor inauguré avec son cadet David, alternent alors que l’ensemble vocal Galant, tu perds ton temps, lui, est actuellement en pause. «C’est plus Galant, t’allaites tout le temps, en ce moment!», lance-t-il, hilare, avant d’expliquer que trois des interprètes viennent d’avoir des enfants.   

Le 30 décembre, par contre, ça sera en compagnie du Vent du Nord qu’on verra Jean-François Berthiaume, alors qu’il «callera» une nouvelle édition de La Veillée de l’avant-veille.

Sortir des sous-sols d’église

Si le cours du temps et des tendances musicales a fait en sorte que le trad est presque une culture de niche de nos jours, Berthiaume ne s’en fait pas trop pour son genre de prédilection. «La nouvelle génération, ceux qui ont 20 à 30 ans et qui sont actuellement au cégep ou à l’université, disons, ne sait pas c’est quoi. Elle n’a pas connu ces soirées de danse, ni La Soirée canadienne… ce qui fait qu’elle est ouverte, elle n’a pas vraiment de préjugés et va tendre l’oreille ou tenter d’apprendre avant de se faire une opinion. La Veillée de l’avant-veille, c’est souvent des gens qui dansent pour la première fois et qui souhaitent découvrir leur patrimoine.»

Évidemment, le cours des jours a aussi fait en sorte que le calleur contemporain doit s’adapter. «Auparavant, le calleur dansait, parce que les veillées étaient chez les gens qui savaient déjà les pas, car les danses étaient plus populaires et régionales. Aujourd’hui, il est au micro sur la scène d’une salle louée parce qu’il doit être un peu plus pédagogue.» Ainsi, comme dans plusieurs autres corps, les calleurs qui se distinguent sont ceux qui sont les plus polyvalents. «Il faut maintenant connaître toutes les danses des régions du Québec, ajoute-t-il. Pour pouvoir faire le tour, pour donner une chance à tout le monde et pour montrer toute cette belle richesse!»

Poussant le rôle pédagogique d’un cran, Berthiaume ne se contente plus que d’instruire les danseurs sur les mouvements accompagnant la musique jouée. Ainsi, l’artiste hirsute tente de faire éclater le carcan Hé Domino, les femmes ont chaud! collant toujours à la pratique. «J’essaie de sortir de ça – les sous-sols d’église, les partys de bureau, etc. – pour en faire une expérience "actuelle"», explique celui qui, en février dernier, organisait une soirée au chic La Tulipe. «Plutôt que d’aller danser un samedi soir à la discothèque, pourquoi ne pas opter pour de la danse traditionnelle, tout simplement?»

Le risque des modes

S’il espère voir le trad et la danse réintégrer la culture populaire, Berthiaume n’est toutefois pas prêt d’introduire du dubstep à ses gigues, histoire d’être dans le coup. Loin de là, même. «C’est un intérêt que j’ai: ne pas déformer la tradition, être capable de l’actualiser sans la tordre, sans changer les bases de la musique et de cette danse-là, parce que se mettre à la mode fait en sorte que ça ne le sera plus à un moment donné. Il y a un risque à sortir de la track. Moi, je préfère garder le cap.»

18e édition de La Veillée de l’avant-veille avec Le Vent du Nord, Jean-François Berthiaume et invités: Le 30 décembre 2014 au Club Soda