Booka Shade : Musique non-stop
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Booka Shade : Musique non-stop

Booka Shade sera pour une rare fois de passage à Montréal. On en a profité pour faire le point avec l’engageant Arno Kammermeier, sympathique moitié du prolifique duo électro.

Malgré son indéniable popularité, le binôme électronique allemand Booka Shade ne nous a guère honoré de sa présence au cours des dernières années. «Ça fait tellement longtemps qu’on est venu que je ne sais plus quand exactement. Je dirais il y a peut-être huit ans dans un club nommé Juste Pour Rire? Et à un festival au bord de l’eau dont le nom m’échappe (Osheaga)», tente de se souvenir Arno Kammermeier, qui vient tout juste de débarquer aux États-Unis avec son complice Walter Merziger afin d’entamer la partie nord-américaine de cette petite tournée de cinq dates qui mènera Booka Shade à Montréal le 4 septembre à la SAT.

Dans la petite histoire de la confrérie techno/électro, Booka Shade n’est certes pas resté dans l’ombre. Le duo originaire de Francfort et basé à Berlin est responsable de plusieurs classiques incontournables dont Body Langage, Mandarine Girl et Love Drug pour n’en nommer que quelques-uns. Avec pas loin de trente singles, plusieurs remixes pour un grand nombre d’artistes et cinq albums dont l’excellent Movements de 2006, le duo teuton a réussi à se tailler une niche autant auprès des amateurs plus sérieux de musique électronique que des fans de EDM aux oreilles un peu plus aventureuses.

Booka show

Depuis ses débuts sur scène, le duo s’est fait un point d’honneur de créer des spectacles qui soient tout sauf statiques, devenant au fil des ans un des groupes électro les plus stimulants en concert. «Booka Shade est d’abord un groupe live. Nous sommes des musiciens, pas des DJ bien que nous nous prêtons au jeu de temps en temps, ça nous permet de tester quelques-uns de nos nouveaux morceaux. Mais nous ne serons jamais de vrais bons DJ, ce n’est pas notre truc même si on aime bien faire ça», souligne Arno Kammermeier.

«Pour cette nouvelle tournée nous avons débuté avec cinq spectacles de rôdage en Europe et là nous entamons la partie nord-américaine. Ce qu’on a tenté de faire pour ce spectacle est d’intégrer les meilleurs éléments d’un set de DJ à une formule live afin d’obtenir plus de spontanéité dans la sélection des morceaux que nous désirons jouer. Nous avons remixé 20 de nos morceaux de manière à leur donner un son plus frais et à travailler les enchaînements. Je trouve que ça nous garde éveillé, ça nous force à ne pas tomber dans la routine ou dans une certaine facilité», insiste le batteur et bidouilleur. «Nous mixons nos morceaux en direct sur scène à partir de nos ordinateurs et nous intégrons les instruments autour de la structure. Pour nous, c’est une autre façon de travailler et je pense que le public ressent l’enthousiasme et le plaisir que nous avons sur scène avec cette nouvelle formule. Walter se charge des claviers, des synthés, de plusieurs boîtes à effets et autres bidules et moi je me concentre sur la batterie électronique et quelques effets».

Post EDM

Étant actif sur la scène électronique depuis plusieurs années, nous avons demandé à Arno Kammermeier son point de vue sur l’état de la musique électronique en 2015. «Au début, quand les premiers morceaux sont apparus vers la fin des années 1980, tout cela était nouveau et frais; on sentait l’enthousiasme des créateurs. Avec le temps il y a eu pas mal de surplace, la musique avait tendance à se répéter, à ne pas évouer jusqu’à ce que quelque chose de nouveau apparaisse et que l’enthousiasme renaisse. Si tu regardes notre parcours, nous avons débuté minimal pour ensuite bifurquer vers un style plus électro-house avec des rythmes disco et une basse qui raconte une histoire, puis tech-house et deep-house aussi j’imagine… Ça bouge, ça évolue», théorise le musicien. «Je trouve que ce qui se passe actuellement en Amérique du Nord avec le mouvement EDM est très intéressant. Tu peux en penser ce que tu veux, que ça attire un public particulier, que c’est trop commercial, mais j’ai le sentiment que de tous les kids qui embrassent l’EDM aujourd’hui, plusieurs vont se lasser et aller voir plus loin. Ils ont peut-être été introduit à cette musique par David Guetta ou quelqu’un comme ça mais certains vont se demander d’où ça vient, qui a influencé Guetta, qu’est-ce qui a été fait qu’ils ne connaissent pas encore. Je trouve très intéressant ce que fait par exemple The Weeknd, pas les trucs plus r’n’b mais ses tracks plus sombres et lentes. C’est pareil au niveau des club tracks. Plein de kids n’ont aucun sectarisme. Ils se fichent de savoir que tel style ne se mélange pas à priori avec tel autre. Ils vont piger dans ce qu’ils aiment, house, pop, techno, hip-hop ou autre, ils vont mélanger tout ça et arriveront au final avec un son tout à fait nouveau et frais. Je ne suis pas un grand fan, mais le dubstep est un excellent exemple de ce genre de mélange. C’est très inspirant, ça te force à garder les oreilles ouvertes et ça te pousse à te remettre en question et à essayer autre chose toi aussi. N’est-ce pas Kraftwerk qui chantait Music Non-Stop

En spectacle le 4 septembre à la SAT