Retour sur le Gala MIMI 2000
Musique

Retour sur le Gala MIMI 2000

Retour sur le Gala MIMI 2000

Franchement, je n’avais aucune idée de ce qui nous attendait au Spectrum, dimanche dernier, lors de ce fameux Gala des MIMI. Allions-nous assister à un anti-gala destroy au max, ou à un gala straight à mort faute de moyens? En fait, c’est un peu à mi-chemin que se sera déroulée cette soirée dont les moments forts furent sans contredit les quelque onze performances musicales qui ont mis un peu d’énergie entre des remises de prix trop nombreuses, complètement bordéliques et assez frustrantes, compte tenu du fait que plusieurs récipiendaires n’étaient pas présents.

Il y a bien eu les frasques improvisées et les costumes du délirant Bruno Blanchet, les speechs revendicateurs de l’indomptable Pat K et les numéros de stand-up rentre dedans des M.C. anglos (Bla Bla Bla, Jake Brown et Alexis O’Hara); mais, au final, cet aspect de la soirée n’aura pas généré beaucoup de crampes à l’estomac (sauf celles que j’avais en attendant d’aller remettre le prix de l’album de l’année à la toute fin du gala…). Du côté des récipiendaires et des présentateurs, aucun scandale à l’horizon, mais parfois quelques commentaires bien sentis ont été entendus, relevant plus souvent qu’autrement du pep talk collectif, significatif du besoin de reconnaissance des scènes alternatives et indépendantes, dont les représentants (ainsi que le public) auront réussi à remplir le Spectrum. Coup de chapeau à Redcore qui ont, les premiers, déploré le manque d’ambiance général qui regnait depuis le début de la soirée, ainsi qu’à Patrick Masbourian qui a fait remarquer fort justement qu’il y avait «un ostie d’écran géant qui ne servait à rien» et avec lequel on aurait pu un peu mieux imager les nominations. Mais pour les déclarations de guerre à l’industrie établie et les revendications à l’emporte-pièce, il faudra repasser…

Côté prestations, ce sont Les Cowboys fringants qui ont dû casser la glace. Une opportunité qu’ils n’auront pas ratée, puisqu’ils en ont profité pour faire des extraits de quatre chansons en forme de medley. C’est ce qu’on appelle savoir se vendre… Sinon, je crois qu’on peut affirmer que les trois prestations qui ont provoqué un enthousiasme généralisé furent sans aucun doute celles de Ramasutra, Cryptosy et du combo Sans Pression/Muzion. Dans le cas de Ramasutra, le projet de DJ Ram, il s’agissait de sa première performance officielle, et croyez-moi, il a fait excellente impression. Entouré de plusieurs musiciens et d’une chanteuse, son interprétation de la pièce Marder mettait l’eau à la bouche par rapport à un concert futur. Quant à Cryptopsy, ces dignes représentants à l’étranger du métal extrême québécois, ils ont tout simplement mis tout le monde sur le cul grâce à une agressivité et une énergie à toute épreuve. Donnons la note de passage aux Vulgaires Machins; un prix de présence à Lilison et à Martha Wainwright, qui sont plus ou moins passés inaperçus; des méritas aux Projectionnistes pour avoir comblé les amateurs de musique compliquée, et aux Planet Smashers pour avoir terminé la soirée avec entrain et légèreté; et two thumbs up aux Abdigradationnistes pour leur délire poétique sur l’acide!

Joint le lendemain du Gala, Jean-Robert Bisaillon de la SOPREF, partenaire de Dan Webster de Greenland dans l’aventure MIMI 2000, faisait un constat lucide mais enthousiaste de cette semaine d’activités organisée, il faut le dire, en très peu de temps: «En gros, l’expérience a été positive, mais c’est certain que si on décide de le refaire, ça va nécessiter pas mal d’ajustements. La chose la plus positive à en tirer, c’est qu’on a réussi à réunir de façon non sectaire à peu près toutes les tribus actives sur le plan de la musique à Montréal. Je pense aussi qu’on peut se vanter qu’indépendamment de leurs allégeances industrielles, on a su respecter le travail de gens comme Lilison, Ramasutra, Mara Tremblay ou Muzion, simplement parce que leur musique est bonne. Quant à la réponse assez moyenne du public face aux showcases, je pense qu’il faut en tirer une leçon: ça prend beaucoup plus de temps à organiser, question de mieux préparer le terrain sur le plan de la publicité et de laisser fonctionner le bouche à oreille. Parce qu’il y a résolument assez de curiosité de la part d’un public suffisamment nombreux pour remplir un Cabaret ou un Jailhouse. Pour ce qui est du manque d’ambiance au Gala, c’est évident qu’il va falloir trouver une façon pour que ça dure moins longtemps; mettre davantage l’accent sur les performances live et moins sur les shows de micros; et trouver le moyen de transformer la formule du gala traditionnel. Ce sera surtout ça, le challenge, parce que moi, je ne veux pas le refaire comme ça.»

Les MIMI 2000 auront au moins permis à toute une panoplie de musiciens issus d’horizons divers de manifester ensemble leur droit d’exister, et, par la bande, de susciter une réflexion sur le rôle et les responsabilités d’une association comme l’ADISQ face aux musiques émergentes, qui ne pourra plus faire l’autruche très longtemps, au rythme où vont les choses… Et ça, c’est déjà un exploit!


MIMI 2000: Tous les gagnants

Album de l’année: The East Infection – Ramasutra

Artiste populaire: WD-40

Artiste solo: Mara Tremblay

Frontman de l’année: Marc Vaillancourt (BARF)

Artiste rock alternatif: Redcore

Artiste métal/industriel: Guérilla

Artiste hardcore: Overbass

Artiste hip-hop franco: Muzion

Artiste hip-hop anglo: Shades of Culture

Artiste ska/reggae: Planet Smashers

Artiste funk/urbain: Couch Potatoes

Artiste electronica: Khan Gourou

Artiste musique du monde: Lilison Di Kinara

Artiste avant-garde/actuel: Godspeed You Black Emperor!

Compilation de l’année: Viva Béru!

D.J. Electronica: DJ Mutante

D.J. Scratch: Kid Koala

Simple de l’année: Looking for Gabbio – GrimSkunk

Clip de l’année: Looking for Gabbio – GrimSkunk

Concert de l’année: GrimSkunk à l’île Sainte-Hélène

Chanson montréalaise: Island I’m from – Shades of Culture

Sonorisateur: Pierre Rémillard

Réalisateur de l’année: Haig V/Zoobone pour Mentalité Moune Morne de Muzion

Pochette de l’année: Mr. Swiz pour Y’a des limites à faire dur d’ArseniQ33

Le secret le mieux gardé: Mishima

Prix de la chevelure: Pascal Angelo Fioramore (Les Abdigradationnistes)

Prix de la tenue vestimentaire: QRN

Coqueluche du millénaire: Jane Hill (Bran Van 3000)

Inter-continental ballistic missile: Godspeed You Black Emperor!

Émission de radio de l’année: Faites d’la place (CISM)

Spoken Word: Manchilde

Fanzine de l’année: Kerozen

Site Web de l’année: www.hvweight.com

Affiche de l’année: Anso pour Fuck la loi des Flokons Givrés

à souligner

– Une soirée «non-pop-rock» (lire progressive) dans le cadre des Nuits Boréales du Cabaret, le 8 mars, avec les formations Hypnos, Oryzhein et Laizenzymes.

– La formation funk Skyjuice sera au Swimming, le 3 mars.

– Pour les amateurs de musique électronique ambient et expérimentale, i8u offrira une performance multimédia gratuite à la boutique de disques Noize (3697, boulevard Saint-Laurent), le 3 mars, à 20 h, en compagnie de la photographe Guylaine Bédard.

– Les formations Cartoon et Chiken Nugget seront au Jailhouse, le 5 mars.

– Les D.J. Mad Max et Elmo s’occuperont des platines du Jingxi, le 7 mars, à l’occasion des soirées I-Bass.