Je viens tout juste d’apprendre le décès de George A. Miller, le 22 courant.
Miller a été un des plus importants psychologues du XXe siècle et il est notamment l’auteur d’un des textes les plus cités de la discpiline, qui expose une des idées cruciales des sciences cognitives. Ce texte,intitulé: « The magical number seven, plus or minus two: Some limits on our capacity for processing information » fixe les limites de notre mémoire de travail à 7 plus ou moins 2 items.
Le texte avait été prononcé le 11 septembre 1956, date qui peut être donné pour celle de la naissance des sciences cognitives .
Ce jour-là se tenait en effet, au Massachusetts Institute of Technology, à Boston, une réunion de spécialistes sur la théorie de l’information à laquelle participent notamment, outre Miller (1920), Noam Chomsky (1928), et Herbert Simon (1916-2001). Miller y a lu son papier sur le « nombre magique », Chomsky y a présenté ses idées sur la linguistique générative et la grammaire formelle, qui vont révolutionner la discipline. Enfin, le dernier y a défendu le projet de simulation par ordinateur des processus cognitifs, qui est le fondement de l’ambitieux et influent programme de recherche en intelligence artificielle. Près de 50 ans plus tard, Miller racontera : « J’ai quitté ce symposium avec la conviction, plus intuitive que rationnelle, que la psychologie humaine expérimentale, la linguistique théorique ainsi que la simulation par ordinateur des processus cognitifs étaient les composantes d’un ensemble plus vaste et que l’avenir permettrait d’assister à l’élaboration et à la coordination progressives de leurs communs intérêts».
Miller fera bien d’autres travaux en psychologie (ce texte en rappelle quelques-unes) , mais cette idée de nombre magique reste un pierre de touche des sciences cognitives et je m’en suis beaucoup servi, comme bien d’autres — dans mon cas dans mes écrits en éducation.
Respectueuses salutations à ce géant.