Saison 2014-2015 : Record Guinness et sommellerie au Théâtre La Chapelle
Scène

Saison 2014-2015 : Record Guinness et sommellerie au Théâtre La Chapelle

De l’opéra actuel, des nouvelles technologies, de la sommellerie, des performances subversives de danse et de théâtre et même un record Guinness: c’est ce que propose le Théâtre La Chapelle en 2014-2015. Coup d’œil.

Le directeur artistique Jack Udashkin reste fidèle à la belle famille d’artistes iconoclastes qui se réunit depuis quelques années en ses murs et propose de retrouver des productions de Mobile Home, Eric Robidoux, Christian Lapointe et Jacques Poulin-Denis, mais aussi quelques nouveaux noms et des artistes belges en première montréalaise.

La famille

Habitué de La Chapelle, le brûlant metteur en scène Christian Lapointe propose rien de moins que d’y accomplir un record Guinness. Il tentera de lire en continu les 28 volumes constituant l’oeuvre d’Antonin Artaud. «La performance, qui sera aussi accessible en ligne en direct, sera l’occasion pour cet artiste iconoclaste d’embrasser totalement l’oeuvre complète d’un des auteurs majeurs du 20e siècle. Il se donne ainsi le défi de déclasser le népalais Deepak Sharma Bajagain, qui avait lu17 livres de 13 auteurs différents pendant 113 heures et 15 minutes entre le 19 et le 24 septembre 2008 .» La lecture débute le 23 mai 2015 et on ne sait pas quand elle se terminera…

Artiste associé de La Chapelle, le danseur Dany Desjardins y présentera Winnin’, «une tentative de con­trôle sur l’environnement immédiat: un anticlimax teinté d’hu­mour noir, un parcours parsemé d’imprévisibilités, une expéri­ence d’intimité, de dérision, de fuite et de plaisir». Le comédien et danseur Eric Robidoux revient dans un second solo, Topaze 86, qui fait suite à Concerto pour clavecin et chainsaw. Quelques semaines plus tard, Jacques Poulin-Denis présente Very (gently) crumbling, qui se présente comme «une étude, un test d’endurance, puisque la vie n’est au final qu’un certain procédé de détérioration. Un déclin ordinaire, en soi ni triste, ni heureux.»  Dans Wolf songs for lambs, Frédéric Tavernini s’inspire du «monde imaginaire de l’enfant, défini en psychologie par le paracosme; un monde régi par ses propres normes, avec ses êtres vivants, son langage et son histoire».

Steeve Dumas, Lucas Jolly et Nicolas Graar, de Mobile Home, seront sur scène du 13 au 24 janvier dans Et moi pourquoi j’ai pas une banane?, une transposition scénique d’un choix de bandes dessinées de l’auteur Copi. Jocelyn Pelletier et Edith Patenaude, eux, sont plutôt inspirés par l’œuvre de Brett Easton Ellis, «probablement le plus noir, le plus lucide, le plus pessimiste des auteurs contemporains américains». Leur spectacle Disparaître ici est à l’affiche du 31 mars au 4 avril 2015.

Mylène Mackay et Marie-Pier Labrecque, dont le spectacle Elles XXX a fait jaser cette saison, sont de retour en 2014-205 avec Je te vois me regarder, en collaboration avec la danseuse Victoria Diamond. Talisman Theatre sera aussi de la partie avec une première production anglophone de l’une des pièces corrosives de Fabien Cloutier, Billy (The days of howling). Emma Tibaldo est aux commandes.

L’artiste à surveiller

Hanna Abd El Nour est un nom encore méconnu, mais depuis qu’on a vu son adaptation toute personnelle de la Divine comédie de Dante, présentée dans une église de Québec sous le titre Imagination du monde, on le sait apte à créer un théâtre foisonnant, imagé et sans compromis, qui réfléchit au monde qui va mal, au retour du religieux dans la sphère publique et à la guerre incessante. Également connu comme conseiller dramaturgique de Christian Lapointe, Hanna Abd El Nour amène à La Chapelle son spectacle Nombreux seront nos ennemis, «une ode à la vie et à la mort, un salut et un adieu aux êtres chers, aux paysages du pays. C’est aussi une oeuvre de 27 poèmes et d’écritures intimes. C’est la mutation de milliers de paroles en tableaux vivants.»

Éclairage sur la Belgique

Trois productions en première montréalaise nous arrivent de Belgique. That’s it, un premier spectacle solo de Sabine Molenaar produit par sa propre compagnie, Sandman et qui sera présenté à la fin novembre, puis en février La vecchia vacca par Salvatore Calcagno de la compagnie garçongarçon et DTC (on est bien) par Ludovic Barth et Mathylde Demarez dela compagnie Clinic Orgasm Society.

Les nouveaux visages

Les comédiennes Ariane Castellanos et Nadia Essadiqi (cette dernière étant aussi connue comme chanteuse sous le nom La Bronze) proposent une première création intitulée Le cœur animal, «un concert rock pour danseurs-poètes où les mots et la bass se chamaillent un bout d’espace autour de deux bêtes.» Le comédien Julien Lemire accompagne Essadiqi sur scène.

Pour les pervers qui ne s’assument pas, mais surtout pour ceux qui savent que l’effeuillage est un phénomène qui dépasse de loin la stricte sexualité, le spectacle Les dévoilements simples (Strip-tease) de Félix-Antoine Boutin sera un must dela saison. V.H.S. en collaboration avec Création Dans la Chambre, vous invite à découvrir un laboratoire inusité explorant le strip-tease comme geste de dévoilement, de fragilité, de mue, de libération, de beauté. Plus d’une vingtaine de comédiens se dénuderont dans ce spectacle-événement.

Abordant un thème connexe, Nicolas Berzi vous invite dans son spectacle Peep-show «dans univers intemporel aux néons rouges et bleus, où le déshabillement et le déhanchement bien réels de la danseuse, seule dans sa cabine, découvre la nature de nos perversions et de nos angoisses».

Et quelques inclassables…

À la fin septembre, Rachel Burman présente son opéra actuel Notre Damn, qui met en scène met en scène les descendantes d’une ande de soeurs-renégates, parties de l’Angleterre à la fin u 19e siècle, sous prétexte de fonder une mission dans un pays lointain.

La compagnie Too Closeto the Sun fait dans la performance interdisciplinaire et crée des oeuvres en Australie et au Canada. La voici à La Chapelle pour présenter Of the causes of the wonderful things, «une installation théâtrale pour un auditoire limité». «Au coeur d’une atmosphère sombre, la pièce allie des tons de comédie noire de Faulkner à une esthétique gothique méridionale.»

Dans Obsolescence programmée, Nans Bortuzzo construit «une réflexion choré­graphique au confluent de la danse, de la musique et des arts visuels. Une expérience sensorielle complète où la perception du réel est modifiée».

Finalement, l’artiste vancouvérois David Macintosh mêle sommellerie et théâtre dans un spectacle étonnant, conçu pour le buveur curieux. «Bob’s Salon est une évolution de Bob’s Lounge, le véhicule de représentation d’improvisation long jeu mobile de sa compagnie Battery Opera Performance. Bob’s Salon invite des musiciens, des danseurs, des acteurs et le public dans une structure d’improvisation rigoureusement enivrée. Exploitant la formation de sommelier de McIntosh pour marier un alcool à une histoire, et fournissant des échantillons dudit alcool, le Salon propose un format unique pour considérer l’improvisation, la représentation collective et la beuverie.»