RIME : le chanteur Francis Faubert réagit
Alors que les communiqués émis par différents ex-partenaires et employés liés à la mésaventure RIME (cliquez ici pour plus de détails) – qui aura été malheureusement minée par les agissements d’un personne qui aurait arnaqué collaborateurs et municipalités participantes avant de disparaître – était, à ce jour, plutôt polis et laconiques, le chanteur folk Francis Faubert – qui a participé à la première mouture de la tournée – a changé la donne hier soir sur sa page Facebook. Ce qu’il qualifie de «montée de lait» s’avère être, en fait, un plaidoyer criant.
Comme plusieurs observateurs qui ont bien accueilli le RIME (après tout, l’objectif était noble : offrir des spectacles de qualité – combinant chanteurs émergents et des artistes établis de la trempe de Daniel Boucher – dans des localités souvent délaissées par les parcours de tournées traditionnels), Faubert débute en saluant l’entreprise qui, de son côté de la scène, lui aura permis de vivre de grands moments. «Du fun, on en a eu, on en a donné. Des fois, je me croyais au cœur des années 70, ou comme Gerry Boulet au dernier show d’Offenbach au Forum. Des frissons, des kilomètres, des sourires, un cachet garanti, de la bière cheap, des chambres d’hôtel où je dormais habillé, quand j’arrivais à me coucher. On a fini la tournée avec l’espoir que ça continusssse.» Puis, en bon conteur qu’il est, il enchaîne avec : « Jusqu’au message Facebook, un samedi matin : «Y’ a pu d’argent dans’ compagnie, ça se peut que tu sois pas payé… » Mon gérant a tendance à faire des jokes caves, je le croyais pas, j’trouvais ça vraiment trop niaiseux. Jusqu’à ce que le chèque rebondisse et que l’autre chèque n’arrive jamais.»
Par la suite, Faubert n’y va pas de main morte avec Nicolas Asselin, l’individu chapeautant le RIME, principal suspect dans l’affaire et, jusqu’à nouvel ordre, fugitif recherché. «Tit-coune, manipulateur, brasseux de vent, enculeur de mouches mortes, défricheur d’asphalte, chaman de gyproc… Une vie inventée pour attirer la sympathie de gens qu’il aurait aimé être. Un immense besoin d’attention, d’amour et de reconnaissance l’a peut-être conduit à décâlisser la vie de tous ces gens qu’il aurait aimé être.»
En attendant la suite de l’enquête, Francis Faubert aborde le quotidien des «floués» qui gardent contact « juste pour se voir, être ensemble, mesurer nos cernes, nos angoisses, voir la trail de nos larmes. On évalue, on juge, on gueule, on rit, on comprend rien.» Au-delà des pertes monétaires – «J’ai perdu 2000$ pis et peut-être un contrat de disque. C’est minime», note-t-il -, l’auteur-compositeur-interprète révèle une blessure beaucoup plus profonde, quoiqu’invisible : « J’ai perdu autre chose aussi de plus sérieux : la confiance, le recul, mes repères. J’ai gagné de beaux souvenirs et un cynisme aigri envers les certitudes. Qu’est-ce qu’on fait après? On s’essuie pis on recommence? Pas de solution, pas de recours, les artistes ne sont pas une priorité.» Faubert rappelle ensuite que, cruellement, la fraude présumée aura touché que des «petits joueurs» dans l’échiquier culturel. Des personnes et entitées sans grands recours et à qui on n’offre pas vraiment d’aide. «La fraude n’a pas joué dans les REÉR d’entrepreneurs, d’amis de ministres, de plumes pesantes. Juste les chèques de paie de techniciens, artistes et les fonds de petites municipalités qui ont toute la misère du monde à débloquer un budget pour la culture.»
Puis la finale uppercut : «C’est un peu comme quand un ouragan frappe un bidonville: Le gouvernement s’en câlisse, le monde aussi. Moi, je crois que l’identité d’un peuple passe par la culture. Si tu veux disparaître el’gros, c’est ben parti.»
Pour lire la missive complète de Faubert – et, pourquoi pas, offrir votre aide, cliquez ici.