Mini-Miss au Québec : Le web dit non
Société

Mini-Miss au Québec : Le web dit non

15 000 signatures en ligne en 24 heures.

Il ne s’agit pas du Manifeste pour un Québec inclusif  initié par Judith Lussier il y a quelques semaines, mais bien d’une pétition contre la tenue d’un concours Mini-Miss au Québec. Les instigateurs? La féministe Léa-Clermont Dion, l’économiste Ianik Marcil et le médecin Alain Vadeboncoeur.

«Je suis un peu émotif par rapport à ce qui se passe», affirme Ianik Marcil, l’un des trois instigateurs de la pétition, lancée sur le site web du Journal de Montréal. «En 24 heures, des gens qui se sont engagés en disant que ce n’est pas ça qu’on veut comme société, c’est assez touchant».

Les résultats immédiats se font déjà sentir. «Une source à l’interne me révèle que MusiMax a décidé de retirer Honey BooBoo et Toddlers & Tiaras de leur programmation et je peux dire avec certitude que c’est en rapport avec la pétition», soutient Léa-Clermont Dion. Cette activiste de 22 ans est une habituée des pétitions, ayant lancé la Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée, mais l’engouement dans ce cas-ci fut tout à fait surprenant.

Selon cette dernière, le succès de la campagne a dépendu des réseaux sociaux, des médias traditionnels et des personnalités qui l’ont appuyée (Véronique Cloutier et Guy A. Lepage, «pas des écolos de service», ont associé leur nom à la pétition), mais aussi, surtout, de la cause en soi: «Ce n’est pas polarisé. C’est unilatéral. Les gens sont tous en faveur du texte. Ça me surprend, je n’ai jamais vu ça,» affirme-t-elle. «C’est bien de ne pas accepter ce qui est, béatement. C’est bon de remettre en question.»

«Le sujet lui-même rejoint les gens», explique Ianik Marcil qui, dans ses interventions autour du Printemps érable et de l’industrie minière, n’a jamais vu un tel engouement pour une cause en si peu de temps.

Tandis que de nombreux liens nous dirigent vers des sites web qui dévoilent des informations sur l’état du sexisme dans le monde (des affiches contre la sollicitation dans la rue, un auteur refusant d’enseigner des livres de femmes à ses élèves, des femmes révélant les paroles humiliantes de leurs agresseurs sur des pancartes), il s’agit souvent de constater, moins d’agir. La pétition contre l’arrivée du concours des Mini-Miss a rendu le tout beaucoup plus actif: hommes et femmes ont partagé le lien pour récolter des signatures et ainsi contester la venue d’un concours qui valorise l’hypersexualisation des enfants dans des performances que certains qualifient de douteuses.

La France a d’ailleurs interdit la tenue de tels événements, contrairement aux États-Unis qui, Honey Boo Boo en tête de fil, multiplient les émissions et les concours qui amènent des filles à agir comme des poupées performantes devant des salles remplies de parents hyperenthousiastes.

Quant à la tenue éventuelle du concours, Léa-Clermont Dion aimerait réellement parler à l’organisatrice de l’événement, qui se défend en affirmant qu’il s’agit surtout d’un concours de personnalité et du fait que les filles âgées de trois ans et moins n’ont pas le droit de se maquiller. «Heureusement qu’elles n’ont pas le droit, ce sont des bébés!» lance Léa Clermont-Dion. «Mais même là, que des petites filles de quatre ans soient maquillées, c’est vraiment absurde». Les deux femmes auront-elles la chance de discuter? En tous cas, il semble y avoir eu une conversation assez brève qui a amené un consensus rapide au sein du web québécois. La conclusion? Pas de concours de Mini-Miss au Québec.

Erratum:  nous avions initialement mentionné une publication de la lettre dans le Devoir. C’était une erreur.