BloguesL'ORL

Le secret d’Histoire de feu

Mis en ligne sur YouTube il y a quelques jours, mais rapidement retiré à la demande de l’étiquette d’Arcade Fire, Merge Records, le film Histoire de feu de Vincent Moon serait la première mouture de Miroir Noir (2008), le long métrage impressionniste consacré au groupe et réalisé par Vincent Morisset.

Les deux Vincent (le vrai nom de Moon est Mathieu Saura) avaient d’ailleurs travaillé en collaboration sur Histoire de feu qui propose de nombreux segments aussi utilisés dans Miroir Noir, un bon 60%, peut-être plus.

Pour les membres d’Arcade Fire, Histoire de feu n’était qu’une proposition de montage refusée; une question de direction artistique semble-t-il. Difficile d’en savoir davantage puisque la relation s’est rapidement envenimée entre le clan montréalais et Vincent Moon, un conflit navrant qui aurait dû rester privé, mais que le cinéaste a dévoilé lors d’une entrevue avec le magasine torontois Eye Weekly. Les parties ne souhaitent pas revenir sur l’épisode. On les comprend.

Puisque la première moitié d’Histoire de feu ressemble passablement à Miroir Noir (prestations dans deux ascenseurs, messages laissés sur la ligne 1-866-Neon-Bible, images abstraites, en coulisses, en studio et en concerts), on peut effectivement croire que le groupe n’aimait pas le montage.

Toutefois, la deuxième moitié du film de 100 minutes se concentre sur l’histoire d’Arcade Fire, un récit remontant jusqu’au début des années 2000, avant même l’arrivée de Régine Chassagne au sein du groupe. Le narrateur Sean Michaels, aussi journaliste au Hour et blogueur (Said The Gramophone), revient sur un concert donné lors d’un concours (que le groupe a perdu) en 2001. Il aborde l’entrée en scène de Régine, l’enregistrement du premier EP, les nombreux changements de personnel, les conditions horribles des premières tournées. Michaels semble avoir vécu l’histoire de l’intérieur. Le point de vue est privilégié, éclairant. L’ascension du groupe y est bien documentée, chaque étape est accompagnée de nombreuses images d’archives parfois surprenantes: Win Butler, fraîchement débarqué à Montréal, interprétant Headlights Look Like Diamonds dans une salle minuscule. Vous saviez qu’il avait les cheveux bleachés à l’époque? Ben kin…

Jetant un peu de lumière sur les racines d’Arcade Fire, une période peu documentée jusqu’à maintenant, le long segment a délibérément été écarté de Miroir Noir, ce qui n’a rien d’étonnant vu le caractère protecteur et peu bavard du combo. Reste que pour le fan, Histoire de feu inclut un bonbon qui n’enlève rien au groupe, sinon un peu de mystique.

Est-ce que ces images redeviendront publiques? J’ose espérer que oui. Puisqu’elles appartiennent sans doute à la formation, le fan en moi rêve de les voir incluses au DVD immortalisant le spectacle donné l’automne dernier sur la Place des festivals, un événement filmé par une équipe de production embauchée par Arcade Fire. Mais voilà, spéculer sur les intentions d’un groupe qui a toujours fait à sa tête est un sport dangereux.

 ///

Comment les Barr Brothers se sont retrouvés à Letterman
Vous savez, si j’abandonnais un jour le métier de journaliste, je rêverais d’un job comme celui de Sheryl Zilikson. Chaque jour, Zilikson sélectionne les artistes en prestation au Late Show de David Letterman. Leur remarqué passage lors de l’émission la semaine dernière, les Barr Brothers le doivent à la dame qui a craqué pour le groupe folk montréalais lorsqu’elle l’a aperçu en concert à New York. Elle aurait même chamboulé le calendrier des performances pour accommoder la troupe de Brad et Andrew Barr. Fan de Wilco, Letterman a dû apprécier. Être dans les souliers de Zilikson, je contacterais maintenant les montréalais d’Amanita Bloom.