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Beaucoup de bruit pour rien

Beaucoup de bruit pour rien, à la causerie sur l’avenir du théâtre québécois ce weekend, dans le cadre du festival littéraire Metropolis Bleu. Une petite heure ne suffisait pas, hélas, à venir à bout de cette question litigieuse, pourtant magistralement évitée et contournée par les invités de Winston McQuade. Les questions soulevées par l’animateur étaient pourtant directes et précises, contrairement à ce que laissait présager le titre plutôt évasif de la discussion (Quel avenir pour le théâtre québécois?). « Le milieu théâtral est-il assez critique envers lui-même ?», demandait-il d’entrée de jeu, s’appuyant sur les propos tenus par Evelyne de la Chenelière  dans la revue Argument (je vous en parlais moi-même ici).  Justin Laramée, Suzanne Lebeau et Jean-Claude Germain semblaient s’entendre pour répondre non à cette question, mais la discussion a vite bifurqué vers d’autres sujets : le caractère rigide de nos institutions théâtrales, la place du texte dramatique dans la  création québécoise, les difficultés financières des jeunes compagnies, l’histoire du Théâtre d’Aujourd’hui et la question de l’effritement du public (contribution du très volubile Jean-Claude Germain), le sempiternel débat autour de la langue de théâtre (français normatif ou langue québécoise?) et même le rôle de l’auteur et du metteur en scène dans une production… ! Evelyne de la Chenelière, grande absente (elle était retenue par un tournage), aurait peut-être su ramener la conversation au sujet de départ. Je me plais à le croire.

Bon. Il s’est quand même dit certaines vérités qui valent la peine d’être soulignées. Je vous laisse sur trois citations éclairantes, que je vous invite à commenter si le cœur vous en dit.

Justin Laramée, à propos de la complaisance du milieu théâtral :
« On n’a pas le choix d’être gentil avec tout le monde. Pour un jeune auteur comme moi, qui a quand même gagné un prix et obtenu une reconnaissance critique, réussir à faire jouer un de mes textes par une institution demeure presqu’une utopie. Je ne suis pas en posture de porter un regard critique sur les autres, je dois aimer tout le monde pour me faire une place au soleil. Il faudrait effectivement se débarasser de ce climat là. »

Suzanne Lebeau, à propos de la scène montréalaise en général
Je n’aime pas tout ce que je vois sur nos scènes moi non plus. Je crois que les artistes devraient aller au bout  de leurs propositions, j’ai de la difficulté avec les projets inachevés.

Justin Laramée, à propos du manque d’exigence du public de théâtre montréalais
«Les gens cultivés à Montréal, les jeunes adultes à l’affût de l’ébullition, ceux qui courent les expos et sont branchés sur la création contemporaine, ils ne vont pas au théâtre. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est vraiment un art qui ne les intéresse pas.»

 

Sur le montage photo, de gauche à droite: Winston McQuade, Justin Laramée, Suzanne Lebeau et Jean-Claude Germain