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Avignon 2009: Dave St-Pierre en version Cloître

Il s'est produit quelque chose de l'ordre d'une libération hier soir au Cloître des Célestins. Disons qu'Un peu
de tendresse bordel de merde
arrivait à point nommé, après toute une série de
pièces sur la guerre et quelques ratages qui ont laissé les spectateurs sur
leur faim (et en proie à l'épuisement). Ciels, de notre bien-aimé Wajdi, est malheureusement du
nombre, comme Les cauchemars du gecko, une pièce de Jean-Luc Raharimanana dont
je vous épargne les détails. Bref, la joyeuse bande de Dave St-Pierre, armée de
son irrévérence et de son énergie décapante, avait tout pour brasser la cage et
redonner du souffle au festival.

Les défauts de notre «enfant terrible» seront assurément relevés par la critique, de même que ses (trop grandes) affinités avec plusieurs chorégraphes européens que tout le monde connaît bien par ici, mais l'accueil du public de la première a été chaleureux et senti. Presque personne n'est sorti de la salle, ce qui est déjà bon signe, et les applaudissements ont vivement déferlé. Bon, on ne peut pas toujours s'y fier, mais les réactions du public pendant la représentation, elles, ne trompent pas. La maîtresse de cérémonie, incarnée par une Enrica Boucher en pleine forme et de plus en plus à l'aise dans l'improvisation, a fait un tabac, comme la horde de fausses blondes en costume d'Adam. Le public d'Avignon, visiblement étonné par la manière brutale qu'a Dave St-Pierre de briser le quatrième mur, a manifesté bruyamment sa surprise. On apercevait bien quelques visages réticents ici et là, et quelques interprètes m'ont confié n'être pas certain d'avoir séduit tout le monde. On peut néanmoins parler d'un succès public.

Un peu de tendresse en plein air, sur la magnifique scène du Cloître des Célestins, c'est aussi une expérience nouvelle. Interprétées devant et derrière de somptueuses arches médiévales, les chorégraphies paraissent encore plus romantiques qu'elles ne l'étaient déjà. Côté cour et jardin, les deux superbes platanes ont été intégrés à certains numéros et donnent du relief à la pièce. «Je voudrais faire le show sur cette scène tout le temps», m'a dit David Laurin, emballé par l'expérience. Il m'a pourtant semblé que certaines montées dramatiques perdaient en puissance, peut-être étouffées par les rafales de vent ou dissipées dans l'air ambiant, qui sait.

Quoi qu'il en soit, «ça valait le coup de refaire deux mois d'entraînement physique et de reprendre les répétitions pour ces cinq représentations», m'a glissé un Alexis Lefebvre épuisé mais content. Il faut dire que le spectacle n'avait pas été joué depuis un bail, mais que si tout va comme prévu, il devrait se promener un peu en Europe cet hiver. Gageons que ce passage à Avignon aura alerté quelques diffuseurs français, qui connaissent encore assez mal le travail de Dave St-Pierre et voudront peut-être rattraper le temps perdu. Je vous parle de la réception critique demain, et vous laisse sur quelques photos révélatrices.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Crédit photo: Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

 °°Philippe Couture est invité au festival d’Avignon avec le soutien de l’Office franco-québécois pour la jeunesse.