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Avignon 2009: Critiques enthousiastes pour Dave St-Pierre

Les premières critiques des représentations avignonnaises d'Un peu de tendresse bordel de merde viennent de paraître, en plus petit nombre qu'attendu. Nuancées mais enthousiastes, elles vont sans aucun doute contribuer à la notoriété grandissante de Dave St-Pierre en France. Je vous en offre un petit résumé.

Il y a d'abord la presse locale, très emballée, qui n'hésite pas à employer des formules-choc. «Un squat sans tabou qui devrait être LA sensation de cette fin de Festival», lit-on dans La Marseillaise. C'est «une énorme, irrésistible déferlante», ajoute le quotidien La Provence.

Critique également très positive dans Libération. Le journaliste René Solis souligne les «vertus rafraîchissantes du spectacle» et, s'il décrit longuement les séquences clownesques du spectacle, il convient que la pièce «ne vise pas que le rire caca boudin» et que St-Pierre «excelle dans le changement de ton, alternant grand guignol, second degré trash et moments d'harmonie qui frisent la gravité.» Et il nuance encore. «Le spectacle, dit-il, semble forcer sa nature pour aborder misère, solitude et autre incommunication comme des passages obligés».

On se doutait bien qu'aux yeux des critiques français, les frasques de St-Pierre auraient de tristes airs de déjà-vu. Jean-Pierre Léonardini, de l'Humanité, le mentionne, mais n'en fait pas de cas. «Les couples se livrent à une danse rude, sans merci, où l'on se prend et se jette, dans un ressassement névrotique du geste violent qui, pour n'être pas neuf, n'en garde pas moins toujours un intérêt frappant.» Sur le blogue d'Armelle Héliot (Le Figaro), on lit que «la chorégraphie doit la base de sa syntaxe chorégraphique à Pina Bausch.» Mais ici encore, ça ne cause pas problème, c'en est même «hallucinant. On est au-delà de la citation-hommage, ajoute Héliot, du côté de la redite fardée d'une énergie plus brutale. Telle quelle, la pièce amuse, émeut -c'est triste souvent- et la vitalité des neuf filles et neuf garçons lancés sur le plateau force la sympathie.» Retour à l'Humanité, dont la critique se termine sur une note fort encourageante: «Au train où vont les choses, il n'est pas impossible que la première venue à Avignon de ce gaillard qui n'a pas froid aux yeux constitue une manière d'événement, pour peu que ses facilités ne noient pas le poisson d'un grand talent au bout du compte.»

Quoi qu'il en soit, je ne cesse de croiser des spectateurs complètement soufflés, littéralement rafraîchis par l'énergie brute et la puissance dramatique du spectacle, encore hilares de tant d'impudeur clownesque. Si quelques-uns n'y voient qu'un condensé de clichés ou une pâle réplique des œuvres de Pina Bausch et Wim Vandekeybus, la plupart des gens que j'ai croisés s'entendent pour dire que Dave St-Pierre donne une nouvelle dimension aux figures chorégraphiques inventées par ses prédécesseurs, ou à tout le moins, qu'il en propose une version plus rude et plus masculine, au service d'un nouveau propos. Il va falloir suivre de près la carrière du spectacle en France, car ça promet.

 

°°Philippe Couture est invité au festival d’Avignon avec le soutien de l’Office franco-québécois pour la jeunesse.