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Ivo Van Hove enfin au Québec

Au pré-dévoilement de la programmation du Festival
Trans-Amériques (FTA), la directrice artistique Marie-Hélène Falcon disait, à
propos des Tragédies romaines d'Ivo Van Hove, que «c'est du très grand théâtre.»
«En sortant de cette pièce je n'ai pas réfléchi une seconde et décidé de la
faire venir à Montréal. Shakespeare n'aura jamais été autant de
notre époque. Les mécanismes du pouvoir y sont dévoilés de manière
saisissante, dans un environnement médiatisé où le spectateur se
déplace à son aise, observe l'action en sirotant un verre au bar
ou en vérifiant ses courriels. Les acteurs sont époustouflants,
surtout dans la troisième pièce, Antoine et Cléopâtre.» La pièce, à l'affiche
du Monument National du 28 au 30 mai, sera aussi présentée dans le cadre du
Carrefour international de théâtre de Québec les 4 et 5 juin.

Je voudrais ici insister. Les Tragédies Romaines, dont j'ai
vu plusieurs extraits vidéo depuis sa création en 2007, s'annonce comme un
événement grandiose. Il suffit d'aller lire les critiques et l'abondance de
commentaires qu'a généré ce spectacle composé de trois tragédies
shakespeariennes (Jules César, Coriolan, Antoine et Cléopâtre) pour en
découvrir l'ampleur. Presque sans exception, les spectateurs ont été fascinés
par sa scénographie colossale, multi-écranique, prodigieuse, où le spectateur
est libre de se déplacer à son aise et d'observer la scène de l'angle qui lui
convient (y compris en s'installant directement sur scène), ou par le média de
son choix. La critique souligne également la justesse du regard que pose Ivo Van
Hove sur les médias et leur influence sur le pouvoir politique. Même sur vidéo,
sans la liberté du regard et sans la réelle intensité des acteurs, la pièce
captive. J'en témoigne.

J'ai aussi très hâte de voir la troisième partie, Antoine et
Cléopâtre
, qui constitue encore pour plusieurs critiques européens une énigme.
C'est qu'il s'y produit une étrange rupture de ton. Le public est invité à
cesser de déambuler pour reprendre un siège et observer attentivement la mort
des amoureux, jouée de manière bien plus sentimentale et passionnée que le
reste du spectacle. Il se produit littéralement un déplacement du politique à l'intime.
De manière tranchée et totalement inattendue. C'est le genre d'énigme à
laquelle je me ferai une joie de réfléchir. Vivement le mois de mai.