Combien de pétrole a-t-on découvert à Anticosti, au juste? Si vous avez suivi l’actualité, vous me parlerez sans doute de 40 milliards de barils, dont 30 sur les lots attribués à Pétrolia. Vous me parlerez peut-être aussi des 400 milliards $ que cela doit rapporter, du problème des redevances, de la fracturation hydraulique….
Mieux vaut oublier tout cela. Parce qu’en réalité, aucun pétrole exploitable n’a formellement été découvert à Anticosti. Aucun. Pas une goutte. Tous les derniers forages de Pétrolia étaient secs. S’il y a du pétrole – et nous le verrons, c’est loin d’être certain – personne ne sait où il se trouve, Pétrolia pas plus que les autres.
Tout cela est écrit noir sur blanc, dans un dossier remis aux actionnaires de Pétrolia, le fameux rapport Sproule, publié en 2011. Mais encore faut-il se donner la peine de le lire. Prenant leurs désirs pour des réalités, journalistes, économistes et politiciens ont confondu un potentiel très théorique pour des ressources confirmées et se sont mis à vendre la peau d’un ours qui, non seulement n’a pas été tué, mais qui en plus n’existe vraisemblablement pas.
Comment se forme le pétrole
Pour comprendre la suite de cette chronique, il faut ouvrir une parenthèse. Pour qu’on trouve du pétrole, il faut que trois conditions soient réunies. D’abord, il faut une accumulation de sédiments riches en matière organique. Ensuite, il faut que ces sédiments séjournent longtemps à une profondeur de 2 200 à 3 800 mètres. Et enfin, il faut un « couvercle » de roche étanche pour retenir le pétrole, qui tend naturellement à s’infiltrer vers la surface.
Le rapport Sproule : pas lu et mal compris
Les chiffres farfelus qui ont été avancés découlent d’une mauvaise lecture d’une étude géologique réalisée en 2011 par Sproule, une firme de Calgary. Cette étude a été correctement réalisée, mais à partir de données limitées. Tout ce que les géologues y constatent, c’est que le sous-sol d’Anticosti renferme des roches avec la teneur voulue en matière organique et que dans le passé, elle a été enfouie à la profondeur voulue pour que la transformation en pétrole ait lieu.
C’est en multipliant cette teneur en matière organique par le volume de roches que l’étude en arrive à cette « meilleure estimation » de 30,9 milliards de barils de pétrole « initialement en place». Mais est-il toujours là? Les forages n’ont encore permis de localiser aucun pétrole. Les auteurs du rapport multiplient les mises en garde : « Il n’existe aucune certitude qu’une partie de ces ressources puisse être découverte (…) Il n’existe aucune certitude qu’une partie de ces ressources puisse être commercialement exploitable. »
Mieux encore : « Cette estimation du pétrole initialement en place a été classée comme ressource non découverte parce que les essais n’ont encore permis de prélever aucun pétrole ou gaz des schistes de Macasty et parce qu’on déduit l’existence de la ressource principalement sur la base d’une interprétation pétrochimique (…) Il est prématuré de spéculer si la formation de Macarty contient ou non des ressources, récupérables ou non. » Les auteurs soulignent plus loin que l’étude « est basée sur l’interprétation et l’extrapolation de données très limitées et non significatives du point de vue statistique. » On ne saurait être plus clair.
D’où vient le mythe des milliards d’Anticosti, alors? Il semble avoir pris forme autour d’une note de l’Institut économique de Montréal, « Les avantages de la production pétrolière au Québec », publiée en avril 2012. L’auteur prend le chiffre de 40 milliards de barils (total combiné pour Pétrolia et Junex) et tient pour acquis qu’au moins 10 % de ce pétrole non-découvert est exploitable. Il multiplie ça par le prix du baril, 100 $, et voilà : 400 milliards de dollars – basés sur du rêve. Journalistes et politiciens ont flairé la bonne affaire et n’ont pas cherché plus loin.
Or, ce chiffre « prudent » de 10 % est grossièrement exagéré et souligne la totale incompétence de l’IÉDM en matière de pétrole. En fait, selon l’ingénieur pétrolier Jean Laherrère, la quantité de pétrole exploitable représente en moyenne 0,5 % seulement du pétrole produit par la roche-mère. Ce chiffre atteint 1,4 % dans les très riches gisements de l’Arabie, mais seulement 1 % pour la mer du Nord, 0,8 % pour le Trias saharien, 0,5 % pour le delta du Niger, 0,4 % pour le Gippsland et 0,2 % pour le bassin de Paris.
Y a-t-il toujours du pétrole à Anticosti?
On me rétorquera que 0,5 % de 40 milliards de barils, ça fait toujours un joli pactole de 20 milliards $. Oui… à condition que le pétrole soit toujours là, quelque part. Or, rien n’est moins certain. En fait, il y a de bonnes raisons de croire que si jamais il y a eu du pétrole à Anticosti, il est depuis longtemps disparu.
J’ai fait relire l’étude Sproule par Bernard Durand, un géologue et géochimiste spécialiste des mécanismes de formation de pétrole et de gaz qui a publié plus de 100 articles scientifiques et six livres en 35 ans de carrière. Il voit deux obstacles majeurs à la présence actuelle de grandes quantités de pétrole à Anticosti.
D’abord, écrit-il, « l’histoire thermique du site montre qu’il y a eu un enfouissement important jusqu’à la fin du Permien. Les hydrocarbures se sont donc surtout formés pendant cet enfouissement, et les gisements ont probablement disparu à cette époque. Le deuxième enfouissement au cours du Crétacé est faible et n’a pu provoquer la formation que d’une quantité beaucoup plus faible d’hydrocarbures. Statistiquement, il est rare d’avoir conservé des gisements importants issus d’une roche-mère ordovicienne ou silurienne pour ces raisons. » Autrement dit, le secteur a connu une forte érosion il y a 250 millions d’années. L’abondant pétrole qui s’y trouvait a donc été perdu… longtemps avant l’apparition des dinosaures!
Et même s’il s’est formé un peu de pétrole depuis, ajoute monsieur Durand, « la figure 4 montre une coupe schématique de la région explorée, qui est monoclinale. Il semble que les réservoirs ne puissent être que de petites dimensions, réservoirs stratigraphiques ou contre failles, pour autant que les failles préexistent à la formation du pétrole. » Bref, le pétrole a pu lentement s’échapper vers la surface en suivant les strates rocheuses en pente douce, qui présentent peu d’obstacles où les hydrocarbures auraient pu s’accumuler. « L’Arabie du Nord » en prend pour son rhume!
La stratégie de Pétrolia
Même si des découvertes importantes paraissent peu probables, de plus petits gisements restent possibles. Le jeu de Pétrolia, comme de toutes les petites entreprises d’exploration, consiste à bien faire valoir ses petites découvertes, pour convaincre ses actionnaires d’investir un peu plus dans la recherche : après tout, le gros lot se trouve peut-être au fond du prochain puits!
Mais en fait, la plupart des entreprises ne trouvent jamais rien d’important et pour les actionnaires, un seul gros lot compense pour dix espoirs déçus. Au Texas, où sévissent des dizaines d’entreprises de ce genre, personne ne ferait attention à Pétrolia. Au Québec, où l’expertise est rare et où il existe des liens entre la recherche minière et l’État, le gouvernement a succombé à la pensée magique et croit être sur le point de décrocher un pactole.
En faisant miroiter ses milliards imaginaires, Pétrolia a su convaincre Québec d’investir dans une exploration aux résultats, en fait, bien incertains. Toute cette aide financière et ces incitatifs fiscaux se justifieraient peut-être, si la ressource était abondante. Mais dans un domaine aussi spéculatif, la vraie ressource à exploiter, c’est la crédulité du gouvernement. Tandis qu’il rêve de ses futurs pétrodollars, les fiscaux-dollars dont il arrose Pétrolia sont bien tangibles, eux.
Sources :
Rapport Sproule
Les avantages de la production pétrolière au Québec (Institut économique de Montréal)
Bonjour M. Gauthier,
Quels sont vos sources d’analyse ? Quelle formation avez-vous ?
En lisant les document sources, je crois saisir le contraire de vos dires ?
Bonne journée
En fait, je me base sur le rapport Sproule lui-même, qui souligne page après page comment le chiffre préliminaire de 30 milliards de barils est basé sur des données insuffisantes et statitiquement non significatives. Le degré de certitude de ces 30 milliards de pétrole «initialement en place» n’est que de 50% et rien ne permet de conclure qu’il est toujours là.
Le rapport Sproule, tout comme la documentation de Pétrolia, n’a jamais fait mention de réserves réelles, concrètement localisées. Il est classique que les observateurs non-avertis confondent «ressources» (hypothétiques) et «réserves» (confirmées par de nombreux forages), mais on n’en est pas encore là: selon les géologues de Sproule, on ne parle pas encore de découverte. L’Association canadienne des producteurs de pétrole ne considère pas non plus Anticosti comme une découverte – il y a encore bien des étapes à franchir. Faut savoir regarder à côté du tableau et lire le texte!
Pour ce qui est de mes compétences, j’ai de nombreuses années d’expérience en journalisme scientifique, j’ai beaucoup fouillé les questions énergétiques et je me suis entouré de deux géologues pétroliers de réputation mondiale pour valider les faits.
Pour ceux qui lisent l’anglais, je publie ici les mises en garde des auteurs du rapport Sproule au complet. Il est clair que l’usage qu’on a fait de ces données jusqu’ici au Québec dépasse de loin les intentions des géologues.
These estimates of total petroleum initially-in-place have been classified as undiscovered resources, because :
• no oil or gas has yet been recovered from the Macasty shale through testing, and
• the resources are inferred to exist based primarily on petrophysical interpretation.
Further, until an appropriately researched project has been undertaken to identify and
evaluate potentially recoverable volumes, it is premature to speculate whether the
Further, until an appropriately researched project has been undertaken to identify and
evaluate potentially recoverable volumes, it is premature to speculate whether the Macasty contains recoverable or unrecoverable resources.
Note that the resources have been reported as barrels of oil equivalent because there is uncertainty regarding the type of hydrocarbon expected to be present within the Macasty shale across the island. The PCCh well, which encountered residual oil in the Macasty core, lies on the high side of the Jupiter fault, where the shale is interpreted to have been within the oil window. South of this fault, the Macasty shale is interpreted to have been within the gas condensate window; however, no hydrocarbon has been reported from the Macasty in this area. As a result, the resource volumes have been reported as barrels of oil equivalent.
Because they are based on the interpretation and extrapolation of very limited, statistically insignificant datasets across the entire island, these resource estimates must be treated as scoping-level estimates and, as such, must be used with caution. Use of these estimates outside the scope of this study is not appropriate.
The value in conducting such an assessment lies purely in its use as a basis for determining whether it appears worthwhile for the Companies to conduct further investigation into these resources and, if so, to assist in the identification of the types of data to be acquired and the definition of a work program with which to acquire them. Such investigations are beyond the scope of this report but are expected to include the drilling of a vertical Macasty well, coring the entire shale section, conducting state-of-the-art core analysis, acquiring state-of-the-art well log data and, if warranted, a completion within the shale. If vertical well results are encouraging, a second phase would likely involve the drilling and completion of a horizontal test well.
Merci de ces précisions importantes.
J’apprécie votre attitude positive à une question qui pouvait sembler agressive, même si elle ne l’était pas.
Il est normal qu’on se méfie un peu des affirmations qui sortent de l’ordinaire, c’est un réflexe sain. Vous étiez justifié de demander quelques précisions.
Bonjour M. Gauthier
Je rédige un mémoire pour la consultation publique de la commission énergétique du Québec et j’aimerais utiliser le premier graphique en couleur qui explique la formation du pétrole.
Pourriez-vous me fournir la source?
Merci!
P.S. Je suis géologue de formation et j’étais présent sur place lors de la conférence de presse du dépôt de la pétition contre l’exploitation de pétroles de shale à Anticosti…
P.P.S. Un de mes professeurs de l’université Laval en géologie sédimentaire était aussi pétrologue et un des premiers à présenter des rapports d’analyse de terrain faisant ressortir un important potentiel pétrolier non conventionnel dans toutes les basses terres du St-Laurent…
Ce graphique sera trouve à la fin du rapport Sproule, dans les annexes. Le lien vers ce rapport en indiqué à la fin de mon texte.
J’oubliais le lien vers la consultation publique: http://consultationenergie.gouv.qc.ca/
Non, je parlais du graphique en français qui résume la formation du pétrole…
Le rapport est en anglais, il n’y a aucun graphique français dedans…
Merci!
Oh, celui-là! Je l’ai créé moi-même, c’est pour ça que les éléments graphiques sont très simples… Si vous voulez l’utiliser pour votre présentation, pas de problème!
Monsieur Gauthier,
J’aurais apprécié que vous rendiez justice correctement à deux personnes qui, bien avant vous, ont pris connaissance du rapport Sproule, donné l’heure juste et « déboulonné » Anticosti :
– Marie-Hélène Parant – « Déboulonner Anticosti » [http://bit.ly/197nO7Q]
– Marc — et non « Bernard » — Durand « Les hypothétiques gisements d’hydrocarbures non conventionnels au Québec : risques et enjeux » [http://bit.ly/1aFlKGe].
Vous mentionnez sans doute que vous avez «fait relire l’étude Sproule par « Bernard » Durand» — le spécialiste en génie géologique l’avait déjà lue pour l’avoir citée et prise en compte dans ses écrits antérieurs au vôtre — mais vous omettez de référencer ne serait-ce que la liste pertinente de ses publications sur Anticosti colligées en un seul court article récent diffusé ici [http://on.fb.me/1djcUir].
Cette lacune que je viens de combler ne vous enlève en rien le mérite d’avoir ressorti cette affaire empoisonnée…
On ne parle pas du même monsieur Durand, ici. Bernard Durand est un expert français de réputation internationale. Il n’a pas écrit spécifiquement sur Anticosti, mais la plupart de ceux qui l’ont fait sont à l’emploi de Pétrolia, de Junex ou de Corridor. Bernard Durand a le mérite d’être totalement indépendant dans ce dossier. J’ai aussi lu les travaux de Marc Durand avec intérêt, mais il m’a semblé surtout se concentrer sur le coût prohibitif d’une éventuelle exploitation – opinion que je partage avec lui. L’approche de madame Parent diffère sensiblement de la mienne; elle souligne à juste titre qu’aucun pétrole n’a encore été trouvé à Anticosti, mais le reste de son texte laisse sous-entendre qu’on en trouvera peut-être, ce dont je doute personnellement.
à Monsieur Bélanger et à l’auteur Philippe Gauthier. Tout d’abord à ne pas confondre: Marc Durand ingénieur-géologue (moi-même) et Bernard Durand géologue sommes deux personnes bien distinctes.
L’auteur du texte ici Philippe Gauthier ne m’a pas consulté moi et ne semble pas connaitre mes analyses. Il réfère bien à Bernard Durand, qui est spécialiste de géologie et de géochimie pétrolières et a occupé plusieurs postes relié à ce domaine (Institut Français du Pétrole entre autres).
J’arrive personnellement à des conclusions similaires à propos d’Anticosti, mais dans une analyse différente (www.facebook.com/PetroleDeRocheMere) qui porte sur le potentiel de pétrole de roche-mère par fracturation hydraulique. L’analyse que fait Bernard Durand du rapport Sproule, telle que relatée ci-dessus, semble plutôt porter sur les faibles probabilité de trouver à Anticosti des gisements conventionnels. Je suis entièrement d’accord avec les conclusions de Bernard Durand.
Je n’ai pas encore lu le rapport Sproule, mais après l’avoir rapidement parcouru, il m’avait aussi semblé ne faire aucune mention de pétroles de shale…
En fait, le rapport se concentre sur une couche géologique précise, le schiste de Macasty. Sa teneur originale en matière organique était élevée (de l’ordre de 4% en moyenne) et Pétrolia espère que son caractère cassant et friable va faciliter une éventuelle extraction. Mais le nombre de forages d’exploration est très limité et jusqu’ici, ils sont tous secs.
Merci Monsieur (Marc) Durand ! Dont acte, en rappelant les coordonnées de votre mémoire déposé le mois dernier à la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec que j’ai lu avec grand intérêt :
« Les hypothétiques gisements d’hydrocarbures non conventionnels au Québec : risques et enjeux » [http://bit.ly/1aFlKGe].
Je rédige également un mémoire : « Réels enjeux économiques et sociaux des impacts et de la durabilité de la stratégie énergétique du Québec ».
J’y démontrerai l’impossibilité technique, technologique et économique d’explorer et d’exploiter les ressource fossiles selon le modèle de développement durable. Il démontrera aussi que le gouvernement du Québec est en contradiction avec lui même concernant sa loi de 2006 citée dans le rapport final EES2.
Intéressant. Je serais curieux d’y jeter un coup d’oeil.
Si vous voulez, je vous l’enverrai lorsqu’il sera final et vous pourrez même le publier dans le Voir.
Il sera largement diffusé.
Vous pouvez me contacter sur Facebook.
Oui, j’aimerais beaucoup. Pour vous contacter sur FB, c’est plus difficile, les Stéphane Brousseau y abondent (comme les Philippe Gauthier!).
stephane.brousseau.13
M. Gauthier : Félicitations ! 10/10 en compréhension de texte.
Un des meilleurs articles publié sur le sujet depuis longtemps. Peut-être parce que vous avez pris le temps de lire et d’essayer de comprendre ce que vous lisez, et non ce qu’on aimerait que vous en reteniez. Et que vous vous êtes servi de votre intelligence. Les commentaires suscités le sont aussi, intelligents.
Autant du camp des pétrolières qui font miroiter le « pot of gold » au pied de l’arc-en-ciel que du camp des opposants qui prennent les chevreuils, les saumons et les araignées à témoins du désastre imminent, tout le monde pratique la démagogie.
J’aime mon île, mais plus que tout j’aime la vérité. Bien que je me considère éco-responsable depuis que j’ai atteint l’âge adulte, ça ne m’empêche pas de regarder les choses en face. Pas besoin d’être un grand analyste pour conclure que parmi les « valeurs québécoises » se place dans les premières positions une consommation incroyable d’énergie. Entre autres, pétrolière.
Que les dieux m’entendent et qu’on ne trouve jamais de pétrole à Anticosti.
Qu’on le cherche, qu’on étudie la roche et l’histoire (géologique), ne me dérangent pas. Mais les prises de positions tête-dans-le-sablesques me donnent de l’urticaire : « Protégez Anticosti » sonne à mon oreille comme « scrappez l’Alberta », « clanchez le Golfe avec Old Harry », « importez le pétrole d’ailleurs, ça les dérange pas eux autres »…
Misère !
Alex
M. Gauthier un gros MERCI de partager toutes ces précieuses informations.
Pétrole à Anticosti: pas rentable, selon un expert – Jean-François Cliche – Le Soleil – 2013-09-19
« Dans un mémoire présenté mercredi [hier, 18 septembre] à la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec, qui siège à Montréal cette semaine, M. [Marc] Durand a souligné que seulement de 1 à 2 % des quelque 46 milliards de barils présents dans l’île sont récupérables. […]
» L’ingénieur-géologue à la retraite, qui a fait carrière en recherche à l’UQAM, s’est par ailleurs dit très étonné de voir que le gouvernement du Québec s’apprête, dans un projet de règlement, à permettre de faire de la fracturation hydraulique à 400 mètres de profondeur sous la nappe phréatique. D’après une étude américaine que M. Durand a citée mercredi, fondée sur l’observation de plusieurs milliers de puits de gaz de schiste, les fissures que l’industrie ouvre dans le roc en y injectant des millions de litres d’eau pressurisée peuvent s’étendre sur 550 mètres – bien qu’elles parcourent généralement moins de 200 à 300 mètres. Selon lui, il faudrait compter au moins 1000 mètres de séparation.
» Cependant, dit-il, la formation géologique visée par l’industrie à Anticosti n’est pas très profonde, si bien qu’une norme de 1000 mètres interdirait toute fracturation sur environ 80 % de l’île… «
J’ai assisté à cette présentation lors du dépôt de la pétition contre l’exploration et l’exploitation du pétrole de shale à Anticosti. M. Amir Khadir était sur place, de même que de nombreux groupes environnementaux très inquiets de la situation.
Nous avons également appris que, les pétrolières reçoivent 101$ de subvention par 1$ investi. Alors vous comprenez pourquoi elles veulent détruire Anticosti, même si ce sera un gouffre économique!
Marc Durand pourrait être plus prudent. Si j’en crois votre compte-rendu, il prend pour acquis qu’il y a du pétrole, alors que ce n’est pas du tout confirmé. L’étude Sproule est bien claire à ce propos: le POTENTIEL existe, mais il n’est pas du tout confirmé encore, rien de concret n’a encore été trouvé. Je crois que pour battre ce projet en brèche, il faut le remettre complètement en cause à tout moment. Si on laisse au gouvernement l’impression, même très atténuée, qu’il y a vraiment du pétrole en place, il va tout faire pour le récupérer, même si les quantités seront finalement minimes et des dégâts, importants. Comme le souligne Stéphane Brousseau, les pétrolières n’ont absolument rien à perdre et tout à gagner. Par ailleurs, j’ai cherché sans succès le détail des subventions accordées aux pétrolières; avez-vous des sources montrant comment sont distribuées ces généreuses subventions?
Le potentiel existe. Mais il ne faut pas confondre un potentiel avec la réalité de son exploitabilité.
Il y a tout un monde entre une roche qui pue le pétrole et des milliards de barils!
M. Brousseau, je crois qu’il faudrait vraiment étayer cette affirmation du 101$ de subvention par dollar investi. J’avoue croire encore (un peu ) au père Noël, mais moins à de tels chiffres. Il ne s’agit pas de citer qui l’a dit, ça peut durer longtemps, mais préciser le programme, les règles et les montants investis par le passé. Je ne demande qu’à être convaincu.
Mais il y a de quoi être étonné, parce que Pétrolia cherche fiévreusement des investisseurs pour un plan de forage de plus de 150 Millions $, alors qu’en trouvant 1,5 M$ ce serait dans la poche !?!
Par contre, ils ont bien annoncé que Investissement Québec avait pris une participation (à hauteur de 10 M$ si ma mémoire est bonne) dans l’entreprise. Je crois qu’ils l’ont aussi fait pour Junex. Et avant de trop s’énerver le poil des jambes, informez-vous combien l’État a investi dans l’industrie forestière… Je pense que 10 M$ est une pinotte dans ce domaine.
Je vais faire les recherches…
Merci de vos observations, Stéphane. On peut visionner les séances en direct ou en différé ici [http://bit.ly/15FEqVE]. Je profite de l’occasion pour identifier les coordonnées de l’article cité plus haut : http://bit.ly/1572uSJ. Bonne chance et bon courage dans la rédaction de votre mémoire !
Si je trouve Marc Durand un peu trop sûr qu’on trouvera du pétrole à Anticosti, je partage cependant son analyse économique. Dix millions de dollars par puits m’apparaît comme un minimum. Le nombre de 12,000 puits ne paraît pas déraisonnable. Et à cela, il faudraitr ajouter le prix des routes, des infrastructures portuaires, etc, qui seront probablement largement subventionnées. On notera que la formation étudiée à Anticosti ressemble de près aux schistes qui ont connu un échec rententissant en Ohio.
Par contre, Sophie Brochu de Gaz Métro en fume du bon. Le gaz naturel est une ressource beaucoup trop rare pour qu’on l’utilise à grande échelle dans les transports. De plus, les prix actuels ridiculement bas, qui rendent la conversion des véhicules rentable, vont bientôt se rétablir. Je prépare une série de trois textes sur l’état du pétrole et du gaz de schiste en Amérique du Nord, le 3e texte résumant la situation en Europe. Bien que le discours officiel soit très optimiste, en fait la réalité sur le terain est très difficile, les entreprises ont perdu des fortunes colossales et l’exploration roule au ralenti. Ceci n’augure rien de bon.
https://www.facebook.com/PetroleDeRocheMere
Bonjour Monsieur Gauthier,
Compte tenu des échanges précédents sur votre fil et de la documentation dont nous disposons, je comprends mal votre affirmation relative à l’attitude de Marc Durand :
« Marc Durand pourrait être plus prudent. »
Le titre de son rapport est on ne peut plus explicite : « Les hypothétiques gisements d’hydrocarbures non conventionnels… »
M. (Marc) Durand vous a confirmé plus haut sa position concernant les gisements conventionnels:
« L’analyse que fait Bernard Durand du rapport Sproule, telle que relatée ci-dessus, semble plutôt porter sur les faibles probabilités de trouver à Anticosti des gisements conventionnels. Je suis entièrement d’accord avec les conclusions de Bernard Durand. »
L’importance, la valeur et la portée de son travail concernent les gisements non conventionnels qui entraîneraient la fracturation. Marc Durand demeure tout aussi critique eu égard à ce scénario qu’il explore avec rigueur, jusqu’à terme, en qualifiant ces gisements d' »hypothétiques ».
En comparant le titre de votre billet : »Pas une goutte de pétrole à Anticosti » à celui du rapport de Marc Durand : « Les hypothétiques gisements d’hydrocarbures non conventionnels… », il n’est pas difficile d’observer où se trouve l’imprudence.
Cela dit cordialement, en vous priant de m’indiquer si je perçois bien votre position. Autant j’ai erré en supposant « Marc » au lieu de reconnaître « Bernard » [Durand], autant vous méprenez-vous, peut-être, sur le réel objet d’étude à Anticosti.
Les exploitants et les experts s’entendent : il n’y a peu ou rien à y retirer de gisements conventionnels. On parle ici d’hypothétiques gisements non conventionnels avec toutes les saletés que l’extraction par fracturation commande.
À ma connaissance, Marc Durand ne s’est pas donné comme mandat de « battre ce projet en brèche ». Les gouvernements et les exploitants y annonçaient un trésor caché et le scientifique désintéressé a tenté d’examiner ce qu’il en retournait, sur toutes les coutures.
Jusqu’à ce jour, je n’ai vu aucun pair de Marc Durand remettre en question la compétence, la minutie, la rigueur et, oui, la prudence de l’auteur de ce rapport qui l’a présenté hier à la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec
LB – 2013-09-19
Je m’en réjouis, Je m’étais basé sur votre bref compte-rendu, qui ne reflétait peut-être pas sa position avec autant de force. Cela dit, on n’a trouvé aucun pétrole de roche-mère en quantité appréciable non plus. Comme le schiste de Macasty, à ce que j’en comprends, est très friable et affleure au milieu de l’île, il est fort possible qu’il se soit en partie perdu lui aussi. Une partie des espoirs de Pétrolia, dans le rapport Sproule de 2011, se fondait sur la ressemblance entre les schistes de l’Ohio et ceux d’Anticosti. Les schistes de l’Ohio s’étant révélés très dévevant (800,000 barils AU TOTAL pour toute l’année 2012) les schistes d’Anticosti m’apparaissent d’autant plus suspects.
En effet, je n’ai aucun objectif de militer pour quelque groupe que ce soit. J’ai depuis 1968 eu la très chance d’avoir une formation jusqu’au doctorat et post-doctorat, puis j’ai eu une carrière bien remplie en fotmant moi-même des géologues au niveau du bacc, maîtrise et doctorat; je me sens seulement le devoir moral de diffuser des connaissances géologiques que j’ai. Mon seul but est en fait de contrer quand l’occasion se présente une certaine désinformation, venant tant de l’industrie que parfois aussi hélas des gouvernements. Je diffuse ce que j’analyse et je le fais avec le plus d’objectivité et de rigueur scientifique; c’est la seule façon que je connaisse de conserver une crédibilité à mon expertise..
Une petite précision pratique M. Gauthier: le Macasty n’affleure dans l’île. Par contre il est présent en profondeur partout sous TOUTE la superficie de l’Île (7893 Km2). Chaque formation de shale a des caractéristiques bien spécifiques; je ne dirais pas que le Macasty est « friable ». Vous avez apporté un éclairage intéressant en relatant l’avis de Bernard Durand. Cependant, ni le rappport Sproule, ni l’analyse de B. Durand ne portent spécifiquement sur le nouvel intérêt pour Anticosti depuis 2010: une hypothétique exploitation en mode étendu, non-conventionnel, par fracturation. C’est pourquoi j’an analysé cette nouvelle avenue:
http://youtu.be/VCEJ-lAHS4Y
Le mot «friable» est probablement trop fort dans le contexte, mais selon un texte récent, c’est effectivementune roche qui se fracture bien:«The small proportion of clay minerals favors rock fracturing and constitutes a positive criterion in terms of the production potential of the Macasty using fracture stimulation techniques, Petrolia concluded.» (http://www.ogj.com/articles/2013/07/petrolia-sees-oil-potential-in-macasty-shale-core-results.html). Quant à l’affleurement, c’est mon erreur – j’ai probablement interprété un peu vite et pas très bien les données stratigraphiques des tabeaux 3 et 4. Ce n’est vraiment pas ma spécialité. Mais bon, même si ce schiste affleure quelque part sous le fleuvre, peu importe. En fait, sauf erreur de ma part, cela pourrait être-être même expliquer pourquoi le seul réservoir découvert jusqu’ici était rempli d’eau de mer. Quel est votre avis à ce sujet?
M.Gauthier
Je ne crois pas que les réservoirs traversés par les forages étaient remplis d’eau de mer. Plutôt d’une eau saturée en minéraux qui, au goût, est nettement salée. Ce qui a conduit des gens à conclure que c’est de l’eau de mer.
Il y a une source saline près de la rivière Chaloupe, à 5-6 km de la mer. Bien qu’elle soit très salée, son eau ne provient pas de la mer. C’est ce que m’a du moins expliqué André Desrochers, de l’U. d’Ottawa.
Alex
Intéressant. C’est une explication possible, en effet. Le site de Pétrolia parlait d’eau de mer à propos de ce puits expérimental. Cela dit, même ici, sur la rive-sud de Montréal, on trouve de l’eau plus salée que l’eau de mer si on creuse assez profondément. Une autre raison de ne pas fracturer la roche – on ne voudrait pas que tout ce sel remonte à la surface.
Monsieur Gauthier je tiens à vous féliciter pour la qualité de votre blog. Je ne réponds jamais par principe aux propos qu’on trouve sur ce type de site, mais le votre fait exception. Vous avez ici une qualité d’échanges et de propos qui tranche nettement sur tout les autres sites où des invectives et insinuations, parfois pire tiennent lieu de propos d’échanges entre des participants, qui ne font que réagir à d’autres propos tenus, sans manifestement jamais avoir pris la peine de lire le document original qui est cité. Ici dans le cas qui nous intéresse, des participants ont vraiment lu et réfèrent à des documents que j’ai rédigés avec toutes les références scientifiques requises.
N’hésitez pas à communiquer avec moi si vous souhaitez avoir de l’information sur la géologie d’Anticosti ou de l’Utica. Par exemple, l’eau souterraine qu’on retrouve dans les pores de la roche profonde est à peu près toujours 2 à 8 fois plus saline que l’eau de mer et n’en tire donc pas là son origine. Plusieurs aspects ont été abordés dans ce blog et je ne donne ici que cet exemple.
Salutations cordiales
Merci beaucoup monsieur Durand, venant d’un expert technique comme vous, ces mots me touchent beaucoup. J’ai longtemps été journalistes scientifique; je me suis notamment occupé des actualités scientifiques du site web de Québec Sciences en 2000 et 2001. Les infos se voulaient grand public, mais j’avais souvent des échanges de ce genre avec des chercheurs, qui m’apportaient des compléments d’information ou me suggéraient de nouveaux thèmes. C’était très enrichissant. Nous aurons sûrement l’occasion de reparler d’Anticosti à l’avenir et je me ferai un point d’honneur de vous consulter, maintenant que les présentations sont faites!
Pour ma part, je considère ce blogue comme militant, mais pas au sens classique du terme. Je ne veux pas convaincre à tout prix, mais plutôt diffuser des informations et du savoir qu’à mon avis, ceux qui s’intéressent sérieusement à l’environnement devraient connaître. Trop de militants bien intentionnés se discréditent eux-mêmes en diffusant des insinuations et des demi-vérités et j’espère qu’à la longue, ce genre de connaissances leur permettra de tenir un discours plus articulé – et plus efficace. Le discours écologiste a été terriblement marginalisé ces dernières années et il doit retrouver une voix forte.
Bonjour M. Durand.
Lors du dépôt de la pétition contre l’exploitation du pétrole de shale à Anticosti, vous aviez fait votre présentation et il me semble que vous aviez énoncé le fait que les pétrolières reçoivent 101$ de subventions par 1$ investi.
M. Gaétan Laprise demandait des précisions concernant ces programmes de subventions si vous en avez.
Merci!
Voici ce que j’ai retenu de la conférence de Marc Durand prononcée à Montréal le 30 janvier 2013, sous les auspices du Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste. Mes commentaires sur le présent fil sont inspirés de sa communication intitulée: « Les risques et enjeux de l’exploitation du pétrole de roche-mère d’Anticosti ». Le court segment que j’ai filmé fait preuve des propos clairs et modestes du conférencier.
M. Durand — que je ne connais que pour lui avoir demandé la permission de le filmer et de diffuser — est l’un des rares scientifiques de chez nous à se déplacer sur le terrain et à fournir l’effort de documentation technique qui relève de sa compétence, en la communiquant clairement avec les outils audio-visuels appropriés. En cela, il constitue une aide indispensable et précieuse pour celles et ceux qui ont à coeur le respect de l’environnement. Vérifiez par vous-mêmes de la justesse de mon témoignage en consultant les liens présentés plus bas.
LB – 2013-09-20
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Conférence de Marc Durand : « Les risques et enjeux de l’exploitation du pétrole de roche-mère d’Anticosti » – 30 janvier 2013 – UQAM – Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste [http://collectif-scientifique-gaz-de-…]
Les illustrations et animations impeccables de la version Youtube remaniée par Marc Durand [http://bit.ly/12paLik ] sont « directes » et non tirées de l’écran de la Salle des Boiseries.
– Permission de filmer — et de diffuser sur FB — accordée le 30 janvier 2013 par la responsable du Collectif, Lucie Sauvé, et M. Marc Durand.
Période de questions finale, après les exposés des trois conférenciers et leurs réponses à certaines questions.
Ici, extrait de 3 minutes qui porte sur la situation à l’Île d’Anticosti et en Gaspésie :
– Anticosti : forage d’exploration jusqu’au précambrien. Il n’y a que l’exploitation de la roche-mère qui présente un intérêt à l’exploitant. On n’a pas trouvé de gisement conventionnel. Il faudrait procéder à la fracturation hydraulique. Voir la conférence complète à [http://www.youtube.com/watch?v=LaxTLI…]
– Gaspésie : Haldimand 4, forage stoppé par le règlement municipal. Pas de fracturation hydraulique dans la description actuelle donnée par le PDG de Petrolia, contrairement à la description antérieure qui annonçait l’utilisation de la fracturation hydraulique. Junex s’et retiré de son partenariat avec Petrolia en annonçant — entrevue disponible sur Internet — ne pas être intéressé par ce gisement dans l’optique d’un gisement conventionnel. En clair, la décision du PDG de Junex laisse entendre qu’il faudrait aller à la fracturation hydraulique. Le gisement conventionnel, il peut y en avoir encore en Gaspésie et Haldimand en est peut-être un, Probablement qu’un puits conventionnel démontrerait qu’il y a peu de productivité — 20, 30 barils par jour…
– Site FB de Marc Durand = http://www.facebook.com/gazdeschiste
– Site FB principal de Marc Durand = http://www.facebook.com/gazdeschiste2
– Voir aussi les autres références communiquées sur le présent fil
Merci pour ces intéressante précisions, monsieur Bélanger. Votre information sur Haldimand #4 date toutefois un peu, la situation ayant quelque peu évolué depuis, selon les opposants au projet que j’ai rencontrés au début du mois d’août. On parle maintenant de fracturation hydraulique et de non pas un, mais de 16 puits, ce qui paraiît excessif étant données les faibles quantités de pétrole en cause. Voir mon texte d’il y a un mois: http://voir.ca/philippe-gauthier/2013/08/16/gaspe%C2%A0-le-petrole-de-la-discorde/
Entendu, Monsieur Gauthier, car j’ai bien précisé la date de mes notes sur la conférence du 30 janvier 2013 et sur la situation à ce moment-là.
Mon intention était de rendre hommage à Marc Durand dont on a, à mon avis, peu connu et sollicité l’expertise dans la controverse autour du gaz de schiste et de la fracturation.
Vous me donnez ainsi l’occasion de rétablir quelques liens cassés dans mon commentaire précédent :
– http://collectif-scientifique-gaz-de-schiste.com/
– illustrations/animations de la version remaniée par Marc Durand et « conférence complète » du 30 janvier 2013 ont le même lien =
http://www.youtube.com/watch?v=VCEJ-lAHS4Y
– le segment que j’ai filmé (3 min.) = http://www.youtube.com/watch?v=pk8e1toGzJc
Je vous soulignais ces changements justement parce que le dossier évolue à tout vitesse. Pour ce qui est de rendre hommage à Monsieur Durand, ça se justifie. J’ai vu que certaines de ses interventions avaient été critiquées par des gens qui ne connaissent strictement rien au domaine et qui croient que l’argent parle plus lourd que la géologie.
Merci de votre attention, Monsieur Gauthier. Le dossier évolue rapidement, en effet, ici et partout où l’argent « parle lourd ». Je ne peux que souscrire à votre commentaire sur certains échos dissonants des interventions pertinentes de Marc Durand.
Cordialement.
Je n’y connais rien en forage pétrolier et en gaz de schiste mais j’ai eu l’occasion de côtoyer 2 personnes qui œuvraient dans le domaine; soit une dans le pétrole de l’Alberta et une autre dans des puits pour l’eau potable. Ces deux personnes m’ont dîtes la même chose en matière de fracturation – Le résultat est à chaque fois aléatoire! – Aucune science ne peut prédire, avec certitude et exactitude, ce qui va ce passer au-dessous de la surface. La caractérisation que l’on peut faire de l’analyse du matériel sortit du trou de forage ne vaut que pour le trou lui-même. Mettez-y de la pression (fracturation, dissolution, …) et ces comme jeter les dés. On attend ensuite pour voir le résultat en brûlant des chandelles et les sous des contribuables.
C’est pourquoi, en tant qu’observateur qui essai de ce maintenir la tête hors de toute l’information et mal-information qui circule sur le sujet j’ai encore plus de crainte face à l’empressement de nos politiciens de vouloir aller de l’avant – Un peu trop vite. – Leur ambition (recommandation) est plutôt du type émotionnel car pour le moment ils démontrent qu’ils n’ont rien à foutre du rationnel. Malheureusement, ils profitent de leur notoriété pour convaincre la masse du contraire et autre grande préoccupation, plusieurs sont chargé de cours dans nos plus grandes institutions académiques qui modèlent les penseurs et décideurs de demain.
Nous sommes désormais en ligne,
Je suis allé lire votre texte, qui offre un survol très intéressant des enjeux environnementaux. Un bémol, toutefois: le pétrole de Old Harry reste très spéculatif: pas une seule goutte de pétrole n’y encore encore été découverte. Les chiffres publiés ne sont que des projections basées sur la nature des roches et du dôme de sel étanche qui aurait éventuellement ou emprisonner le pétrole. Mais en fait, c’est de la pure spéculation et le site pourrait fort bien s’avérer sec, pour mille raisons. Il n’existe aucune certitude qu’il s’y trouve du pétrole ou du gaz. En 320 millions d’années, il peut s’en passer, des choses et une faille aurait bien pu laisser le pétrole s’échapper à l’ère des dinosaures.
Par ailleurs, comme vous êtes prof de géographie, je me serais attendu à ce que vous insistiez plus sur l’aspect fermé du golfe. C’est, en fait, une mer intérieure reliée à l’océan Atlantique par deux étroits chenaux, le premier entre Terre-Neuve et le Nouvelle-Écosse et le second le long de la côte du Labrador. Tout déversement resterait pour l’essentiel contenu dans cette mer intérieure, qui est cinq fois plus petite que le Golfe du Mexique. Quand on voit les dégâts qu’y a fait la catastrophe de Deepwater Horizon, en 2010, il y a lieu d’être inquiet.
Ce ne sont pas mes textes. Nous rediffusons des textes d’un peu partout…
Il faut les lire tous!
Voici mon texte que personne n’a encore publié mais que tous les médias ont reçu :
http://enjeuxenergies.wordpress.com/2014/01/11/il-ny-a-pas-de-petrole-au-quebec-nous-allons-detruire-le-territoire-et-les-quebecois-vont-le-payer-en-impots/
Monsieur Gauthier, savez-vous quel serait le volume moyen de production pétrolifère par puits dans le shale de Bakken? Madame Marois parlait hier de retombées potentielles de 47 milliards de dollars, mais il serait intéressant de connaître le nombre de puits nécessaires pour arriver à extraire ce pétrole, question d’établir le « break-even » de l’exploitation, si tant est que cette entreprise puisse être profitable.
Entre 1% et 2% de que quelle a dit et il faudra environ 12 000 puits!
http://enjeuxenergies.wordpress.com/2014/01/11/il-ny-a-pas-de-petrole-au-quebec-nous-allons-detruire-le-territoire-et-les-quebecois-vont-le-payer-en-impots/
En novembre 2013, il y avait 6,784 puits en production au Dakota du Nord et la production moyenne était d’a peine 134 barils par jour et par puits. Il faut savoir que les puits s’épuisent très rapidement; en général, à Bakken, la production d’un d’un puits chute de 60% la première année et de 85-90% en deux ans. Autrement dit, un bon puits qui produit, disons, 500 barils par jour lors de son forage n’en produit plus que 200 après un an, et peut-être 60 après deux ans. C’est un rythme d’épuisement incroyablement rapide. En pétrole conventionnel, la production des puits chute de seulement 5 à 8% par année.
Pour plus de renseignements: https://www.dmr.nd.gov/oilgas/stats/historicalbakkenoilstats.pdf
Merci pour votre réponse monsieur Gauthier. Et en général, combien un puits conventionnel peut-il produire de barils par jour?
En général c’est beaucoup plus, disons quelques milliers de barils par jour par puits, mais ça vraie énormément selon la taille du gisement et l’âge du puits. À une certaine époque, le super-gisement de Ghawar, en Arabie Saoudite, produisait plus de 5 millions de barils par jour avec environ 180 puits; à l’heure actuelle, sa production totale serait toujours la même, mais avec deux ou trois fois plus de puits. En Alsace, certains des plus vieux puits d’Europe (mis en service dans les années 1860) produisent encore, au rythme de 1 ou 2 barils par jour. En général, un puits conventionnel part à un niveau élevé et chute de 5 à 8% par année, au fur et à mesure que la pression diminue.
»Toute cette aide financière et ces incitatifs fiscaux se justifieraient peut-être, si la ressource était abondante. » Philippe Gauthier
On pourrait en débattre pendant des mois mais il faut bien explorer le sous-sol de l’île d’Anticosti plus intensivement pour savoir si, oui ou non, il y a du pétrole.
La vérité, c’est que personne n’a jamais affirmer qu’il y en a ou qu’il n’y en a pas.Tout le monde comprend très bien que le gouvernement partage un risque certain.
Si on était certain que la ressource est abondante cette aide financière et ces incitatifs fiscaux du gouvernement ne seraient pas nécessaires.
Ce n’est pas si simple. D’une part, la géologie est déjà assez connue pour savoir qu’il est très peu probable qu’il existe du pétrole conventionnel – notamment, la roche est trop ancienne. D’autre part, même dans une roche-mère étanche, il n’est pas certain qu’on trouvera du pétrole – cette roche a déjà été enfuie très profondément, à des profondeurs où le pétrole se transforme en gaz naturel.; en fait, des schistes très semblables en Ohio on livré des résultats très décevants. Il faut aussi savoir que le pétrole de schiste n’est déjà pas rentable dans les conditions «idéales» du Dakota. Il va perdre de l’argent comme de l’eau dans une île isolée et sans infrastructure de transport comme Anticosti. Enfin, il très rare que les États investissent directement dans l’exploration – c’est une activité très spéculative, c’est toujours laissé soit à l’entreprise privée, soit à l’entreprise nationalisée. Québec s’en fait vraiment passer une petite vite sur la base de promesses irréalistes.
Monsieur Delisle, vous devez comprendre qu’avec le 5e rapport du GIEC publié en octobre 2013, nous savons maintenant avec un niveau de certitude de 95% que la consommation des hydrocarbures est responsable de 70% des GES provoquant le réchauffement climatique qui est à la source des phénomènes météo extrêmes que nous commençons à observer comme les inondations à Calgary l’été dernier, les masses d’air froid arctique et les fortes tempêtes inhabituelles aux USA, sans oublier les typhons comme Haiyan et les inondations qui sont en cours actuellement en Angleterre et dont les gens pourraient subir les effet destructeurs pendant encore 1 mois…
Il ne faut pas s’en tenir à une vision étroite exclusive aux $$$ parce que les impacts vont nous coûter des $$$ $$$ $$$ $$$…
Le seul gisement exploitable de Pétrolia est le puits Haldimand à Gaspé bloqué par un réglement municipal sur l’eau. Or, le gouvernement s’associant à Pétrolia de façon majoritaire et le gain en cour de Pétrolia va t’il débloquer le projet Haldimand et ainsi créer les premiers revenus et redevances gouvernementales, capables de récupére une bonne partie de la mise gouvernementale risquée d’Anticosti ???
http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/environnement/201402/11/01-4737679-victoire-de-petrolia-en-cour-gaspe-poussee-a-en-appeler-du-jugement.php
Quant au commentaire de Monsieur Brousseau, le GIEC n’est pas fiable car ce sont des projections informatiques qui à court terme, se sont avérées inexactes. 90% des GES proviennent de l’évaporation des océans sous l’action du soleil et non de l’exploitation humaine de l’énergie fossible.
Le puits Haldimand est si petit et le projet d’exploitation est si coûteux que je vois mal comment il va générer des redevances importantes. D’une part, on parle d’au mieux 7.7 millions de barils – et peut-être la moitié moins; c’est donc l’équivalent, dans le meilleur des cas, de 20-21 jours de consommation québécoise (ou de seulement 10, au pire). De plus, pour extraire ce pétrole plus vite, Pétrolia prévoit actuellement forer 16 puits et procéder à de la fracturation hydraulique (même si Pétrolia qualifie ce pétrole de «conventionnel» en jouant sur le sens des mots»). Bref, ces 16 puits devraient représenter une dépense d’au moins 100 millions de dollars, sans doute plus, sans compter les frais d’exploitation.Il faut aussi compter les frais de transport du pétrole, le remboursement, pour fins fiscales, des frais consentis dans l’exploration (y compris ceux à Anticosti…). Bref, il ne restera pas grand chose dans les poches du gouvernement.
Quant au commentaire sur le GIEC, il est si mal informé que je ne me donnerai même pas la peine de répondre. Mais sachez que sur le long terme, toutes les prévisions jusqu’ici ont été atteintes et même largement dépassées. TOUTES.
Bonjour à tous. A titre informatif je suis natif et demeure a Gaspé. Le réglement sur l’eau ardement defendu par la ville de Gaspé à perdu sa cause contre Prétrolia au début du mois de février au palais de justice de Percé.
p.s: excuser mon français
Oui, en effet. Pour ceux que cela intéresse, on peut consulter le jugement intégral ici: http://canlii.ca/fr/qc/qccs/doc/2014/2014qccs360/2014qccs360.html
J’ai aussi visité Gaspé cet été et d’y ai écrit cette chronique: http://voir.ca/philippe-gauthier/2013/08/16/gaspe%C2%A0-le-petrole-de-la-discorde/