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Le Fantomas de Julie Rocheleau

Petit clin d’œil, aujourd’hui, à un album que j’ai bien apprécié : La colère de Fantomas, tome 1, Les bois de justice, scénarisé par Olivier Bocquet et dessiné par Julie Rocheleau.

L’album marque, essentiellement, le retour de Fantomas dans la sphère BD. Qui est-il? D’une façon, il s’agit de l’un des premiers superhéros, voire même, pour certain, « le » premier (il a tout de même été créé en 1911 par Marcel Allain et Pierre Souvreste). Qui en aurait inspiré d’autres, dans la même lignée, dont tout particulièrement The Shadow. Il faut toutefois l’avouer : le nom Fantomas résonne peut-être un peu moins ici, au Québec, qu’en France. On l’a vu, certes, dans quelques adaptations cinéma (pensons notamment à Louis De Funès), mais il n’a pas marqué ici l’imaginaire comme il l’a fait là-bas. Voilà.

L’album nous amène dans le Paris de 1911, où l’exécution publique de Fantomas, récemment arrêté par l’inspecteur Juve, doit avoir lieu. Mais (malheur!), malgré son apparente exécution, Fantomas apparaîtra à nouveau, interrompant une adaptation théâtrale de son règne de terreur, pour amorcer sa revanche, pour se faire justice. Une amorce de départ solide, pour un récit qui l’est, par ailleurs, tout autant. Et, surtout, qui, au fil des planches, jamais ne s’essouffle. Le rythme est là. La logique aussi. Les personnages sont bien typés. Et on ne rechigne pas à l’idée de faire de Fantomas une icône sombre, trouble, violente. À la fois à la manière d’une ombre maléfique, ou d’une tornade sanguinaire, c’est selon.

Un bon scénario, donc. Bien habité. Et, surtout, bien appuyé par le dessin de Julie Rocheleau. Le lecteur souhaitant des ambiances venant appuyer l’esprit du récit sera servi. Tout autant, d’ailleurs, que celui qui veut simplement apprécier la
maîtrise du trait et de la couleur de la dessinatrice. En un mot, La colère de Fantomas, c’est beau. Tout simplement. Des couleurs saturées : rouges, noirs, bleus. Un côté surréaliste, ambiant, glauque par moment, qui vient camper clairement l’univers de la BD, ce Paris du début 20e habité par Fantomas… Un trait habile qui possède une forte personnalité et sans qui, j’en suis certain, la figure de Fantomas qu’on nous propose au fil du récit n’aurait pas autant de présence.

Dans ce premier album, tous les ingrédients sont là pour en faire une lancée réussie. Qu’on connaisse ou non Fantomas n’a pas d’importance : ce qu’on nous propose ici, c’est un récit saveur thriller policier, c’est un personnage plus grand que nature, c’est un récit engageant dans un univers qu’on arrive à percevoir, sentir, au fil du trait. Bref, de quoi en faire, d’ailleurs, un de mes coups de cœur BD de ce début d’année 2013, sans l’ombre d’un doute.

Et, tiens, puisqu’on est dans la lancée post-Festival international de la BD francophone de Québec, une petite, brève, rencontre avec la dessinatrice de cette Colère de Fantomas, Julie Rocheleau, réalisée lors de l’événement…