BloguesLa vie en BD

8 auteurs à rencontrer au FBDFQ

Je vous ai parlé, il y a quelques temps, du volet spectacle du 27e Festival de la bande dessinée francophone de Québec. Puis du volet « activités » – expositions et lancements d’album, autour de l’événement.

Dernière étape?

Je me suis dit, vraisemblablement, les auteurs à découvrir, pour l’amateur de BD en quête de dédicace, ou en quête de lecture.

Toutefois, je me suis donné pour objectif de sortir un brin de la liste de l’évidence trop évidente. Parce que, je ne crois sincèrement pas que j’aie besoin de vous dire « Il faut que vous rencontriez Rosinski » ou « Il faut que vous rencontriez Jean-Claude Fournier ». Je tiens pour acquis que vous irez, de facto, à la rencontre de ces légendes de la bande dessinée.

Je prends aussi pour acquis qu’il ait des noms québécois qui ont fait école (ou qui sont en train de le faire) et, de ce fait, que je n’ai pas, non plus, nécessité de vous suggérer de profiter de la présence à Québec de Michel Rabagliati, de Réal Godbout, de Pascal Girard, Jimmy Beaulieu, Philippe Girard, Delaf et Dubuc, Francis Desharnais, Michel Falardeau ou encore de Zviane.

Et, évidemment, ces noms sont là d’abord pour l’exemple : il y a, quoi, plus de 115 auteurs BD présents au Festival, disséminé dans l’espace du Salon international du livre de Québec du 9 au 13 avril.

Donc… Qui découvrir, qui rencontrer?

Je me suis dit, allons-y avec huit fortes propositions, hors des catégories sus-mentionnées…

1- Boulet

Ici, il me semble que je surfe encore dans la notion de l’évidence. Mais on a porté à mon oreille que bien que fort populaire en France, certains lecteurs BD n’ont pas encore eu l’occasion (ou pris le temps) de découvrir le travail de Boulet. Sur album, il a donné dans la série jeunesse (Raghnarok), dans la scénarisation (récemment, La Page blanche, aux côtés de Pénélope Bagieu), mais il est surtout connu actuellement pour son travail de blogue (www.bouletcorp.com) édité chez Delcourt sous le nom de Notes.

Un style riche, côté graphique. Doublé d’une grande capacité de conteur, en maîtrise de ses moyens. Sur blogue, il se lance sans crayonné, sans scénario, et, s’inscrivant dans la tendance du blogue autobiographique, il y va d’anecdotes, de réflexions, de pensées, d’ambiance. Sérieux, jetez-y un coup d’oeil!

2- Guillaume Long

Et on reste dans le blogue. Côté international. Sur le Web (et sur papier), Guillaume Long se commet avec son blogue À boire et à manger, hébergé sur le site du journal Le Monde. Un blogue gastronomique, qui explore l’univers culinaire avec humour et simplicité. De la grande cuisine à la petite, des petits miracles aux grands gourmets. Les deux pratiques se métissent fort agréablement au fil des planches, appuyées par un dessin simple et efficace et, surtout, par de vives capacités de conteur.

3- Julie Rocheleau

Je vous en ai parlé parmi mes sélections 2013, côté « coup de coeur BD », au début de l’année. Son interprétation visuelle dans la BD Fantomas m’a (figurativement) jeté au sol. Une plume superbe, des ambiances fortes, qui portent le récit et lui donnent toute sa puissance. Ça, c’était dans le tome 1 et, de ce que j’en ai vu, elle a récidivé graphiquement dans la même veine et avec la même capacité dans le second. Si vous n’avez pas encore jeté les yeux sur l’un ou l’autre de ces tomes, et bien, c’est le temps de feuilleter. Voilà!

4- Richard Suicide

Vous connaissez peut-être le nom? Il s’était commis, jadis (et le terme « jadis » est ici utilisé pour montrer que pas mal de temps a passé) avec Gonades cosmiques et reviens maintenant avec Chroniques du Centre-Sud aux Éditions Pow Pow. Un livre fort sympathique qui nous amène dans la faune colorée du quartier populaire de Montréal. Un regard sur la misère. Un regard sur un univers peuplé de vies bien particulières. Un retour sur quelques années de vie pour l’auteur dans ce quartier, à côtoyer cette faune, à en faire partie.

Je me donnerai le temps de vous parler plus avant de ce récit (il mérite sans heurts un peu de votre temps de lecture), mais, puisque c’est Festival, je vous dis, n’attendez pas que je vous le dise plus en détail, et jetez-y un coup d’oeil par vous-mêmes!

5- Samuel Cantin

J’avais bien apprécié son premier opus, Phobie des moments seuls. Un album mi-BD, mi-récit, aussi absurde que surprenant. On avait là de belles promesses, de conteur, d’auteur, d’imaginaire. La question, dans bien des cas, c’est de voir qu’est-ce que la suite nous réserve – et ici, la suite était de belle qualité. Vil et misérable, aux Éditions Pow Pow, offre une tranche de vie improbable, autour d’un personnage tout aussi improbable. Un univers autant poignant que délirant, des personnages aussi réalistes qu’irréalistes. Bref : un pari relevé (si jamais pari il y avait)!

6- Mikaël

Encore ici, j’ai déjà parlé en long et en large du travail de Mikaël, un auteur de Québec que j’estime beaucoup. Je l’avais découvert avec son travail sur diverses séries jeunesse, justement, au Festival de la bande dessinée francophone de Québec. C’était à l’époque de La Neige. Il a donné d’autres albums dans cette branche, dont Circus, il y a quelques années. Je le percevais alors, à l’époque, comme un illustrateur et auteur jeunesse abouti. Quelle ne fut pas ma surprise quand il m’avait dit où il comptait, désormais, s’en aller : sans mettre de côté son travail jeunesse, coloré, souriant, il comptait toutefois s’attaquer à l’univers de la BD pour adolescents, pour adulte.

Quelque temps plus tard, après avoir réinventé son style, ajouté de nouvelles pistes à celui-ci, il est revenu au dessin Promise, premier tome. Un récit sombre, apocalyptique. Un huis clos hivernal à l’ambiance bien dosé. Si jamais, au fil des kiosques, vous avez l’occasion de mettre la main sur les deux pans de son travail, profitez de l’occasion. Et sinon, ne manquez pas de jeter un coup d’oeil à Promise!

7- Julien Paré-Sorel

Si vous avez parcours la portion « Salon international du livre de Québec » au fil des dernières années, vous avez probablement vu Julien Paré-Sorel au kiosque de Front Froid. Travaillant au sein de l’organisation, il pilotait (entre autres et avec d’autres) la production du recueil Le Front, y collaborant également en tant qu’auteur et scénariste à l’occasion.

L’an dernier, l’équipe de Front Froid a proposé la mise en place d’une nouvelle collection de livres (plutôt que de collectifs). La série a donné, au fil des récents mois l’excellente Petite révolution de Boum, et, l’automne dernier, Paré-Sorel a apporté sa contribution à la collection avec Léthéonie. Un récit sur la perte de mémoire, sur l’exploration au fil duquel l’auteur nous propose un univers visuel riche et travaillé.

8- Bach

Petit clin d’oeil, en terminant, à l’univers de Bach qui vient tout juste de publier son premier ouvrage, C’est pas facile d’être une fille chez Mécanique générale. Aboutissement, dans son cas, d’un travail suivi en formule blogue et Facebook (sur lequel ils sont, au moment d’écrire ces lignes, près de 12 000 à la suivre). Un univers lié à l’autofiction, dans la veine de ce que propose, du côté européen, les Margaux Motin ou Pénélope Bagieu : un regard amusé sur les travers qu’on lies bien souvent à la féminité.

Voilà.

Huit auteurs. Huit suggestions, en mode vite fait.

Et j’aurais pu encore continuer longtemps. En nommer d’autres. Vous diriger vers d’autres artistes établis ou moins établis, vers les Boum, Cab, Djief, Alexandre Fontaine-Rousseau, François Lapierre, Fredrick Peeters, David Turgeon, Étienne Willem… Etc. Certains que vous connaissez sûrement, d’autres que vous connaissez peut-être, et, enfin, d’autres que vous gagneriez à connaître.

Mais bon : il faut bien se limiter, quelque part!

Pour les horaires dédicaces, et pour la liste complète des auteurs présents, je vous réfère (évidemment) au www.fbdfq.com.