Effets personnels : Les choses de la vie
Scénographe et éclairagiste, Bernard White signe, avec la comédienne Nancy Bernier, Effets personnels, un spectacle d’ambiances et d’images, au propos intimiste. Inventaire.
Avec La Boîte, expérimentation présentée en 2000 dans le cadre des Cartes blanches du Périscope, Bernard White désirait explorer les possibilités d’un spectacle ayant la scénographie pour moteur. "À ce moment, on avait testé la formule, pour voir s’il y avait un écho chez le spectateur ou si ça ne devenait pas un exercice de style un peu stérile, évoque-t-il. Et, finalement, on a constaté que les gens trouvaient leur portion d’humanité là-dedans, que ça se rapprochait d’eux." Il n’en fallait pas plus pour lui donner le goût de réitérer l’expérience avec Effets personnels, qui, à l’instar de son prédécesseur, prend la forme d’un abécédaire, dont chaque lettre devient catalyseur d’images. "Il n’y a pas d’histoire, pas de personnages et, pourtant, tout ce qui se passe est théâtralisé, explique-t-il. C’est un show d’effets, mais extrêmement personnel, où Nancy (Bernier) et moi, on a fait le pari qu’en parlant de nos vies, de nos expériences – la mort de son père, New York, où j’étais le 11 septembre, l’arrivée de notre enfant… -, on allait rejoindre tout le monde."
Plus concrètement, c’est autour d’une boîte remplie d’objets hétéroclites, celle qui, lors d’un déménagement, finit par accueillir tout ce que l’on ne sait pas où mettre, que se construit la représentation. "Ça devient un prétexte à mémoire, à réflexion", commente-t-il, remarquant au passage que l’ensemble se présente comme "un état de compte". "Ce n’est ni une pièce de théâtre, ni de la danse, ni un show multimédia, mais ça se situe au carrefour de tout ça, précise-t-il. Ce sont des capsules de 30 secondes à 5 minutes, certaines très concrètes, avec un côté documentaire (films d’enfance en 8 mm, images de New York), d’autres d’ambiance pure, et c’est le contrepoint de tout ça qui crée une unité." Un ensemble au sein duquel la comédienne, seule sur scène, donne dans ce qu’elle qualifie de "non-jeu". "C’est-à-dire qu’elle n’a pas de personnage et qu’elle s’exerce à ne pas jouer. Il ne faut pas qu’elle accentue les émotions, qui sont déjà très fortes", fait-il valoir, avant de noter au sujet de leur mise en scène-chorégraphie: "On a trouvé des positions, des gestes… C’est très quotidien, dans ce que ça a de banal et d’intéressant, de grave, d’introspectif et de rassurant."
Ainsi ont-ils cherché à éviter le côté gadget de la technologie. "J’ai toujours été attiré par la projection, le multimédia, mais dans un contexte scénique, un contexte d’espace. J’avais le goût de tester le potentiel scénographique et théâtral de la projection. Pour moi, ça prend vraiment l’interaction, le côté humain, qui vient tout mettre en relief", soutient le créateur. Si bien que, malgré la multitude d’effets possibles, ils ont opté pour une certaine sobriété: "À un moment donné, on s’est rendu compte qu’il fallait se retenir parce que ça ne servait pas le show. Le défi, c’était de ne pas trop en faire, commence-t-il. Mais aussi, on voulait essayer de casser la froideur du multimédia, de la projection, de la technique." Histoire, bien sûr, de rejoindre le public, de sorte que "cette collection de moments le remplisse d’émotions et de réflexions", conclut-il.
Jusqu’au 4 février
À Premier Acte
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