Show d'Vaches au Bitch Club Paradise : Les vaches ont soif
Scène

Show d’Vaches au Bitch Club Paradise : Les vaches ont soif

Pour notre plus grand bonheur, la bande de filles de Show d’vaches au Bitch Club Paradise reprend du service cette année. Plus assoiffé que jamais, le cheptel entend ruer entre les murs du Périscope le temps de Noël. Impossible de passer à côté de l’événement!

La rédaction du Voir se fait un petit plaisir d’avant Noël en consacrant sa une à la joyeuse troupe des productions Chacun cherche sa chatte. À peine sorties de la séance de photos (que notre rédacteur en chef, qui "pensait" pouvoir diriger le shooting, a judicieusement comparée à un souper de filles sur l’acide), Véronique Côté et Érika Gagnon débarquent encore maquillées au café où a lieu l’entrevue.

Un petit coup de lingette démaquillante en direct et on entame la discussion. "On est vraiment très heureuses de refaire le spectacle", lance Véronique Côté, gardeuse de troupeau et metteure en scène de son état. "Après plus de deux ans de travail, il nous semblait que ce n’était pas suffisant d’avoir présenté le show seulement 11 fois. On a donc décidé de le reprendre cette année." Riche idée! La série de supplémentaires permettra au public de Québec de voir ou de revoir ce cabaret à la fois festif, jubilatoire et mordant.

Il faut dire que rares sont les productions qui récoltent une telle unanimité auprès du public et des critiques. Le spectacle est d’ailleurs en nomination aux Masques dans la catégorie Production de l’année à Québec. "Peu importe le résultat aux Masques, rigole la comédienne Érika Gagnon, on a surtout hâte d’entendre: "En nomination, Show d’vaches au Bitch Club Paradise, par les productions Chacun cherche sa chatte." Avec la voix ronde et la diction parfaite de Radio-Canada, ça risque de faire un effet boeuf à la télé!" L’anecdote dévoile bien l’esprit qui anime l’équipe: irrévérencieux, amusé et tendre.

À la source du projet, il y a quatre comédiennes: Véronique Côté, Érika Gagnon, Annie Larochelle et Myriam Leblanc. "Le manque de rôles féminins intéressants dans le répertoire théâtral est un problème majeur, explique Érika Gagnon. Un soir, en parlant de ça, on a eu l’idée de se donner un espace de liberté artistique." Show d’vaches était né. "On ne voulait pas se limiter, poursuit Véronique Côté. On a réussi à embarquer des comédiennes, des auteures et des conceptrices dans le projet. Sur scène, il y a une quinzaine de femmes… Ça donne une décharge d’énergie incroyable!"

D’ateliers d’improvisation en séances d’écriture, la forme du cabaret s’est imposée. Musique, chansons, monologues et sketchs ont pris vie. "On voulait toucher des thèmes féminins, mais on n’avait aucune envie de faire un spectacle pamphlétaire", précise Érika Gagnon. On a pourtant l’impression que le fait de proposer un spectacle avec seulement des femmes en réaction au manque de rôles est en soi une prise de position, un acte politique… "C’est vrai que c’est une parole de femmes, enchaîne Véronique Côté. On le voulait comme tel. Mais la nuance est dans le fait que ce n’est pas un spectacle de demandes. On ne revendique pas! C’est plutôt un portrait témoin d’une certaine réalité… On ne voulait surtout pas faire de concessions artistiques pour défendre une thèse sur la condition féminine. Il y a beaucoup de paradoxes et d’humour dans le show, et c’est très bien comme ça!"

Même si Show d’vaches ne prétend pas défendre de thèse, le spectacle offre pourtant une fenêtre fascinante sur les préoccupations, les angoisses et la réalité des femmes. Comme si la succession de tableaux, de personnages et de chansons finissait par former une femme unique, dans toute sa complexité et ses contradictions humaines. "Ce n’est vraiment pas un spectacle de luttes, prévient Érika Gagnon. On est loin de penser que la condition des femmes au Québec est idéale. On est extrêmement redevables à celles qui ont mené des batailles avant nous et il reste encore beaucoup à faire. Mais on a l’impression que la suite des choses doit se faire en collaboration avec les hommes et non pas en opposition."

"Le spectacle va dans ce sens-là, ajoute Véronique Côté. On le voit comme une main tendue vers les gars. Une façon de dire: "Venez! On va danser un slow ensemble pour rêver demain…""

ET LES TAUREAUX DANS TOUT ÇA?

Justement, qu’est-ce que vous pensez des gars d’aujourd’hui? "On ne peut pas parler au nom des autres filles du show, mais je pense qu’on les sent mélangés", répond Véronique Côté après un temps de réflexion. "On parle souvent de la difficulté qu’ont les gars à s’engager. Je pense qu’il ne faut pas parler des cas individuels. Il y a beaucoup de gars qui s’engagent. Mais de façon générale, on dirait que notre génération – et pas juste les gars – a de la difficulté à s’embarquer dans un projet d’avenir. On est très bons pour les relations d’amitié et pour les histoires sans conséquence. Mais entre les deux, on a de la difficulté à se laisser tomber amoureux. À un autre niveau, on peine aussi à s’engager politiquement dans des projets communs."

"C’est vrai, poursuit Érika Gagnon. On dirait que c’est trop facile de céder au cynisme ambiant. C’est contre ça qu’on lutte." Le personnage pivot dans Show d’vaches, la Bitch de cérémonie, interprétée avec un lustre décadent par Nancy Bernier, pousse justement le cynisme dans ses derniers retranchements. "Le personnage est tellement gros qu’il finit par se désamorcer lui-même. C’est un peu ça, le souffle du spectacle. On a envie de croire à demain, de croire à l’amour. Mais Véronique a raison de parler de main tendue… je pense que c’est le plus important dans tout ça!"

UN PATURAGE FESTIF

Même si Show d’vaches n’avait pas été pensé en fonction du temps des Fêtes, il a trouvé une niche toute désignée en cette période de l’année. Pour l’occasion, les productions Chacun cherche sa chatte transformeront la grande salle du Périscope en un bar rococo d’inspiration western. Boissons et nourriture seront vendues sur place. L’équipe a d’ailleurs été agréablement surprise du succès des représentations à 17h. "C’est devenu une sorte d’apéro de Noël où les gens venaient manger un sandwich et boire une bouteille de vin en regardant le spectacle."

L’esprit festif est également au coeur des numéros du cabaret. Irrévérencieuses, décadentes et tendres, les vaches du Périscope s’abreuvent d’absolu! Comme le soulignait récemment un ami comédien, "pour le risque, pour l’intelligence et pour la beauté du geste, Show d’vaches était probablement le meilleur spectacle à Québec l’an dernier". Le journaliste doit admettre qu’il est franchement d’accord avec cette assertion!

Les 20 et 21 décembre à 17h
Et les 28, 29 et 30 décembre à 21h
Au Théâtre Périscope
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