Marilyn Perreault et Annie Ranger : Jeux dangereux
Scène

Marilyn Perreault et Annie Ranger : Jeux dangereux

Après Les Apatrides, Marilyn Perreault dévoile Roche, papier, couteau…, sa deuxième pièce. Avec sa complice, Annie Ranger, elle nous parle de la troisième création du Théâtre I.N.K.

Amoureuse du froid et des pays arides, Marilyn Perreault s’est rendue dans le Grand Nord du Québec en 1998 et en 1999 afin d’enseigner le théâtre à de jeunes autochtones. Quatre ans plus tard, elle accouche de sa seconde pièce: Roche, papier, couteau… "Ma pièce est teintée de ce que j’ai vu et entendu dans le Grand Nord, mais elle ne se base pas sur des faits historiques, anthropologiques ou sociologiques. Elle est inspirée d’impressions d’une fille de la ville. Le paysage qu’on habite déteint sur nous. Quand on vit dans les roches, le vent, la toundra et les mines, on développe une façon d’être un peu plus rude. J’ai voulu aborder cette notion d’âpreté à travers mes personnages."

Roche, papier, couteau… raconte l’histoire de cinq jeunes qui, à bord d’un cargo, arrivent clandestinement dans un village isolé de l’Extrême-Nord, coincé entre Advitam et Ternam. Seule à comprendre le langage qu’ils parlent, Mielke, une habitante de la place, prend en charge ces adolescents enfermés depuis un mois dans un conteneur. "Mielke va s’apercevoir que, même une fois sur pied, ces jeunes-là restent étranges et difficiles à apprivoiser. Avec eux va débarquer le jeu "roche, papier, couteau", qui est comme une version plus rough de "roche, papier, ciseaux". Puis, la population du village va commencer à se décimer. Un danger plane. Les nouveaux arrivants portent un lourd secret."

Pour ses personnages, Perreault a créé une langue toute particulière. "C’est comme si j’avais amené un peu de dyslexie à mon texte. Quand j’écris pour le théâtre, ce n’est pas pour évoquer le quotidien. J’aime jouer avec les mots pour les faire décoller de la réalité." Dans le spectacle, Annie Ranger, cofondatrice du Théâtre I.N.K. avec Perreault, interprète le rôle d’Ali. "Les jeunes viennent de la Brusquie, explique-t-elle. C’est un mot à sonorité russe, mais c’est pour évoquer leur côté brusque. Il y a un peu de barbarie dans leur façon d’être."

L’actualité a, semble-t-il, guidé Perreault dans l’écriture de sa pièce. "Ces temps-ci, on parle énormément d’explosion de violence chez certains jeunes, comme à Columbine, Virginia Tech ou Dawson. Il y a aussi le discours sur l’euthanasie qui revient continuellement sur la sellette. Ces faits d’actualité se retrouvent dans la pièce." "Malgré tout, ce n’est pas sombre, ajoute Ranger. La poésie de Marilyn et le personnage d’Ali apportent une belle lumière à l’ensemble."

En ce qui concerne la mise en scène de Marc Dumesnil, il semble qu’elle soit fidèle à la mission du Théâtre I.N.K.: porter une attention particulière à l’intégration du mouvement et de l’image dans l’interprétation théâtrale. "Marc a effectué un vrai travail de choeur, précise Perreault. Tout est pensé dans la façon dont les personnages se parlent et se regardent." Sur scène, en plus d’Annie Ranger, on retrouve Ève Gadouas, Catherine-Amélie Côté, Éloi Archambaudoin et David-Alexandre Després.

Jusqu’au 24 novembre
À la Salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui
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