Elizabeth, roi d’Angleterre : L’heure des adieux
Elizabeth, roi d’Angleterre fait une entrée remarquable au répertoire du Théâtre du Nouveau Monde.
Ce soir-là, entre les murs du Théâtre du Nouveau Monde, une certaine frénésie planait. Vous savez, le genre d’excitation qui précède les grands rendez-vous? Il n’y a pas de doute, chez les spectateurs venus assister à la première d’Elizabeth, roi d’Angleterre, les attentes étaient grandes.
Et pour cause. D’abord, Marie-Thérèse Fortin foulait pour la première fois la scène du TNM, et pas dans un rôle banal. Ensuite, René Richard Cyr remontait sur scène – il y avait près de 15 ans que l’homme n’avait pas accepté un rôle substantiel au théâtre -, en plus de diriger la pièce de Timothy Findley. Heureusement, les créateurs du spectacle ont été à la hauteur des attentes, à la hauteur surtout des destins auxquels ils cherchaient à rendre justice.
L’action se déroule durant la nuit du Mardi gras, le 22 avril 1601. À la veille de faire exécuter son amant, le comte d’Essex, pour cause de trahison, Elizabeth demande à Shakespeare et à ses acteurs de la distraire. "Je vous avertis: j’en garderai autant d’entre vous sur pied que je le pourrai… jusqu’à l’aube." Durant cette nuit, cruel compte à rebours, la reine va forcer la troupe à se prêter avec elle à une vaste catharsis. En une suite de captivants jeux de rôle, mascarade tragicomique, les vérités vont éclater au grand jour.
Dans le rôle de Shakespeare, Jean-François Casabonne est un témoin sensible, un guide incomparable. Dans la peau d’Elizabeth, Marie-Thérèse Fortin n’est rien de moins qu’impériale. Avec sa voix profonde, sa grande sensibilité et son autorité indéniable, la comédienne glisse, en un battement de cils, de l’intransigeance à la vulnérabilité. Dans les habits de Ned, un acteur spécialisé dans les rôles de femmes, rongé par la syphilis, René Richard Cyr trouve le ton juste, un délicat dosage.
Ainsi, durant les deux heures que dure la représentation, on découvre, la gorge serrée, le coeur battant, que les trajectoires d’une reine, d’un auteur de théâtre et d’un acteur à l’agonie peuvent se croiser, se répondre et même se transformer mutuellement et à jamais. En sortant de la salle, on se dit qu’on vient d’assister à un véritable face-à-face, une reconnaissance qui transcende les genres, les orientations sexuelles et les classes sociales, une rencontre décisive, de celles qu’on n’est pas près d’oublier.
Jusqu’au 9 février
Au Théâtre du Nouveau Monde
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