Frédéric Dubois : Bon voisinage
Frédéric Dubois a surtout agi à titre de directeur d’acteurs pour la mise en scène du Palier, de Jean-Guy Côté et Réal Beauchamp, une pièce créée à Rouyn-Noranda en 2006.
Après avoir été présenté à La Licorne l’an dernier, Le Palier, récipiendaire du Masque de la meilleure production régionale 2006, sera bientôt de passage à Québec. Il faut dire que la pièce résulte d’une collaboration entre des artistes de l’Abitibi-Témiscamingue et d’ici. "Jean-Guy Côté a écrit ce texte en pensant à Marie-Ginette Guay et, au début, il m’a appelé parce qu’il cherchait un acteur qui faisait plutôt jeune, presque adolescent, raconte Frédéric Dubois. Je venais d’aller voir les finissants au Conservatoire et je lui ai parlé de Lucien Ratio." Plus tard, l’auteur le contactait de nouveau pour lui demander de se joindre à eux. "J’ai accepté parce que c’était un charmant projet et une opportunité d’oeuvrer dans un autre contexte", poursuit-il.
Quant à l’approche privilégiée, il explique: "Il fallait aller dans le sens du texte; il s’agissait d’un grand travail de direction d’acteurs plus que de mise en scène parce que la pièce appelle le recueillement, l’intimité." En d’autres termes, exit les concepts et autres relectures. "Évidemment, les chercheurs de théâtre trouvent ça plate parce qu’on ne bouscule rien, mais moi, je considère qu’un tel spectacle a sa place, soutient-il. Ce sont deux personnes à un carrefour de leur vie. Par un heureux hasard, elles se retrouvent voisins de palier et s’aident mutuellement à parcourir ce bout de chemin où tout va basculer. Il s’agit d’un texte très simple, sans prétention, qui ne veut pas renouveler le genre, mais juste raconter une belle histoire."
Or, mentionner que la dame a quitté sa région après un divorce douloureux ou que le gars est un orphelin complètement perdu ne suffit pas à éclairer cette rencontre. Il n’en ressort que le genre de clichés que Frédéric Dubois a tenté d’éviter à tout prix. De la même manière qu’il ne voulait surtout pas tomber dans le pathétisme, ce qui aurait été facile, étant donné que la femme va mourir et que le jeune est abandonné à lui-même. "Ils parlent d’eux, mais par petites doses. En fait, ce qui est important, c’est chaque moment présent, chaque seconde où ils se retrouvent, où l’un échappe un truc et l’autre l’utilise pour le réconforter", observe-t-il.
Aussi, même si l’action se situe à Montréal, "en fait, ça se passe partout, parce que ça se passe sur un palier", ajoute-t-il. Lieu qui occupe d’ailleurs le centre de sa mise en scène. "La manière dont le décor est placé fait en sorte qu’on a l’impression d’être à l’extérieur et de regarder par une fenêtre, comme si on les surprenait en train de dire ces mots, de vivre ces choses, illustre-t-il. Dans cet esprit, mon souci a été d’aller vers ce qu’il y avait de plus direct, franc, vrai possible. Et je suis convaincu que Marie-Ginette et Lucien réussissent à porter ce morceau de vie avec beaucoup de dignité parce que les gens disent qu’ils sont magnifiques et semblent émus d’assister à ça."