David-Alexandre Després : À toute allure
Scène

David-Alexandre Després : À toute allure

David-Alexandre Després a conquis le public de la Petite Licorne l’an dernier avec Vroom!, un solo de marionnettes et théâtre d’objets dans lequel un émule d’Hamlet rêve de course automobile. Une reprise attendue.

Le jeu physique et clownesque, c’est son affaire. Avec le metteur en scène Robert Drouin, qui le dirige à nouveau dans Vroom!, David-Alexandre Després a vécu l’aventure de Panda Panda, une énergisante pièce jeune public de Larry Tremblay. En ce moment, il répète avec le Théâtre de la Pire Espèce pour reprendre le rôle créé par Geoffrey Gaquère dans Roland (la vérité du vainqueur), en tournée au Québec cette année, et dans lequel il manie les objets et se frotte au théâtre d’ombres dans un esprit tout aussi ludique et physique.

Il en va de même pour Vroom!, un solo qu’il signe sous le pseudonyme Daniel Audi-Dodge et qui lui demande de se livrer à une performance essoufflante, entre les manipulations d’objets, de marionnettes "bas de gamme" et les multiples changements de personnages. "J’ai découvert au Conservatoire que le jeu physique était l’une de mes forces. Et finalement, c’est vraiment mon monde. Vroom!, c’est très physique, très précis, mais aussi très façonné par l’imaginaire et le ludisme. C’est un peu un univers enfantin, dans le sens où le personnage a l’énergie et l’imaginaire d’un enfant. L’adulte, d’ailleurs, peut retrouver des traces de sa propre enfance en regardant le spectacle. Ce n’est pas du tout une pièce pour enfants, mais elle contient la folie propre à l’imaginaire de l’enfant. Il faut que le spectateur accepte de s’abandonner à son côté con et relâché."

L’histoire? Elle est classique, calquée sur la structure d’Hamlet. Un jeune homme rêve de course automobile, comme le voudrait son héroïque et défunt père, alors que sa mère, qui s’est réfugiée dans les bras d’un amant perfide, le voit plutôt pianiste et nourrit pour lui de grandes aspirations. "L’univers shakespearien, ça vient de Robert Drouin, avec qui j’ai travaillé à l’école des extraits de Vie et Mort du roi boiteux et qui voulait reprendre un peu de cette structure-là, en phase avec Shakespeare mais de manière tout à fait libre. Le reste vient de moi. J’ai fait un peu de course, et l’idée du piano vient de mon désir d’écrire un spectacle sur les symphonies de Beethoven. Dans mon esprit, chaque personnage a sa symphonie, qu’on entend parfois en arrière-fond ou que l’on voit exécutée au piano."

Ainsi, la quatrième symphonie, "la belle entre deux géants", est associée à l’amoureuse, alors que la troisième, "l’héroïque", appartient au spectre du père. Et ainsi de suite. "Je me suis vraiment payé un trip musical, le personnage se prend par moments pour un chef d’orchestre. Mais tout ça de manière ludique, sans se prendre au sérieux."

N’empêche que, malgré le ludisme et l’absence de prétention, la pièce propose un joyeux bordel de références à travers lequel le spectateur est invité à faire son chemin. Certains y ont vu des ressemblances avec l’univers de Chaplin ou de Bugs Bunny, soulignant au passage les vertus humoristiques de la proposition. "Effectivement, les gens reconnaissent plein de choses et ont beaucoup de plaisir là-dedans. C’est très ouvert."