Daniele Finzi Pasca : Dr Clown
Scène

Daniele Finzi Pasca : Dr Clown

Poursuivant son long parcours autour du monde avec son personnage de clown guérisseur, le metteur en scène et comédien Daniele Finzi Pasca s’arrête à Montréal pour quelques représentations d’Icaro. Objectif avoué: vous émouvoir et vous faire pleurer.

Peut-être est-ce dû au souvenir de sa grand-mère revenant du cinéma les yeux rougis d’avoir trop pleuré devant la "beauté" des films, mais le clown et metteur en scène italo-suisse Daniele Finzi Pasca carbure à l’émotion. Il le dit sans ambages: son objectif premier est de voir ses spectateurs pleurer. "Je veux aussi faire rire, bien sûr, mais je préfère vraiment émouvoir. Il y a des clowns rock’n’roll; moi, je suis un clown tango. Je suis un grand nostalgique. Et pour moi, la nostalgie, ce n’est pas toujours un retour en arrière. On peut retourner à la maison tout en marchant vers l’avant. Dans ce sens-là, la nostalgie est un moteur qui ne transporte pas de grands chagrins, juste de l’émotion et de la beauté."

Icaro, cette pièce intimiste dans laquelle Finzi Pasca s’accompagne d’un spectateur choisi au hasard dans la salle, se passe aujourd’hui de présentation. Le spectacle tourne depuis maintenant près de 20 ans, et pour son interprète, il est devenu une seconde nature, mais aussi un entraînement, un temps d’arrêt nécessaire en plein coeur de ses autres activités, toujours plus grandioses les unes que les autres.

Il a signé les plus grands succès du Cirque Éloize et fréquenté le Cirque du Soleil, avant de mettre en scène la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Turin en 2006 et une pièce acrobatique inspirée de Tchekhov, en Russie, cette année. Il ne voit pourtant pas poindre à l’horizon le jour où il cessera de retrouver son costume de clown et la scénographie toute simple d’Icaro, cette pièce qui a jeté les bases de sa vision humaniste du théâtre. Icaro, à ses yeux, est un clown guérisseur. Il l’a d’ailleurs fait naître à 18 ans à Calcutta, alors qu’il travaillait dans les mouroirs auprès de mère Teresa.

Inspiré du mythe d’Icare, le spectacle propose l’évasion dans l’imaginaire et la recherche de liberté. Il adressait d’abord ce discours à des malades emprisonnés dans leur corps et contraints à bien des impossibilités, mais rares sont les malheureux que la proposition ne séduit pas. "L’imaginaire, pour moi, n’est qu’une partie de la réalité. Il y a énormément de possibilités de réalités qui se croisent, et l’imaginaire n’en est pas exclu. Il faut aller au-delà de la première couche de réel et être sensible aux degrés d’imaginaire présents dans notre réalité. C’est cette profonde expérience du réel que je propose."

Chaque fois que Daniele Finzi Pasca entraîne un "spectateur privilégié" dans son aventure, sous le regard attendri du reste de la salle, il se produit quelque chose d’unique. Certains sont même devenus de vrais amis, comme ce professeur de philosophie uruguayen qui fut son assistant sur des projets de recherche autour de Tchekhov. "On se choisit mutuellement dans l’amitié, et ça se fait lentement, à coups de beaux gestes. Je suis passionné par l’amitié. Comme le dit le dicton italien, quand tu as un ami, tu as un trésor." Rien à ajouter à de si belles et grandes vérités.