Cabaret Bio Dégradable : Toute la vérité, rien que la vérité
Scène

Cabaret Bio Dégradable : Toute la vérité, rien que la vérité

Le Cabaret Bio Dégradable débarque en ville, autobiographies sous le bras, et vient nous prouver que, en humour comme ailleurs, la réalité dépasse souvent la fiction.

Un bon humoriste doit d’abord compter sur un excellent scripteur pour faire rire le public. Le producteur et idéateur du projet Cabaret Bio Dégradable – Les écrits restent, Didier Morisonneau, lui, ne s’est pas creusé la margoulette pour inventer ses gags. En fait, il n’a rien inventé du tout. Son matériel? Quelque 20 000 pages d’autobiographies d’artistes québécois, de Mario Pelchat à Marie-Chantal Toupin, de Martin Stevens à Andrée Boucher, en passant par Michèle Richard, Danielle Ouimet et Chantal Pary.

L’idée n’est pas nouvelle, mais inédite au Québec. C’est Eugène Pack, un producteur américain, qui a le premier créé le show Celebrity Autobiography: In Their Own Words en 1998. Présenté à New York régulièrement, le spectacle continue de faire un tabac chez nos voisins du Sud. Et le même phénomène s’est produit à Montréal, alors que certains ont qualifié le Cabaret de meilleur spectacle du Festival Juste pour rire 2009.

Si on se bidonne solide à la lecture de ces extraits d’autobiographies, c’est parce que c’est… vrai! "C’est drôle parce que c’est vrai", avance le Justicier Masqué Sébastien Trudel, appuyé par son complice Marc-Antoine Audette. "On a les meilleurs scripteurs au monde, des humoristes involontaires! Ça ne s’invente pas, des trucs pareils… C’en est tellement absurde que ça devient vraiment très drôle."

Des exemples? Andrée Boucher (l’actrice et non la mairesse) qui raconte pendant 14 pages un lavement qui a mal tourné, Marie-Chantal Toupin qui s’étend de long en large sur les brocolis ou encore Julie Lemay, la gagnante de la première édition de Loft Story, qui écrit: "Lundi 6 octobre 2003. C’est fou, juste écrire la date d’aujourd’hui m’a demandé réflexion." Récités sobrement par un panel d’acteurs réunissant, entre autres, Rémi-Pierre Paquin, Pierre-Luc Brillant, Sylvain Larocque et Les Justiciers Masqués, ces extraits font crouler de rire un public qui n’en croit pas ses oreilles.

Rire des autres, c’est pas fin, non? Est-ce que Les Justiciers Masqués se sentent mal à l’aise? "Nous? Ben non!" répondent en riant ceux qui sont devenus célèbres pour leurs coups de téléphone à des personnalités connues. "Il y a vraiment un courant de rectitude politique au Québec", enchaîne plus sérieusement Sébastien. "C’est tabou, rire des artistes! Mais là, tu n’as même pas besoin d’inventer une joke pour rire d’eux, ils le font tout seuls!"

Se défendant de rire de la culture "populaire" – les victimes se trouvent autant de ce côté que chez une certaine "élite" comme Denise Bombardier -, Didier Morisonneau dit plutôt vouloir dénoncer l’ego démesuré de certains artistes qui croient que leurs moindres faits et gestes sont dignes d’intérêt… et le gaspillage de papier. À cet égard, le Cabaret Bio Dégradable remet depuis le début de son aventure une partie de ses recettes à Arbres Canada, "pour redonner à la nature ce qui lui a été volé", illustre Sébastien. Bref, de conclure Marc-André, "on ne plante pas des artistes, on plante des arbres!"

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L’humour absurde, rire des vedettes, les arbres