Les Têtes Heureuses : Les mondes imaginaires
Scène

Les Têtes Heureuses : Les mondes imaginaires

"Les autres, qu’est-ce qu’ils sont? Ils sont une traînée de déchets", dit cruellement un personnage de Soudain l’été dernier, de Tennessee Williams. Et c’est au coeur de cette pièce terrible que plongent, cette année, Les Têtes Heureuses.

Pour cette compagnie de théâtre trentenaire, cette première incursion dans la dramaturgie américaine allait de soi. "On ne peut pas passer à côté de la puissance de ce texte et de cet auteur qui nourrira par la suite toute la dramaturgie occidentale et qui donne une image de la société sans compromis", dira Rodrigue Villeneuve, metteur en scène.

Étonnamment, Williams est victime de préjugés – vieillot, suranné, démodé – alors que, dans les faits, ce dramaturge n’est décédé qu’au début des années 80. Résolument contemporain, il réunit pourtant les grands thèmes de la littérature dramatique (et des romans et du cinéma) qui sont encore le coeur de bien des oeuvres d’aujourd’hui (folie, sexualité, violence, argent et Dieu) pour créer un drame détonnant, une tension insoutenable, un miroir terrifiant de l’être humain.

Car ce qui est mis en scène, c’est le dédale de la recherche de la vérité sous le couvert de la maladie mentale, l’asphyxie par le mensonge et l’illusion. "Une tragédie authentique pour le temps présent."

Évidemment, monter une telle pièce comporte ses exigences propres, notamment celle de réunir une équipe d’interprètes solides. Encore une fois – et peut-être de façon encore plus marquée cette année! -, Les Têtes Heureuses donneront à voir une riche distribution composée de plusieurs générations de comédiens: Éric Renald, Dominique Breton, Martin Giguère, Dave Girard et Maude Cournoyer. Parmi ceux-ci, Lucille Perron, dont il faut noter le retour sur les planches après une absence de près de 20 ans.

Si la distribution peut paraître nouvelle à bien des égards, cette production repose aussi sur une équipe de concepteurs qui font, depuis déjà plusieurs années, la marque des Têtes Heureuses, tels que Michel Gauthier à la scénographie, Yasmina Giguère aux costumes, Patrice Leblanc à la conception sonore et, finalement, Alexandre Nadeau aux lumières.

Ce sera donc sur une scène toute de blanc parée (et qui pourra, du coup, refléter mille couleurs) que se déroulera ce combat à la vie à la mort entre une mère très riche qui idéalise son fils, tragiquement disparu l’été d’avant, malgré le témoignage déconcertant de sa nièce, témoin d’événements pour le moins étranges, et internée depuis.

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ET AUSSI…

À la veille de fêter leur 30e anniversaire, Les Têtes Heureuses proposent une véritable saison théâtrale en présentant, l’hiver prochain, outre Soudain l’été dernier, deux autres petits spectacles particulièrement attendus. Notes sur la mélodie des choses de Rainer Maria Rilke sera mis en scène et interprété par Rodrigue Villeneuve, alors qu’Hélène Bergeron remontera elle aussi sur les planches après de nombreuses années d’absence, dans La Mi-Temps, un texte écrit et mis en scène par Jean-Paul Quéinnec.