Théâtre CRI : Émerveillements maternels
Scène

Théâtre CRI : Émerveillements maternels

Une mère et une fille en errance dans un lieu d’où émergent les souvenirs. Un huis clos percutant et tragicomique entre deux univers en complémentarité ou en confrontation… Bref, le cirque du lien filial, exploré dans Petites Histoires avec une mère et une fille dedans.

S’il est une nécessité, dans le théâtre de recherche, c’est la capacité de remettre en cause les codes et les conventions, d’explorer le jeu jusqu’aux confins de la forme et de la scène. En ce sens, le Centre de recherche en interprétation (CRI) fait figure de phare et réussit, de fois en fois, à surprendre et à remettre en question tant la pratique que la société. Cette année, place aux Petites Histoires avec une mère et une fille dedans, qui s’introduisent sans complaisance dans les contradictoires rapports mère-fille, sous la plume de Marie Christine Bernard (dont c’est la première véritable incursion du côté du théâtre). Un plongeon dans un sujet universellement connu et pourtant peu traité.

HISTOIRE DE SYNCHRONIE

Alors qu’Émilie Gilbert-Gagnon venait de terminer ses études de maîtrise par une brillante mise en scène de Beauté mécanique (d’après le disque du groupe Plywood 3/4), la directrice du CRI, Guylaine Rivard, séduite par l’esthétique et la qualité plastique du spectacle, l’invitait tout de go à prendre en charge une prochaine création du théâtre.

Après quelques rencontres entre la metteure en scène et les deux comédiennes imposées (Marilyne Renaud et Guylaine Rivard elle-même), où les discussions ont tracé les contours de ce riche sujet que sont les relations mère-fille, le hasard plaça sur leur route, au cours d’une séance photo, l’auteure Marie Christine Bernard, qui se penchait elle aussi sur cette matière, de son côté, tout en cherchant une façon efficace de l’exprimer. Une synchronie parfaite où les mots trouvaient enfin un réceptacle fécond.

D’ébauche en ébauche, d’ajouts en retraits, le texte fut analysé, validé, commenté, prenant à chaque nouvelle version une dimension de plus en plus interrogative qu’endosse Émilie Gilbert-Gagnon: "Même si le sujet pouvait sembler lourd, il était important pour moi de rester dans le problème et non pas dans les solutions."

UN UNIVERS PLASTIQUE

Pour la metteure en scène, il va de soi que ce projet soit dans la même veine que ses expériences antérieures et qu’il traite, lui aussi, du "désenchantement par l’esthétique de l’émerveillement". Pour arriver à cette fin, elle aborde la thématique par l’entremise d’inspirations aussi diverses qu’hyper-théâtrales, tels le cirque et le cinéma d’animation, deux genres qui proposent généralement des personnages plus grands que nature. Créant de multiples effets de contraste, elle présente un univers résolument stigmatisé par le spectaculaire malgré des moyens limités… ce que Guylaine Rivard résume en quelques mots bien choisis: "Du grandiose minimaliste!"

À la différence de ses productions précédentes, cette esthétique de l’émerveillement délaisse la forme – qui demeure toutefois fort importante – et s’incarne principalement dans le corps et le jeu des comédiens. Une exploration rigoureuse et réfléchie (au dire même et de la directrice artistique, et de la metteure en scène) qui laisse néanmoins beaucoup de place aux interprètes. "Émilie, à la base, travaille à partir de nos forces et de nos capacités. Ça nous donne la chance de participer activement à la création, de faire des propositions", confie Marilyne Renaud.

La petite équipe de production est complétée par Boran Richard qui officie, d’une part, à titre de concepteur de l’espace et de la lumière (imaginés au gré des besoins exprimés en répétition) et, d’autre part, à titre d’assistant à la mise en scène. Une présence importante pour la metteure en scène. "Il amène beaucoup au spectacle avec son oeil de photographe, son expérience dans les films d’animation, sa manière de construire les images. En plus, il a réussi à trouver sa place dans cette belle équipe de filles pour y apporter un côté plus brut, plus cru, qui aurait peut-être fait défaut sans lui."

Un projet qui s’annonce flamboyant et qui promet d’être l’un des temps forts de la présente saison!

À voir si vous aimez /
Adieu beauté, Beauté mécanique, les productions antérieures du CRI

ooo

À SUIVRE…

Depuis quelques mois, le Théâtre CRI s’active également à monter une nouvelle production pour marquer le centenaire de naissance d’Arthur Villeneuve. Axée sur la vie de ce peintre-barbier emblématique et de sa famille, elle sera présentée à compter de l’été prochain à La Pulperie de Chicoutimi.