La fuite des choses : Pour la fuite des choses
Scène

La fuite des choses : Pour la fuite des choses

Deux théâtres dont l’alliance est toute naturelle; un texte poétique et une production. Ainsi va la vie pour Guylaine Rivard et Vicky Côté, maîtresses d’oeuvre de La fuite des choses…

Il y a quelques années, Guylaine Rivard (Théâtre CRI) a hébergé, dans le cadre d’une soirée de poésie tenue à Jonquière, un jeune poète de Sherbrooke, Étienne Provencher-Rousseau. Pour la remercier, celui-ci lui a laissé un recueil de ses textes, Cratères, qui a vite trouvé un écho dans les idées artistiques de cette lectrice sensible.

Après avoir songé à quelques reprises à faire passer cette oeuvre à la scène, après avoir proposé l’idée à Vicky Côté et trouvé en elle – et, parallèlement, dans le Théâtre À bout portant – une collaboratrice efficace, ce sera désormais chose faite. "Ça allait de soi qu’on travaille ensemble, Vicky et moi. Il y a chez nous deux un peu la même préoccupation du corps de l’acteur, du jeu dans la création."

Du coup, La fuite des choses sera un spectacle dans la droite lignée de ceux auxquels ces deux compagnies nous ont habitués: rigoureux, physique, en quête d’un langage scénique toujours poussé un peu plus loin.

"Nous nous sommes concentrées sur une partie du recueil seulement, celle où l’auteur raconte comment, de jeune enfant, il est devenu adulte. Comment il est passé d’une vie normalisée, codée par ses parents, par la société, à une vie dans une certaine marginalité", raconte Rivard.

"C’est une valse poétique entre le comique et la douce réflexion. De l’ordre de la métaphore entre l’enfance et le vieillissement. Le spectacle n’est donc pas construit de façon linéaire, narrative. C’est plutôt une succession de tableaux éclatés…" relate Vicky Côté qui, en plus de jouer, signe également la conception sonore de cet objet théâtral à venir.

Ce texte "en dehors de la marge" allait, par sa transposition scénique et par une extension toute théâtrale, leur donner naturellement un cadre d’exploration, une piste de recherche, un contexte de laboratoire: sortir elles aussi des normes et des conventions scéniques et partir dans une interrogation de l’espace, du dialogue entre les interprètes et leurs différentes aires de jeu.

Pour ce faire, elles ont demandé à l’artiste Sonia Robertson d’élaborer un véritable in situ théâtral, un "terrain de jeu pour comédiens" dans lequel les trois interprètes (Vicky Côté, Éric Chalifour et Élaine Juteau) se glisseront à travers les spectateurs et seront soumis aux imprévus, à l’inattendu inhérents à de telles entreprises. Guylaine tient à préciser: "On veut que le public s’interroge. Que tout au long de la représentation, il se demande où est la scène… où est le spectacle."

Le mot de la fin ira à Vicky, encore plongée au coeur même de la création: "Ce spectacle sera sûrement une expérience de spectateur en raison de la proximité qui sera convoquée. Ce sera vraiment une chance de voir une pièce qui n’est pas dans un format conventionnel!"