Jacques Brunet : Le bon père
Scène

Jacques Brunet : Le bon père

De retour depuis peu à Trois-Rivières, le comédien Jacques Brunet ne cesse de se faire courtiser par les metteurs en scène du coin. Après Hamlet et Amadeus, il plonge dans Tit-Coq de Gratien Gélinas.

"Je n’ai jamais quitté le théâtre. En fait, on dirait que c’est le théâtre qui ne veut pas me quitter", clame le comédien Jacques Brunet qui, malgré une carrière de musicien à Montréal, puis d’enseignant au secondaire, s’est toujours réservé du temps pour monter sur les planches. Ces jours-ci, il se joint au Théâtre des Nouveaux Compagnons pour présenter Tit-Coq de Gratien Gélinas.

Tit-Coq raconte l’histoire d’un soldat orphelin qui, lors des fêtes de Noël, s’éprend d’une jeune fille issue d’une famille nombreuse et unie. Or, après sa rencontre, il apprend qu’il doit aller combattre en Europe. La belle, sous la pression de ses parents, prendra malheureusement mari avant qu’il ne revienne du front.

Dans cette mise en scène de Nicole Poisson-Trudel, Brunet incarne le Padre, ou l’aumônier. "Tit-Coq a été élevé dans des orphelinats et il a beaucoup de difficulté à entrer en relation avec les gens. Il est toujours sur ses gardes. Le seul avec lequel il se lie d’amitié, c’est le Padre. La relation entre les deux est très paternaliste. Le Padre, c’est le père qu’il n’a jamais eu et qu’il aurait aimé avoir."

Le comédien évite cependant de tomber dans la caricature du bon père de famille. "Le Padre, ce n’est pas le père, même si on pense que ça pourrait être ça", insiste-t-il. "C’est plus un mentor qui prend Tit-Coq sous son aile et qui l’amène à voir clair dans la vie."

Écrite à la fin des années 1940, l’oeuvre de Gélinas évoque entre autres la crise identitaire vécue par les Canadiens français au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Un sujet toujours d’actualité? "L’Église avait un rôle énorme dans ces années-là, qu’elle n’a plus aujourd’hui. Donc je ne sais pas si je peux dire que c’est moderne… Par contre, aujourd’hui, on peut voir énormément de familles éclatées ou dysfonctionnelles. Comme Tit-Coq, beaucoup d’adolescents – je le sais parce que j’enseigne – veulent avoir ce genre de grosses familles qui existaient à l’époque."