Angoisse cosmique ou Le jour où Brad Pitt fut atteint de paranoïa : Brad est mon berger
Scène

Angoisse cosmique ou Le jour où Brad Pitt fut atteint de paranoïa : Brad est mon berger

Pour le Carrefour international de théâtre, Michel Nadeau met en scène Angoisse cosmique ou Le jour où Brad Pitt fut atteint de paranoïa. Avouez-le, le seul titre vous convainc.

Derrière le clinquant de son titre, Angoisse cosmique ou Le jour où Brad Pitt fut atteint de paranoïa s’attarde à un sujet difficile d’abord: l’environnement. "La guerre, depuis quelques années, avec Philippe Ducros et Wajdi Mouawad, par exemple, est devenue un thème récurrent", souligne le metteur en scène Michel Nadeau. "Mais l’environnement, particulièrement le réchauffement climatique, est un sujet qui, bien qu’il englobe toute notre civilisation occidentale, demeure très peu abordé."

Angoisse cosmique, du Danois Christian Lollike, c’est A, B et C, dans leur loft avec écrans sur le monde, tout à coup saisis d’angoisse. "L’anecdote est assez simple, précise Nadeau. C’est trois personnes, fin vingtaine début trentaine, qui, inquiètes du sort de la planète, se demandent si on peut encore faire quelque chose. L’idée folle qu’elles ont, c’est que peut-être Brad Pitt pourrait faire un film qui éveillerait les gens à l’importance d’agir."

Tout au long de la pièce, nous verrons le trio jouer à Brad Pitt (que ferait l’acteur dans telle situation?), jouer à être des réfugiés climatiques, aussi, ou une Chinoise dans une usine, présentant ainsi le problème sous différents angles. "Ce n’est pourtant pas une pièce à thèse. C’est une comédie ironique, qui critique autant le désengagement que le côté hyper militantiste de certains environnementalistes ou le discours alarmiste, si alarmiste parfois qu’on a l’impression qu’on ne peut plus rien faire. C’est un sujet qui peut être récupéré par des organisations, par des idéologies. Le climat, aujourd’hui, c’est le nouveau Dieu, la nouvelle religion; au lieu de pécher par la chair comme en 1950, on va se sentir coupable d’avoir une grosse voiture ou de voler vers Cuba."

Seul hic: ne sommes-nous pas usés? L’environnement, on en parle tellement qu’on se demande si on n’a pas atteint le point de saturation, passé lequel plus aucune information supplémentaire ne peut être enregistrée. Pour Michel Nadeau, la force de la pièce réside dans le ton adopté. "La supériorité du rire par rapport au drame, c’est qu’on peut aller beaucoup plus loin pour parler de choses graves, parce qu’on rigole. Mais le problème demeure entier."

Le danger, dans ce cas, n’est-il pas que le spectateur mette ces personnages à distance, qu’il se contente de rire d’eux sans entendre la gravité du propos? Comment ne pas transformer la pièce en une simple farce? "Il y a une distance, mais Lollike vient par la bande nous chercher. Derrière son ironie, il y a une sensibilité réelle, un humanisme, qui dépasse le simple humour noir. C’est sa façon de décaper le regard par rapport à un problème qui s’émousse."

En parallèle au spectacle se tiendra l’événement Les héros de l’ombre, inspiré du photographe français JR. On a demandé à 20 personnalités de la ville de choisir une personne plus ou moins connue qui change son milieu. "Nos personnages à la fin sont écrasés par leur angoisse cosmique, environnementale, et s’en tirent avec un certain cynisme. En contrepoint de ça, l’événement vient dire: il est possible de faire quelque chose."

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