Marc Béland : Ainsi soit-il
Séduit par leur jeunesse mais aussi par la liberté dont ils jouissent, Marc Béland dirige les jeunes comédiens du théâtre Le Mimésis dans Le chant du dire-dire de Daniel Danis. Une première communion qui trouvera écho en l’église de l’Immaculée-Conception.
Un sanctuaire immense, immaculé, silencieux. En son coeur, le repaire de trois frères et une soeur, doublement orphelins, qui s’y sont réfugiés après le décès de leurs parents adoptifs, frappés par la foudre. Rejetés par leurs semblables, ils tentent d’y fonder une "société d’amour".
Pour leur deuxième production (après Le chemin des passes-dangereuses au Bain Saint-Michel en 2011), Guillaume Regaudie, Louis-Philippe Tremblay et Yves-Antoine Rivest du théâtre Le Mimésis ont une fois de plus choisi un lieu non conventionnel.
Avec leur contribution, le metteur en scène Marc Béland a voulu le mettre en contexte: "On est parti du principe que les orphelins ont fui leur village pour trouver refuge dans une église et qu’ensemble, ils nous racontent leurs déboires." Ceux de Noéma (Marie-France Bédard), partie à la conquête des villes en chantant et revenue malade, sans voix. "Symboliquement, cette soeur représente l’âme de la famille, mais aussi l’état de la Terre. Dans la volonté qu’ont les trois frères de la protéger, je vois une métaphore de notre planète: va-t-elle survivre? Est-ce que nos soins d’amour suffiront? Faut-il l’emmener à l’hôpital?" soulève Marc Béland, qui a déjà participé à une résidence d’auteur avec Daniel Danis pour le théâtre Les Deux Mondes.
Organisés en tribu autour de leur "maison-cocon" représentée par un lit superposé, les quatre marginaux racontent avant tout une histoire de rébellion. "Ils se sont retirés du monde, mais ils défendent leur droit à l’existence, à la liberté de parole. À travers une espèce de rituel de survie qui s’apparente aux rituels païens ou amérindiens qui font intervenir les éléments, ils affirment leur résistance. Ils refusent de capituler sur leurs croyances."
Dans leur univers, le tonnerre, la pluie, mais aussi un torrent de paroles passent à travers un émetteur, le dire-dire. L’étrange instrument de cuivre, imaginé par leur mère et fabriqué par leur père, est destiné à faire surgir la parole hautement poétique de ces enfants perdus. "On imagine qu’ils ont grandi avec des parents originaux qui leur ont appris à s’exprimer à travers le dire-dire. Ce n’est pas une langue extraordinaire entre eux, c’est une langue incarnée."
Elle-même ritualisée par le geste théâtral, la fable de Daniel Danis trouve ici, avec une église pour décor et des chandelles pour éclairage, un écho symbolique et sacré. "Le rituel païen se superpose au rituel religieux. Une sorte d’opposition apparaît chaque fois que des paroles ou un geste violents sont commis", observe le metteur en scène. "La pièce cherche à ritualiser nos sensibilités. L’Église en fait autant. À travers le rituel, on cherche à trouver une transcendance à nos existences. Le théâtre joue le même rôle. C’est une sorte de recueillement nommé différemment. Les mots changent, mais la quête est la même."
Du 26 septembre au 20 octobre à 20h
À l’église de l’Immaculée-Conception