Sèxe illégal : Sèxe bombes
Scène

Sèxe illégal : Sèxe bombes

Le duo Sèxe illégal prend d’assaut Gatineau pour y conduire une série d’expérimentations rock. Parce que le rock suscite des sentiments comme le «wow», le «yeah» et le «woohoo», semble-t-il.

Au bout du fil, Paul Sèxe, guitariste et swagueur en règle de Sèxe illégal, se révèle affable et confiant, tel un paon dans une basse-cour. Quand Voir s’enquiert du but précis de ces trois soirs de «rodage» gatinois, il s’empresse d’expliquer: «On est là pour tester du stock. Comme ce n’est plus légal de tester du stock sur des animaux, on s’est dit qu’on allait venir dans votre région pour déballer tout ça. Vous êtes en même temps chanceux pis des cobayes.»

Après quelques secondes de réflexion, il ajoute: «C’est juste nous autres qui jouons notre musique autrement. On va venir parler des causes qui nous tiennent à cœur, de nos fondations. On veut transmettre le rock au maximum de monde.»

Surtout qu’il trouve Gatineau d’une grande platitude. «Me semble que les fois où on est allés à Gatineau, c’était ben poche. Je pense que Gatineau est prête à avoir du fun. On va se donner à fond, faque c’est sûr que le monde va capoter. Quand le monde capote, après on filme ça et tout le monde pense que tout le monde capote.»

Coulés dans le rawk

Avec des titres comme Kool-Aids, Chienne et Jack Johnson, issus de 40 ans dans l’chant, le tout premier album du duo, paru l’automne dernier, les deux musiciens s’inspirent des plus grands noms du rock’n’roll pour raconter leurs histoires touchantes. «On est à la base un band de rock, même si on a déjà plongé l’orteil dans la piscine municipale du techno plusieurs fois sans avoir peur d’avoir frette. Je suis guitariste même si je joue du clavier à plusieurs reprises. Et Tony (Légal) chante le rock, il croone le rock. Il fait pas des voix de robot comme Cher.»

Techno? Mais n’est-ce pas là de la musique de douches? Sèxe rétorque: «On parle pas du techno cheap du monde qui ont des gros chars lettes. On parle du techno à l’aube des années 1980. Le vrai techno de dans le temps que c’était dangereux d’en jouer à Berlin. Pas le genre que tu fais jouer dans ton char pimpé.»

Reste que malgré les quelques lignes de clavier, les intentions musicales du duo se veulent on ne peut plus universelles. C’est pourquoi le rock devient leur planche de salut. «On est international, même si on invente des langues à chaque jour. On suit les courants marins, comme les tortues bizarres dans le film. Le rock, c’est comme un bruit de gun: tout le monde sait c’est quoi.»

Sèxe 2.0

Créateurs de la websérie Big Yellow Mustache, téléréalité multigenre qui s’articule autour des vérités des deux bougres – éducation, affaires publiques, opinion –, Paul Sèxe et Tony Légal sont devenus, au fil des derniers mois, les musiciens les plus présents sur la Toile. Coïncidence? «En fait, c’est le meilleur moyen de rejoindre les jeunes, explique Paul. Astheure, tout ce qu’ils font, c’est se masturber avec leurs machines à iPhone. Le but, c’est non seulement de prendre le marché de l’humour, mais aussi de peut-être remplacer la pornographie à un moment donné.»

Il conclut: «Faut jouer sur le même terrain que les gens qui ont de l’argent. Je crois que les gens ont envie de savoir comment on vit notre vie en Chine ou à Istanbul.»