Falstaff, à l'Opéra de Montréal : Signé Marie-Nicole
Scène

Falstaff, à l’Opéra de Montréal : Signé Marie-Nicole

La contralto Marie-Nicole Lemieux revient à l’Opéra de Montréal pour y incarner Mlle Quickly, un personnage devenu pour elle un rôle signature.

C’est dans une cafétéria toute simple que je rencontre Marie-Nicole Lemieux, mais c’est pour parler d’un rôle qu’elle reprendra bientôt à l’Opéra de Montréal après l’avoir tenu, en début d’année, à La Scala de Milan (où l’opéra fut créé en 1893). «C’est vrai, j’ai commencé l’année là-bas, l’année Verdi! En effet, on célèbre cette année le bicentenaire de la naissance du compositeur. La Scala, évidemment, c’est très présent dans l’imaginaire collectif, mais une fois sur place on découvre un mode de travail qui est très peu valorisant pour les artistes, alors c’est assez difficile…»

Lorsqu’on lit des critiques des productions de Falstaff dans lesquelles la contralto québécoise tient le rôle de Mlle Quickly, son nom revient constamment, bien qu’il ne s’agisse pas d’un premier rôle. «Mis à part celui de Falstaff, explique-t-elle, les rôles sont distribués assez également, mais ça reste un personnage qui est très présent, et assez truculent; l’écriture vocale est parfaite pour moi, je pourrais le chanter la tête à l’envers! C’est un rôle qui est dans l’action et qui demande une grande précision musicale, alors ça vient chercher tout ce que j’aime.»

Son premier Falstaff, c’était à Francfort en 2003: «Quand je l’ai fait, j’ai dit à mon agent que ça c’était un rôle pour moi, c’est le rôle qui m’a réconcilié avec l’opéra.» Ce rôle lui va si bien qu’il semble avoir été écrit pour elle. «Mais je suis resté longtemps sans le refaire après cette première fois. Cinq ans. Et quand je suis retombée dedans, c’était comme si je l’avais fait la veille.» On la réclame maintenant un peu partout pour enfiler les robes de Mlle Quickly. «Ça m’ouvre certainement des portes, et je dois dire que j’en suis au point où je peux me permettre de n’accepter que les grandes salles. Je vais bientôt le refaire à Toronto, parce que c’est la reprise de la coproduction Scala-Covent Garden-Canadian Opera Company, avec la mise en scène de Robert Carsen, que j’adore, mais la fois suivante, c’est en 2016 au Staatsoper de Vienne, dans une nouvelle production sous la direction de Zubin Metha, et ça doit faire 20 ans qu’il n’y a pas eu de nouvelle production là-bas!»

Juste après Falstaff, on pourra voir Marie-Nicole Lemieux à Montréal avec l’Orchestre Métropolitain et Yannick Nézet-Séguin pour Mahler (Kindertotenlieder) et Wagner (Wesendonck Lieder et la Mort d’Isolde): «Oui! Ça fait 13 ans que je n’ai pas chanté avec Yannick; il était bébé-chef et j’étais bébé-chanteuse! 13 ans qu’on attend… Il m’a demandé à Rotterdam, à Philadelphie, mais je n’étais jamais libre. On est tellement content!» Elle prépare aussi le programme d’un récital qui s’intitulera La passion Lemieux, comme le disque que vient de faire paraître Naïve,  «Ça paraîtra en 2014 en Europe et je ferai un récital-fleuve autour des musiques de ma vie.»

Et encore, parmi les projets, un contrat de «ligue des champions» au Festival de Salzbourg, pour le rôle d’Azucena dans Il trovatore (encore Verdi) au côté d’Anna Netrebko et de Placido Domingo! «Je suis l’inconnue là-dedans, commente-t-elle modestement, mais c’est grâce au chef Daniele Gatti, qui m’aime beaucoup. À partir de 2014, je dois le dire, ce ne sera que des belles maisons, que des grands rôles!»

On pourrait bien ne pas avoir l’occasion de la revoir sur les planches de l’Opéra de Montréal de sitôt!