Villes / Olivier Ducas : Urbanité en série
Scène

Villes / Olivier Ducas : Urbanité en série

Olivier Ducas, du Théâtre de la Pire Espèce, est un irrémédiable urbain, mais la ville contemporaine l’inquiète la plupart du temps. Dans Villes, spectacle de théâtre d’objets réalisé avec la scénographe Julie Vallée-Léger, il en fait un portrait démultiplié.

Tourisme. Décroissance démographique ou surpopulation. Pollution. Défis d’urbanisme. Étalement urbain. Embourgeoisement. Les villes contemporaines sont loin d’être sans histoire. Partout dans le monde, la ville se redéfinit. Pour porter un regard englobant sur ses enjeux mais aussi pour en faire un portrait fantaisiste et amoureux, Olivier Ducas a imaginé une pièce fragmentaire dans laquelle défilent des maquettes de villes aussi diversifiées les unes que les autres, captées par une caméra qui en montre différentes perspectives. Essoufflant, le spectacle de théâtre d’objets, qu’il performe seul, est un one-man-show prodigieux à travers lequel le spectateur est invité à voyager à la vitesse grand V.

«J’ai eu envie de faire ce spectacle en lisant Les villes invisibles d’Italo Calvino, explique Ducas. L’idée est vraiment de faire des portraits de villes avec des petits objets sur table. Chaque ville est explorée pendant trois petites minutes: ce sont des archétypes de villes, construits à partir d’éléments emblématiques de l’urbanité contemporaine.»

C’est aussi un spectacle qui sollicite l’imagination du spectateur pour l’inviter à projeter sur ces évocations de villes des enjeux qui l’inquiètent personnellement et qui font écho à sa propre réalité urbaine. Car les villes sont distinctes, mais, au fond, elles se ressemblent. Du moins sont-elles aux prises avec des problèmes similaires, dans un monde globalisé. «Ce ne sont pas toujours des villes en entier, précise Ducas, pas toujours des villes réelles. Parfois, les gratte-ciel peuvent évoquer tous les centres-villes d’Occident, parfois des univers plus proches de l’Orient. Je cherche à extraire de chaque ville une image forte, un coup d’œil signifiant.»

Le spectacle, qui s’est construit par étapes sur une très longue période, est porteur d’un constat plutôt pessimiste. «J’aime la ville profondément, dit Olivier Ducas, mais peut-être que c’est justement quand on aime une chose qu’on a tendance à la critiquer plus vertement. La ville contemporaine, c’est inévitable, est marquée par les difficultés du vivre-ensemble, par une certaine incommunicabilité. Julie et moi essayons tout de même de présenter chaque ville avec une certaine épaisseur, de ne pas lui faire dire une seule chose.»

Il s’agit aussi d’éviter de flirter avec les seules images des villes comme on le fait de plus en plus dans un monde virtualisé où, même sans avoir mis les pieds dans une ville, on pense la connaître parce qu’on l’a fréquentée virtuellement. «Entre l’image réelle d’une ville et l’image qu’on s’en fait à partir de la documentation disponible à son sujet, il y a souvent un gouffre. En ce sens, je pense que notre spectacle pourra faire réfléchir à une humanité perchée entre réel et virtuel, au rapport de moins en moins charnel et de plus en plus dématérialisé qu’on entretient avec les villes ou avec le monde.»

NOUVELLES REPRÉSENTATIONS MONTRÉALAISES:

Les 17 et 18 février 2016 aux Écuries

 

Aux Écuries du 9 au 26 avril 2014

La Pire Espèce présente aussi Petit bonhomme en papier carbone du 8 au 26 avril

Mise à jour, janvier 2015: le spectacle Villes sera présenté dans le cadre du Mois Multi de Québec les 6 et 7 février prochains au studio d’Essai de Méduse. Plus d’infos via moismulti.org