L'apologie du prince charmant à Zone Homa: une entrevue avec Julia Barrette-Laperrière
Scène

L’apologie du prince charmant à Zone Homa: une entrevue avec Julia Barrette-Laperrière

Comme la plupart des enfants de leur génération, Julia Barrette-Laperrière et Sébastien Provencher ont joué à la princesse et aux camions, développant chacun de leur côté un parfait comportement genré. Dans le spectacle L’apologie du prince charmant, ils remettent en question ces acquis culturels, déconstruisant au passage les personnages de Disney.

On l’a notamment vue danser chez Manon Oligny (avec qui elle partage visiblement un intérêt pour le détournement des personnages de Disney). Diplômée en danse de l’UQAM, Julia Barrette-Laperrière est aussi une surfeuse qui sait dompter les vagues et qui, en tant qu’athlète digne de ce nom, préfère une «danse performative» plutôt qu’une «belle danse». «Ce qui m’intéresse, au-delà du mouvement, c’est d’aller chercher une émotion ou un état de corps qui est authentique à l’interprète.»

Le mythe du prince charmant, dit-elle, l’intéresse «depuis très longtemps».  «Il y a une inadéquation parfaite entre ce qu’on montre aux petites filles – mettre des robes et attendre le prince charmant –  et ce qu’on montre aux petits gars: jouer aux autos. D’un côté, la passivité, de l’autre, l’action à tout prix. J’ai aussi du mal à m’identifier à l’image de la femme contemporaine, celle du magazine féminin; la femme aux talons hauts impossibles à porter, et la femme parfaite au travail comme à la maison. Je voudrais opposer à cela la possibilité du choix des comportements. Judith Butler dit que les comportements associés au féminin et au masculin sont acquis culturellement, par la répétition. On ne naît pas si différents l’un de l’autre.»

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S’inspirant de la gestuelle typique des princes et des princesses dans les films de Disney, le spectacle propose un choc entre ce monde factice, souriant, et la réalité souvent moins rose. Julia Barrette-Laperrière et Sébastien Provencher se régalent à reconstituer l’univers de Disney de manière très ludique, par moments. Mais ils aiment aussi détourner, déconstruire, pervertir, montrer l’autre côté de la médaille.  Et, surtout, ils inversent les rôles féminins et masculins, se jouant des stéréotypes de genre.

«On ne veut pas être moralistes», précise la chorégraphe. «On ne dit pas aux gens que Disney c’est mauvais et que les jeux genrés devraient disparaître. Mais dans notre utilisation exagérée d’accessoires roses et bleus, on propose une réflexion là-dessus. On utilise notamment beaucoup de jouets et d’accessoires du Dollarama. Dans le commerce de détail, la culture du jouet genré est encore très puissante et il me semble qu’on doit poser des questions à ce sujet.»

Des enjeux importants, abordés dans une pièce ludique, carburant à l’ironie et au second degré.

Le 17 juillet à 20h à la Maison de la culture Maisonneuve, dans le cadre de Zone Homa