L'Univers fantastique de Jean Leloup : De retour dans un instant
Société

L’Univers fantastique de Jean Leloup : De retour dans un instant

Jean Leloup a-t-il été censuré par Radio-Canada? C’est ce que croient ses fans, qui font circuler une pétition sur Internet. C’est pas facile quand la télé te laisse  tomber…

Le 3 octobre dernier, Radio-Canada devait présenter L’Univers fantastique de Jean Leloup, une émission spéciale d’une heure créée à partir des nouvelles littéraires de l’auteur-compositeur-interprète. Or, l’émission (que je n’ai pas vue) n’a jamais été présentée. La raison invoquée par Radio-Canada? «Le contenu ne convenait pas à notre public. Nous avons demandé à Spectra Images, producteur de l’émission, d’apporter des changements. Il nous était impossible de diffuser l’émission dans sa version originale», lance Évelyne Dubois, porte-parole de la société d’État.
Au nombre des images jugées trop osées par Radio-Canada, «des scènes de suicide récurrentes qui ne conviennent absolument pas à notre public», explique madame Dubois.
De leur côté, les fans de Leloup s’impatientent. Et se demandent si Radio-Canada refuserait de présenter Roméo et Juliette «parce que l’histoire comporte deux suicides». Ils font même circuler une pétition sur Internet afin de faire pression sur Radio-Canada pour qu’elle diffuse l’émission dans sa version originale mais à une heure plus tardive.
L’adresse est la suivante: www.iquebec.comVous cliquez sur la bannière Libérez Herbert (allusion au titre de la nouvelle Herbert au pays de Kunderwald).

Vous avez dit coincés?
Les lecteurs de L’actualité seraient-ils plus coincés que la moyenne? À la une de l’édition du 15 mars, on pouvait voir un corps de femme traversé par des vaisseaux sanguins et des muscles. Le but, évident, était d’illustrer le dossier principal, Le Corps de demain. La femme était photographiée de la taille en montant, dans une pose qui évoquait les illustrations d’un manuel de biologie. Une photo neutre, quoi.
Il faut croire que les lecteurs de L’actualité ont l’esprit mal tourné puisqu’ils ont vu dans cette photo une connotation sexuelle de très mauvais goût. Le courrier publié dans l’édition du 15 avril en fait foi. En voici quelques échantillons.
Un lecter de Toronto écrit: «Le facteur a voulu savoir si j’avais un abonnement à un magazine pornographique! Si vous aimez montrer des femmes nues en couverture, peut-être pourriez-vous apposer des autocollants sur les parties intimes. On pourrait les enlever si on souhaite vraiment voir ces choses-là!»
Une lectrice de Montréal s’indigne: «Nous lancer ainsi un sein à la figure est déplacé, gratuit et de mauvais goût.»
Une autre lectrice, d’Ottawa, cette fois, écrit: «J’ai été d’autant plus choquée par la présentation sans pudeur d’une poitrine de femme nue qu’il n’est pas question de seins dans l’article. Ce n’est pas parce qu’on y attache des vaisseaux sanguins ou qu’on y accole la mention "science" qu’on peut se permettre de publier impudemment, en couverture d’un magazine qui se respecte et qui respecte ses abonnés, des photos de femmes à la poitrine nue.»
Une dame de Saint-Eustache affirme pour sa part: «L’utilisation du corps de la femme que vous faites est abusive et sans rapport avec l’article, médical. C’est récupérateur et ça ne convient pas à L’actualité. Votre lectorat masculin serait-il en baisse? Moi, je suis déçue et ne lirai plus votre magazine.»
Enfin, un lecteur de Montréal écrit: «Votre couverture est surprenante et ça ne ressemble pas à L’actualité de montrer une femme nue pour attirer l’attention. Ce n’est pas tant la nudité qui me dérange, mais le fait que le magazine semble suivre la mode qui consiste à mettre du sexe partout (le sexe non plus ne me dérange pas).»
Et on se demande pourquoi nos magazines manquent parfois d’audace!

Coup d’oeil

George Clooney au petit écran
C’est le 9 avril, à 21 h, que le réseau CBS diffusera une dramatique inspirée de Fail Safe, un film réalisé par Sydney Lumet en 1964. L’histoire est celle d’une attaque nucléaire déclenchée accidentellement contre l’URSS. L’idée est de George Clooney et le défi est de taille puisque l’émission (tournée en noir et blanc) sera présentée EN DIRECT, comme on lefaisait dans les années cinquante. À la réalisation, le Britannique Stephen Frears (High Fidelity, My Beautiful Launderette). Outre Clooney, on y verra aussi Noah Wyle (ER), Harvey Keitel et Richard Dreyfuss. Bref, un must.

Les Grandes Institutions du Québec
À compter du dimanche 9 avril, la chaîne Historia présente une série de quatre documentaires d’une heure consacrée aux grandes institutions du Québec. Au départ, le thème est prometteur. Première institution: Saint-Jean-de-Dieu, «la maison des grands fous». On apprendra entre autres que l’institution était une municipalité en soi (Gamelin), avec sa ferme, ses terres et ses bâtiments. On passe également en revue certains traitements de l’époque comme les électrochocs. Parmi les gens interviewés, l’historien Robert Lahaise. Fils de psychiatre, il a grandi sur le site et faisait du tricyle dans les corridors de l’hôpital. Il raconte que Nelligan venait emprunter des livres à ses parents. Bref, l’heure regorge d’anecdotes et d’informations intéressantes. Malheureusement, la production est de piètre qualité. On a bâclé la réalisation et la recherche aurait pu être fouillée davantage. Idem pour les textes, qui auraient pu être peaufinés. Vérification faite, le budget de chaque heure tourne autour de 90 000 dollars. C’est très modeste. Voilà donc une des conséquences de la multiplication des chaînes (et c’est loin d’être fini: le CRTC a reçu plus d’une vingtaine de projets de chaînes numériques dont une consacrée à la sexualité, une aux gais et l’autre à la mode et au design).
Plus il y aura de réseaux, moins importants seront les budgets de production. Résultat: des documentaires produits à la chaîne comme dans une usine de saucisses, à la qualité discutable. L’autre danger, c’est de brûler des sujets. C’est ce qui se passe avec la multitude de biographies qui inondent notre télé. Une maison de production qui voudrait tourner un produit de meilleure qualité se fera répondre par les institutions publiques qu’eles ne subventionneront pas deux fois le même sujet. Or, la multiplication des chaînes est un phénomène irréversible. Les oiseaux de malheur qui annonçaient la dégradation de notre télé avaient-ils raison?
Début de la série: le dimanche 9 avril à 20 h, sur Historia (profitez-en, la période d’essai gratuit a été prolongée d’un mois). À venir: les magasins Dupuis Frères, le sanctuaire Notre-Dame-du-Cap et le pénitencier Saint-Vincent-de-Paul.