Élections présidentielles françaises : Saucisse, un candidat qui a du chien
Société

Élections présidentielles françaises : Saucisse, un candidat qui a du chien

Dans un peu plus d’un mois, la France devra se choisir un nouveau président. Entre socialistes, communistes et gaullistes, un candidat inattendu débarque dans la campagne comme un chien dans un jeu de quilles et se hisse désormais vaillamment dans les intentions de vote. Portrait d’un underdog visionnaire qui, d’un coup de patte, pourrait bien brouiller les cartes.

Qui est Saucisse?

"Saucisse est un jeune bâtard de teckel d’un peu plus de deux ans et demi, ce qui en âge d’homme équivaut à 18 ans. Il est donc majeur et peut remplir ses devoirs de citoyen. Des 24 candidats, Saucisse est à l’évidence le moins cabot: il ne ment pas, il ne se fout pas de la gueule des électeurs et il n’y a pas de risque de le voir retourner les poils de sa veste ou de le voir attacher ses chiens avec des saucisses. Son passé est irréprochable et il est incorruptible. Véritable modèle de vertu, Saucisse a les quatre pieds sur terre et ne réservera jamais de chien de sa chienne à ses détracteurs."

Pourquoi est-il devenu politichien?
"Saucisse est le chien-bouffon du roi. Sa candidature est avant tout ludique: ce n’est pas tous les jours que les électeurs peuvent jubiler en glissant un bulletin dans les urnes. Mais s’il est présent dans cette course à la présidence de la République, c’est surtout pour inviter les autres candidats à se regarder dans leurs miroirs et pour leur rappeler combien ils peuvent être ridicules et cabotins.

Loin d’être un débutant dans le domaine, Saucisse s’est déjà présenté à des élections municipales en 2001. Il avait obtenu 3,9 % des voix."

Quel est le programme de Saucisse?
"Il veut défendre une certaine idée de la citoyenneté. Saucisse est le digne représentant des déshérités de tout poil puisque, en plus d’être l’ambassadeur de la cause animale, il a été trouvé dans la rue et il est sans papiers.

Saucisse propose également des idées sur la reconnaissance de la citoyenneté animale. Défendre celle-ci, c’est défendre la citoyenneté de tous. Or, dans l’actuelle course au trône, les chasseurs et les écologistes sont certes présents, mais ils ne représenteront jamais les animaux."

Être candidat à une élection présidentielle, c’est mener une vie de chien. Comment Saucisse vit-il cette expérience?
"Contrairement à certains de ses concurrents, Saucisse n’a pas changé et n’a pas pris la grosse tête. Il ne bouffe pas tous les râteliers et se contente de manger comme à son habitude, un peu de pâtée avec du riz."

Saucisse possède un grand avantage sur ses concurrents; s’il jappe: "Waow, vise un peu la chienne!", il ne sera jamais taxé de misogynie. Pensez-vous que cela contribue à son succès?
"Qui sait… en tout cas, l’une de ses admiratrices est une dame de 84 ans qui prend le bus une fois par mois pour lui apporter une tranche de jambon.

L’idée de proximité est un des côtés les plus sympathiques de cette campagne. Depuis qu’il est connu, il reçoit régulièrement des petits colis au Cercle des amis de Saucisse: des paquets de biscuits ou des gâteries pour chiens.

Dans notre quartier de Marseille, beaucoup de personnes, du facteur au commerçant en passant par certains abstentionnistes et exclus, espèrent voir sa candidature confirmée."

Si Saucisse franchit l’étape du premier tour, qui soutiendra-t-il au second?
"Saucisse n’appellera pas à voter pour tel ou tel autre candidat. Il s’adressera à ses supporters en leur disant qu’ils ont fait montre de beaucoup de liberté en votant pour lui au premier tour et il les invitera à faire ce qu’ils veulent de leurs "voix-voix"."

Saucisse est-il politiquement correct?
"Les médias français ont du mal avec la candidature de Saucisse. Ils ne savent pas par quel bout la prendre. Malgré le précédent historique des élections municipales, il y a de l’inertie de leur part. À force de ne pas en parler, ils vont réussir à ce que l’on ne puisse pas aller jusqu’au bout. En fait, les médias semblent ne pas avoir envie de voir Saucisse dans les rangs. Ils savent que cette candidature est sérieuse, mais ils en ont peur car elle ne fait pas sérieux.

Quand on sait à quel point les médias sont complaisants avec tout ce qui peut faire de l’audimat, il est curieux qu’ils refusent de donner un écho à cette histoire. Cela fait deux fois que j’appelle la première chaîne privée du pays pour que la liste exhaustive des candidats apparaisse dans leurs journaux télévisés, mais j’ai un mal de chien à me faire entendre. Chaque fois on m’a répondu que si je n’étais pas content, je n’avais qu’à me présenter devant la justice. Légalement, le préjudice est avéré, mais que peut-on faire?

Être outsider, c’est vraiment une chienne de vie!"

Pour plus d’information:
http://chien.saucisse.free.fr/index.html