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Avoir su, j’aurais gagé !

J’ai misé sur le bon ! Sur les cinq finalistes du Prix des Libraires, pas plus tard que dans mon billet d’hier, L’heure du choix : Prix des libraires, je donnais gagnant Arvida de Samuel Archibald. Pourquoi celui-ci plutôt qu’un des quatre autres ? Sur le vidéo de présentation, le ton enthousiaste, et les superlatifs de la représentante du comité des Libraires, Caroline Le Gal, l’ont trahie, à mes yeux et à mes oreilles.

Aujourd’hui, lundi 14 mai à 19 h 00, au Lion d’Or, Samuel Archibald a reçu le Prix des libraires. En plus d’être louangé publiquement, et devant ses pairs, il est encouragé d’un 2,000 $. Ça fait toujours plaisir, surtout au Québec, où bien peu d’auteurs touchent de tels montants annuels de droit d’auteur. Il faut n’avoir presque pas le choix d’écrire au Québec, il faut être dévoré par son monde intérieur pour consacrer ses loisirs à écrire. Pour un choix de carrière, pompiers ou coiffeuse, ont plus de chance de mettre de l’argent dans leur REER ! En plus, lui a été remis une oeuvre de l’artiste Louis-Georges L’Écuyer, une liseuse Kobo TouchMD, ainsi qu’aux cinq finalistes québécois. De son côté, l’Association internationale des études québécoises (AIEQ) offre au lauréat la possibilité de faire une tournée de promotion dans l’un des pays étrangers où elle a des membres. Comme vous voyez, ce n’est pas rien.

Tellement pas rien, qu’apprenant sa victoire, Samuel Archibald s’exprime ainsi en parlant des libraires du Québec :

Ils ont pris Arvida, patente à gosse et bibitte à poils, et en on fait quelque chose comme un classique instantané. Et moi, je n’ai presque rien à voir là-dedans. C’est pour ça qu’il me faut remercier les libraires pour ce prix, mais aussi pour tout ce qu’ils ont fait pour Arvida depuis sa sortie. Mais si j’ai compris une chose, dans la dernière année, à propos de ces gens, eux-mêmes assez mystérieux, que sont les libraires, c’est celle-là : on ne les remercie jamais mieux qu’en écrivant d’autres livres.

Quelles sont les raisons évoquées par les Libraires :

«Lire Arvida, c’est explorer les profondeurs de l’âme humaine et ce qui l’anime de l’extérieur. Dans les différentes histoires de ce livre, l’auteur invente sa famille, ses voisins et la foule d’individus bigarrés qui peuplent sa ville, ses souvenirs (trafiqués ou non), sa tête… Et maintenant, la nôtre.»

Et si vous êtes encore à vous demander si ce roman est pour vous, voici ce qu’en dit la quatrième de couverture :

À l’autre bout du monde il y a Arvida, ville modèle érigée au début du vingtième siècle par l’industriel américain Arthur Vining Davis. Le narrateur de ce livre est né là, dans la capitale de l’aluminium, construite en cent trente-cinq jours. Petite utopie nordique peuplée de braves gens, de menteurs compulsifs et de pures crapules. Dans les quatre paroisses d’Arvida, le long du Saguenay et par-delà l’horizon bleuté des monts Valin, on se raconte des histoires de nuits en forêt et de matins difficiles. Des histoires de jeunes filles innocentes et de bêtes sauvages, de meurtre raté et de mutilation rituelle, de roadtrip vers nulle part et de maison hantée. Des histoires tantôt tristes, tantôt drôles, tantôt horribles, et souvent un peu tout ça à la fois, mémorables pour leur profonde authenticité, même si, il faut bien le dire, elles sont toutes à moitié fausses et à moitié inventées. Digne fils de son conteur de père, Samuel Archibald se révèle dans ces pages un émule de Cormac McCarthy obsédé par Proust, un héritier d’Anne Hébert qui a trop lu Jim Thompson et Stephen King.

Pour ma part, je ne l’ai pas encore lu. Pensez-vous que je devrais ?

Arvida, Samuel Archibald, Édition Le Quartanier, octobre 2011.