Les blogues littéraires font office de clubs de lecture de jadis. On y échange des titres, en général les bonnes prises pour s’éviter, entre membres, les mauvaises. Ça vient combler l’absence de critique littéraire. J’exagère en disant « absence », disons plutôt que la critique en place laisse à désirer pour les vrais de vrais lecteurs, les voraces, qui ne recherchent pas à tout prix du « hors circuit ». Les critiques professionnels, quand on ne les traite pas de bulldozers qui démolissent oeuvre et auteur de l’oeuvre, on leur reproche de prendre la littérature de haut. Je pense qu’autant les gens souhaitent ardemment un nouveau genre de politique, il souhaite un nouveau genre de critique. Une critique ouverte et conviviale.
Si vous me connaissez, vous savez que je me prends pour une missionnaire de la littérature québécoise, avec le Passe-Mot de Venise, je suis une des rares sur le web francophone à me concentrer exclusivement sur les titres québécois. Mais ce mois de septembre me réservait une surprise de taille, me voilà « accotée » dans cette mission, au-delà de toutes mes espérances !
Au mois de juin, une lectrice et blogueuse effrénée, Karine (vitesse de croisière de 5 à 6 livres par semaine), en regardant ses piles à lire (PAL) a conclu que le titre québécois manquait cruellement à l’appel. Elle a pris la fleur de lysée par l’aileron et lancer un défi à la planète francophone ! Le défi ? Tout le mois de septembre, lire le plus possible de titres québécois. Bien sûr, je suis de près l’initiative (en trouvant que je commente à la vitesse d’un escargot !) et suis estomaquée du résultat, l’initiatrice aussi d’ailleurs.
Les chiffres parlent !
47 personnes se sont inscrites, 33 ailleurs qu’au Québec, le « ailleurs » se situant principalement en France : Paris, Provence, Marseille, Toulouse.
Je féminise avec aplomb puisque sur les 47, il y aurait 46 femmes
À date (14 septembre) : 88 œuvres ont été lues et commentées.
Les mots parlent ! (extraits pigés au hasard sur la page Facebook du groupe) :
- Je lis La marche en forêt, du coup j’ai peu dormi 🙂
- Je rajoute à ma PAL : Chroniques du Pays des Mères, Les carnets de Douglas, Nuages de Phoenix, Le voleur de voix, La grosse femme d’à côté est enceinte !
- J’avais commencé hier à pondre mes impressions de lecture sur Chroniques du Pays des Mères. Ce n’est pas si négatif finalement.:)
- Je me lance et je lis « Homme invisible à la fenêtre » de Monique Proulx, un recueil de nouvelles.
- Pour la peine, j’ai fait une tarte au sucre…
- Là par contre, je n’ai pas accroché du tout 🙁 – Les fous de Bassan
- Petit tour dans une librairie canadienne mais tous les livres sont en anglais 🙁 Et j’avais peur qu’une pile de bouquins me tombe dessus 😉
- Je suis ravie que tu aies aimé! Je t’ai apporté mon exemplaire… et je l’ai racheté pour l’avoir dans ma biblio! (La marche en forêt)
- Mon billet du jour. Un roman dérangeant, vraiment. Charlotte before Christ
- Un autre billet : Crimes horticoles
- La fiesta Jacques Poulin se poursuit… Plus que deux billets à venir sur cet auteur!
- J’ai presque fini Ru de Kim Thuy, c’est bien écrit, j’ai aimé sans plus. Les nouvelles et le format vignette, ce n’est pas trop mon truc !
- J’ai fini La héronière de Lise Tremblay… excellent !
Etc … etc … etc … Je ne peux pas toutes les présenter! Pas grave puisque le menu complet mis à jour régulièrement vous attend sur le blogue Mon coin lecture.
Et vous ? Quel est votre dernier titre québécois lu ?
Était-ce un livre de la rentrée, en septembre ?
Ce qui me remplit de reconnaissance est le second souffle donné aux romans disparus de la circulation, plus précisément des tablettes de librairies. Moi, qui ne lis à peu près que des nouveautés (à 90%), je réalise le coup de chapeau !
Ce qui m’a frappé, ce sont les chiffres qui révèlent combien il y a peu de Québécois qui lisent de la littérature québécoise.
Bonjour Venise,
Je dois admettre que je fais partie de celles qui lisent que très peu de littérature québécoise. J’aime les auteurs qui ont du mordant. Heureusement, la nouvelle génération d’auteurs québécois brillent merveilleusement du plus bel éclat. Je pense surtout aux auteurs un peu «malpropres». Je n’aime pas trop le mainstream. Voyons voir ce qu’ils ont à nous offrir.
J’aime bien porter mon attention à la littérature qui se renouvelle. Et je dois dire que, présentement, ce qui se fait de plus intéressant dans ce domaine, c’est la littérature américaine. Il y a tout un bouillonnement depuis quelques années. Je trouve ça vraiment intéressant.
Chez les Québécois, il y a une sorte de point aveugle peut-être qui font qu’ils préfèrent se tourner sur les stars littéraires étrangères.
Un beau billet Venise ! Ce mois est bien sympathique.
Bonjour Mme Landry,
j’ai connu la beauté de la littérature québécoise grâce au site lire.ca , un site qui se concentre exclusivement sur les bouquins québécois. Le missionnaire littéraire de lire.ca parle aussi des vieux auteurs, et ce, dès 1837 jusqu’à nos jours.
À découvrir!
Au plaisir
J’étais sous l’impression, Mélanie, que tu lisais quand même pas mal de titres québécois, si je compare à d’autres bien entendu. Avec ce que tu me confies de tes goûts, il me semble que tu aimerais « Lettres crues » de Bertrand Laverdure et Pierre Samson. Je continue à croire qu’on lit peu de littérature québécoise, parce qu’on la connait mal puisqu’on en parle peu. La littérature américaine fait parler d’elle, car elle a d’innombrables lecteurs.
Merci Syl ! Je ne pouvais passer cette belle et stimulante initiative sous silence !
M.J. Vilchez,
Je me suis empressée d’aller lire le site que vous me recommandez. J’y retournerai bien sûr, histoire de comparer les avis, c’est toujours intéressant.
En effet c’est une très belle initiative de Karine.
Je te cite:
«Ce qui m’a frappé, ce sont les chiffres qui révèlent combien il y a peu de Québécois qui lisent de la littérature québécoise.»
Et je ne peux que t’approuver car ayant organiser un défi semblable, mes participant(e)s furent majoritairement d’Europe. Cependant, ne lâchons pas et continuons de parler de nos auteur(e)s et de la qualité de leurs oeuvres en espérant que le lectorat québécois prenne de l’ampleur.
Bonjour Venise
Je crois qu’il ne faut pas se fier à ce challenge pour se faire une idée du nombre de Québécois qui lisent les bons romans de chez-nous. Les participants Européens sont plus nombreux, et alors? Ça veut peut-être simplement dire qu’ils ont été plus nombreux à voir ce défi ou encore plus intéressés à « découvrir » la littérature québécoise, sachant que les Québécois n’ont pas nécessairement besoin de motivation supplémentaire pour lire les titres d’ici.
D’ailleurs, il me semble que la communauté de lecto-blogueurs est plus importante en France qu’au Québec (normal sachant qu’il y a 8 fois plus d’habitants dans ce petit pays qu’au Québec!)
Je crois que pour se faire une idée plus précise, on peut regarder les palmares de vente chez les libraires. À titre d’exemple, sur le site d’Archambault, 8 des 10 titres les plus vendus sont Québécois. Il en est de même sur le site Rue des libraires. Cela diminue un peu chez Renaud-Bray, mais c’Est quand même plus de la moitié des titres du top 10 qui sont Québécois.
Comme on dit, on peut faire dire n’importe quoi au chiffres.
De mon côté, j’ai participé à ce mois québécois. Même si je considère lire beaucoup de livres d’ici, je ne lis pas que ça. J’aime découvrir la littérature d’ici comme d’ailleurs. J’ai été ravie de découvrir d’autres auteurs grâce à ce défi.
Pour répondre à votre question en fin d’article, le dernier titre québécois que j’ai lu en est un de littérature jeunesse : Le talisman de Nergal, t. 1 : L’Élu de Babylone de Hervé Gagnon. Ma prochaine lecture québécois sera possiblement un titre de Tremblay ou de Senécal qui attendent dans ma bibliothèque.
@Sunflo : C’est certain, je suis d’accord avec vous, les chiffres ne sont qu’un vague indicateur si on se fie sur ce simple défi. Le jour après jour devient plus révélateur, et ne lisant que du québécois (ne l’interprétez pas comme une recommandation 😉 ! me porte à remarquer ce que les gens lisent. Un peu dans le même sens que la personne qui se met un jour à porter des lunettes, remarque toutes les personnes qui en portent.
D’ailleurs, comme vous, je jette toujours un oeil sur les palmarès et en ce sens, j’arrive à la conclusion que l’on ne fréquente pas les mêmes librairies ! À Sherbrooke, chez GGC, quand il y a 4-5 titres québécois sur 20, je trouve ça positif ! Je vais tâcher d’être plus attentive pour Archambault, pour tout dire, je suis très surprise du 8 sur 10, à moins que vous incluez dans ce palmarès les titres non-fictifs, comme par exemple en ce moment même « Québec : la Belle province, vendu à rabais à 5 $ » qui fait partie du palmarès. En fait, j’aurais dû préciser que je parle exclusivement des romans. Si je continue avec l’exemple du moment chez Archambault, il y a 4 romans sur 10, ce qui est somme toute plus que je m’y attendais.
Merci d’avoir apporté à notre attention ces chiffres qui rendent une partie de la réalité.
En fait, je ne magasine pas précisément dans les grandes chaine, je préfère largement les librairies indépendante. Mais, il était plus faciles d’aller sur le site internet de ces deux magasins afin de présenter un top visible facilement par tous. Je préfère bien m’informer et avoir quand même des sources lorsque j’argumente.
Par ailleurs, j’ai tenu compte de tous les livres « qui se lient », ce qui inclut le livre de Bouchard (un essai) et le livre à 5$. J’ai exclu Antidote et le Multi. Pour compenser, j’ai tenu compte des positions suivantes, ce qui a ajouté Bonbons assortis de Tremblay, à la liste,
Je crois que lire « Québécois » (ou lire tout simplement) ne devrait pas se faire qu’en se référant au roman. Les bandes dessinées, les essais, la poésie, le théâtre, les biographies et le reste ont autant leur place que les romans quand il s’agit de lire et d’apprécier les plumes d’ici et d’ailleurs. Bon, ça reste mon opinion 🙂
Je suis d’accord, tellement d’accord avec vous, toutes les lectures sont importantes, et si je place le fictif en incluant les bandes dessinées, (et pas seulement parce que mon mari est un auteur de bandes dessinées !) c’est par encouragement aux auteurs. Leur situation est particulière au Québec, 500 livres vendus tient du succès ! C’est dire combien ils gagnent peu si on calcule le 2,50 $ par livre de 25 $ vendu. Ça tient du sacerdoce ! Je les admire et j’ai décidé, un jour, après avoir entendu plusieurs témoignages, de mettre le faisceau lumineux sur eux. Comme je me plais à le répéter, c’est une mission que je me suis donnée, et le jour où je défroquerai, j’en lirai moins c’est certain. Nos maisons d’édition qui traitent uniquement de littérature sont aussi des fervents convaincus et sont loin de rouler sur l’or. D’ailleurs, je prépare un billet sur ce sujet depuis longue date.
Une biographie s’imprime à minimum 5,000 exemplaires, et quand on sait que plus on imprime plus le coût de la copie est moindre (frais de montage, cartonnage, imprimerie), ils sont moins à plaindre. C’est un exemple. Il y a les livres de recettes, et de croissance personnelle qui ne sont pas les parents pauvres. Mais la poésie, elle, aurait bien besoin de lecteurs, mais malheureusement, je la servirai mal.
Merci de cette discussion, c’est toujours enrichissant échanger.