Vie

Travailleurs autonomes : Mode d'emploi

Ils sont près de 400 000 travailleurs autonomes au Québec. Et, année après année, ce chiffre grimpe sans s’essouffler. Regard sur cette nouvelle manière de se lancer en affaires, avec quelques conseils à l’appui.

Pour qui se lance dans le travail autonome, le plan d’affaires et l’étude de marché sont les premières étapes à franchir. "Il faut savoir si le projet répond à un besoin, identifier des clients potentiels. Même à petite échelle, le plan d’affaires permet d’avoir une stratégie à long terme, de voir venir les impératifs financiers", explique Suzie Loubier, directrice de l’Association des Centres locaux de développement (CLD) du Québec.

Pour bien se lancer, 4000 futurs entrepreneurs profitent annuellement des formations offertes dans les CLD. Une démarche essentielle, surtout que bien souvent, même s’ils sont experts dans leur domaine, les travailleurs autonomes sont mal outillés pour les autres charges rattachées à leur carrière. "Ils n’ont pas nécessairement développé des compétences en service à la clientèle, par exemple. Pourtant, le travail autonome, c’est aussi ça: aller chercher des clients, faire la comptabilité", fait valoir Yves Williams, président d’AgentSolo.

Une fois le choix arrêté, l’étude de marché effectuée, que garder en tête? "Quand on démarre une entreprise, mieux vaut ne pas se lancer dans les dépenses avant d’avoir des revenus", souligne Stéphane Laforest, président de la Coalition des travailleurs et travailleuses autonomes du Québec. Les besoins initiaux? Site Web. Cartes d’affaires. On peut aussi très bien travailler dans son salon ou au café du coin, à la condition de ne pas rester isolé. "Il ne faut pas s’enterrer dans les opérations, au contraire, il faut plutôt s’impliquer à gauche et à droite: ce réseautage prend du temps et ne paie pas tout de suite, mais il faut se rappeler que la meilleure façon de vendre une entreprise, c’est de vendre d’abord l’entrepreneur."

Le réseautage est aussi pertinent au sein de son secteur d’activité. "Le fait de rencontrer des gens qui partagent notre mode de vie nous donne nécessairement accès à plus d’informations, à des pistes de solution pour des problèmes éventuels", note Yves Williams.

Gérer les cycles

Aussi, selon lui, il faut apprendre à gérer les cycles, le marché. "Il y a des variations dans l’année: on oscille entre périodes de rush et d’accalmie. Il faut apprendre à assumer ces fluctuations. Dans les moments plus tranquilles, suivre des formations, accroître ses compétences. Et, surtout, ne pas accepter n’importe quel contrat par panique! Un mauvais choix pourrait faire rater une offre avantageuse quelques semaines plus tard." "À ce titre, il est important de faire sa comptabilité sur une base régulière, peut-être de façon trimestrielle, suggère Stéphane Laforest. Ça permet de voir dans quelle direction on va, de prendre conscience des cycles, de pouvoir mieux appréhender le tout pour les années à venir."

Et il faut aussi penser à se protéger. Prendre une assurance. Investir dans un REER, un CELI. "On peut avoir un accident, on peut devenir invalide, énonce M. Laforest. Qu’est-ce qui arrive si on n’est plus capable de gagner sa vie?"

Quant à l’incorporation, réponse en noir et blanc pour Stéphane Laforest, également avocat chez Gagné Letarte. Il y a intérêt à le faire, pour des raisons liées à la responsabilité civile ou de nature fiscale, notamment en ce qui a trait à l’impôt, si les revenus de l’entreprise dépassent les dépenses annuelles du travailleur. "Mais si le travailleur autonome a une assurance, qu’il ne court pas de risques commerciaux et qu’il ne songe pas à revendre l’entreprise avec une plus-value, alors il n’a pas grand avantage à s’incorporer", estime-t-il. Et dans l’adversité, mieux vaut consulter un notaire ou un avocat, question d’avoir l’heure juste.

Au final, quoi qu’on en dise, cette orientation professionnelle ne vient pas sans contraintes, observe M. Laforest: "Le travail autonome, c’est une entreprise et on doit la gérer comme telle."

Association des CLD du Québec: 418 524-0893, www.acldq.qc.ca

Coalition des travailleurs autonomes: www.cttaq.ca

AgentSolo: 514 282-1200, www.agentsolo.com