Vie

Lemay & associés : 50 ans d'architecture

La firme d’architecture Lemay & associés ne fait pas seulement partie des vétérans de l’architecture québécoise, elle est aussi témoin d’un Québec qui a profondément changé. Panorama.

DES BÂTIMENTS EN BÉTON!                       

"Jusqu’à la fin des années 1960, les seuls marchés disponibles pour une firme francophone étaient ceux du clergé, de l’éducation et des Caisses populaires", rappelle Louis Lemay. Le bureau d’architectes va ainsi participer au développement d’une nouvelle architecture dans ces domaines particuliers.                       

L’école secondaire Cavelier-de LaSalle sera l’une des premières polyvalentes à proposer une configuration selon le nouveau modèle d’école des années 1960. La cour intérieure du Collège de Maisonneuve sera la première du genre dans un établissement scolaire. L’apparence extérieure du Cégep André-Laurendeau à LaSalle est dans la lignée du courant architectural "brutaliste" de l’époque: "On utilisait beaucoup le béton pour des raisons autant techniques qu’esthétiques. Celui-ci était non seulement fortement présent, mais aussi exprimé de façon très plastique", explique Louis Lemay. Dans le genre, l’église Saint-Jean-Baptiste-de LaSalle, à côté du métro Pie-IX, avec sa ligne d’une brutale efficacité, est un bel exemple de ce qui se faisait à l’époque. En 1967, l’édifice recevait le premier prix d’architecture canadienne du Conseil national d’esthétique industrielle et du ministère de l’Industrie du Canada.                       

QUÉBEC INC. ET LE 1000, DE LA GAUCHETIÈRE                       

1000, de la Gauchetière est le premier édifice à Montréal qui a été entièrement réalisé par des équipes québécoises.

À partir des années 1980, les francophones devenant beaucoup plus présents dans le milieu québécois des affaires, la construction d’édifices commerciaux est davantage confiée à des firmes comme Lemay & associés. "Le 1000, De La Gauchetière est le premier édifice à Montréal qui a été entièrement réalisé par des équipes québécoises, de la conception à la construction", souligne Louis Lemay. Outre le fait que ce soit le plus haut immeuble de la métropole, le bâtiment relève des défis techniques de taille. Le mur-rideau est en soi une prouesse, sans parler du fait que le basilaire repose entièrement sur les galeries du métro.

Dans le même esprit, alors que la tendance antérieure était d’embaucher des équipes américaines, "Ronald Corey tenait à ce que ce soit une firme québécoise qui prenne en charge la construction du Centre Bell", se souvient Louis Lemay. Mais l’innovation sera aussi dans la localisation (au centre-ville, au lieu de la banlieue) et dans l’aspect du bâtiment, "qui ne ressemble pas à un stade", ajoute l’architecte. En effet, pour mieux se fondre dans son environnement urbain, chaque façade sera conçue de façon à établir un dialogue architectural avec son quartier en vis-à-vis (l’entrée monumentale de la rue De La Gauchetière, la façade morcelée de Saint-Antoine en réponse à une juxtaposition de bâtiments plus petits et le mur de verre à l’est pour rendre hommage à l’édifice patrimonial de la gare Windsor).

VERS UNE ARCHITECTURE CONTEMPORAINE

À partir de la fin des années 1990, l’architecture se soucie davantage d’écologie, de patrimoine et d’identité distincte.

Tout d’abord, on ne détruit plus, on conserve. Les phases 5, 6 et 7 de la Cité du Multimédia réhabilitent l’ancien faubourg des Récollets pour en faire l’une des premières vitrines du développement durable. Les Ailes de la Mode sont installées dans l’ancien magasin Eaton et l’Hôtel W, dans le vieux bâtiment de la Banque du Canada.

Par ailleurs, les années 2000 sont marquées par le développement durable (l’architecture verte). "La conception du Centre CDP Capital est un bel exemple de cette préoccupation environnementale constante dans les nouveaux projets de construction", note Louis Lemay. Ce projet annonciateur du futur Quartier international prévoit, en effet, davantage de contrôle de la ventilation et de l’éclairage par les utilisateurs, plus de lumière naturelle et d’espaces communs ouverts, un meilleur confort acoustique, des systèmes de récupération d’énergie…

Pour finir, aujourd’hui, chaque bâtiment se cherche désormais une identité distincte en composant un juste équilibre entre environnement, patrimoine et une signature contemporaine. Cette signature, c’est le verre. "La révolution technologique qui a permis d’obtenir des verres plus performants et plus solides a rendu possible une fenestration abondante qui aura été la marque des années 2000", remarque Louis Lemay. Il suffit pour s’en convaincre de penser à la façade des Ailes de la Mode ou à celle des pavillons Coutu de l’Université de Montréal.

www.lemay.qc.ca