David contre Goliath
Vie

David contre Goliath

Sur le Plateau-Mont-Royal, le commerce de proximité est bien présent. De petits indépendants nous racontent comment ils ont fait leur marque dans un monde où les concurrents sont parfois bien imposants.

«David contre Goliath, c’est pas mal ça notre situation en ce moment», raconte Jason-Neil Tremblay, propriétaire du nouveau bar Le Clébard (4557, rue Saint-Denis, 514 903-4456, clebard.ca). Sa conjointe et lui ont racheté feu Au Diable vert, qui appartenait à un groupe de propriétaires possédant plusieurs commerces. «Des groupes comme ça, il y en a plusieurs sur le Plateau. Même si cette recette semble bien fonctionner dans le coin, nous avons décidé d’ouvrir de façon indépendante.»

Il était important pour le jeune couple de s’investir dans son commerce au lieu de faire affaire avec des investisseurs ne travaillant pas sur place. «L’approche est vraiment différente. Au lieu de partir avec un nom connu et bien établi, nous avons créé quelque chose. On fait tout de A à Z, du service de bar à la comptabilité.» Lentement mais sûrement, la clientèle répond à l’appel. «Nous sommes allés chercher les clients un à un. Mais quand les gens viennent chez nous, ils développent un sentiment d’appartenance.»

Cette fidélité semble d’ailleurs être une caractéristique des habitants du Plateau. «Nous sommes chanceux. Ici, la population aime encourager les petits commerçants, indique Alexandre Duval, gérant de la vente au détail à La Maison du rôti (1969, avenue du Mont-Royal Est, 514 521-2448, maisonduroti.com). Les gens semblent avoir une conscience sociale et accorder de l’importance au service personnalisé.» S’il arrive que les gros joueurs offrent des prix plus bas, c’est le service à la clientèle qui permet aux commerces indépendants de se démarquer. «Les petits commerçants sont à l’écoute et répondent aux besoins de leurs clients.» Et puis avec les années, les petits finissent par faire leur marque. «La Maison du rôti existe depuis 44 ans, donc aujourd’hui on est connus et reconnus.»

Même chose du côté de la boutique J. Schreter (4358, boulevard Saint-Laurent, 514 845-4231, schreter.com), qui habille les Montréalais depuis 85 ans! «Ici, ce qu’on offre, c’est du service old-fashioned, très personnalisé. Les grands joueurs ont moins de latitude. Ils doivent suivre les directives du siège social et de leurs ordinateurs», explique le propriétaire Steve Schreter, qui considère tout de même que la présence des grosses chaînes a tué le business. «Ils ont des chiffres à respecter et le font à grands coups de promotions. Ça affecte tout le monde, se désole-t-il. Mais la clé, c’est le changement. Il faut être capable de s’adapter», indique celui qui vend aujourd’hui sa marchandise sur le Web.

Selon Jason-Neil Tremblay, tout ce que ça prend pour faire face aux Goliath de ce monde, c’est du courage… et beaucoup de temps. «Il faut avoir confiance en son projet. Et travailler fort!»