Des spaghettis à la sauce tomate, du poulet rôti ou un filet de saumon avec des légumes? Quoi manger ce soir? La question peut paraître banale. Pourtant, en y réfléchissant bien, elle ne l’est pas tant que ça. Et elle le devient encore moins après la lecture du premier livre d’Élise Desaulniers, Je mange avec ma tête. Les conséquences de nos choix alimentaires. "Il y a une idée répandue qu’il faut manger bio, local et consommer moins de viande. C’est un discours souvent perçu comme mou et ancré dans des émotions. Mais il y a de solides arguments scientifiques et philosophiques qui l’expliquent", assure Élise Desaulniers.
Il y a trois ans, elle est tombée par hasard sur un ouvrage d’éthique animale. Ça a été le début d’une longue réflexion sur ses choix alimentaires. Elle a beaucoup lu et a même visité des fermes. La femme a aussi partagé ses découvertes et ses coups de gueule sur son blogue Penser avant d’ouvrir la bouche, qu’elle tient depuis deux ans.
Je mange avec ma tête est donc le fruit de toute cette réflexion. L’auteure y parle d’OGM, de pesticides et d’engrais, mais pas seulement. L’accent est surtout mis sur les animaux et les différentes productions comme celles du poulet et du porc. Elle décrit les conditions de vie des bêtes, les mutilations qu’elles subissent et leur abattage souvent atroce.
"Je ne donne pas de réponses et tout n’est pas blanc ou noir. C’est une information supplémentaire pour poursuivre une démarche responsable, espère-t-elle en précisant qu’elle ne condamne pas les producteurs, qui produisent ce que les consommateurs demandent. Manger local, c’est bien, mais pas à n’importe quel prix. Il faut être solidaire avec les travailleurs ailleurs dans le monde. Donc, d’un point de vue éthique, ça ne se tient pas."
Idem pour le bio et le poisson qui, pour des raisons différentes, sont aussi problématiques selon elle. Élise Desaulniers voit son livre comme un "solfège de l’alimentation" qui donne les outils pour être capable de juger de ce qui est bien ou non afin de s’alimenter en toute connaissance de cause.
Changer les habitudes
Ex-omnivore, elle a enlevé de son alimentation tout ce qui vient des animaux, oeufs et lait compris. Un choix qu’elle assume sans pour autant tomber dans les extrêmes ni l’imposer aux autres. "C’est difficile de sacrifier ce qu’on aime pour une cause qui est loin de soi. Si on voyait la souffrance animale, on changerait certainement notre comportement. Mais c’est tellement abstrait", reconnaît celle qui prévoit déjà écrire un autre livre.
Dans son ouvrage, elle a même imaginé un repas avec Sarah Palin pour répondre aux arguments d’une carnivore convaincue. L’auteure dégomme ainsi les bonnes raisons de manger de la viande tout en étant consciente que ce dernier pas est le plus difficile. "L’objectif est d’en arriver à une alimentation qui ait le moins d’impacts négatifs possible. Mais les grandes causes prennent des années. Si on fait de notre mieux, même un repas sans viande par semaine, c’est déjà ça."
Je mange avec ma tête. Les conséquences de nos choix alimentaires
d’Élise Desaulniers
Éd. Stanké, 2011, 256 p.