Restos / Bars

Le Mangoustan : Un air de famille

Le Mangoustan, caché derrière une devanture sans grande personnalité depuis une dizaine d’années, est tenu par une famille sympathique qui propose une cuisine maison simple et pleine de goût. Comme c’est souvent le cas sous les tropiques: Madame cuisine; Monsieur fait du «PR» dans la salle à manger, et s’occupe d’ouvrir les bouteilles de vin que vous apportez. Le décor se contente de choses légèrement fifties: des lampes orientales, un aquarium, quelques bricoles chinoises, et une jolie terrasse qui s’ouvre sur une rue bruyante et poussiéreuse. Heureusement, l’ambiance de soir évoque la torpeur équatoriale, surtout par ce temps de canicule. Ça nous aide à oublier qu’une terrasse n’ouvre que quelques mois par an, et que cela vaut bien la peine d’endurer ces tracasseries mineures.

Les petits plats sont parfois – souvent – adaptés aux goûts des indigènes. Pas de faute là-dedans, surtout lorsqu’il s’agit d’une cuisine aussi minutieuse et préparée avec un tel enthousiasme. Seulement, nous aurions voulu davantage d’herbes fraîches, plus de menthe et de coriandre (absente complètement ce soir-là) et quelques surprises comme le rau ram ou du basilic «sacré» aux feuilles pourpres qu’on peut trouver dans les marchés, mais rarement sur les tables. Autrement, les rouleaux impériaux sont croquants, frais et délicats et, bien que l’usage veuille qu’on les enroule dans des feuilles de laitue et de menthe avant de les tremper dans la sauce de poisson préparée avec des carottes râpées et du piment, on ne sert aucune verdure dans l’assiette. Les soupes sont parfumées et succulentes, et la crêpe vietnamienne est remplie de saveurs inattendues. Le poulet «à la flamme» est une spécialité étrange servie dans un bol de terre cuite, qu’on dépose sur une assiette remplie de… paraffine et qu’on allume juste avant de servir. Pourquoi? Je ne sais pas. Puisque la viande est déjà cuite et qu’elle n’a aucun contact avec le «produit»(heureusement) cette flamme n’est donc que spectaculaire… et légèrement inquiétante.

Plus rassurant, les chat om sont de délicates brochettes de mousse de crevettes hachées enroulées autour de morceaux de canne à sucre et qui dégagent une odeur un peu sucrée dès qu’on y goûte. Côté desserts, rien que des fruits dans une pâte frite – bananes et pommes -, un peu sucrés, un peu lourds, mais délicieux quand même. Avec ses quelques bonnes idées et sa cuisine soignée, le Mangoustan reste une maison très honorable qui facture avec douceur. Comptez 60 $ pour trois personnes, avec les taxes et le service.

Le Mangoustan
5935, rue Saint-Hubert
Tél.: (514) 495-9031

Thanh Binh
Il existe une cuisine maison vietnamienne que les restaurants d’ici n’ont pas encore pris l’habitude de servir. Sauf exception. On trouve, dans le répertoire, des soupes et des sautés à la chinoise bien entendu, mais aussi quelques surprises qu’il faudrait bien connaître. Or, la plupart de nos restos se spécialisent en soupes phós, des plats qu’on sert au petit déjeuner dans la rue à Saigon ou à Hanoi. Cela n’empêche pas certaines familles de se lancer dans la restauration, histoire de faire connaître leurs petits secrets. C’est le cas de ce minuscule resto installé au nord de la rue Saint-Denis, dans une zone qui pourrait bien devenir un petit Saigon un jour ou l’autre. Et pourquoi pas? On y prépare de très bons rouleaux, plusieurs sautés à la chinoise dans des sauces un peu sirupeuses, des viandes taillées au «couperet» et nappées de caramel – et c’est délicieux – et toutes les déclinaisons de soupes habituelles: au porc, au vermicelle, au poulet et aux crevettes avec les variantes traditionnelles. Mais la surprise vient de la limonade vietnamienne, faite de jus de lime, d’eau et de soda (ou, comme on l’appelle ici ,«jus de citron frais»), la boisson la plus désaltérante qui soit sous les tropiques et qui a le même effet sous notre latitude un soir humide. Cela vous rafraîchit instantanément, comme un coup de baguette magique. Pour une trentaine de dollars à deux, tout compris. Et on apporte aussi son vin.

Thanh Binh
7491, rue Saint-Denis
Tél.: (514) 271-5208