Restos / Bars

La Salle à manger : Banquet festif

Bientôt Noël et les dépenses de fous: c’est le temps de vous payer la traite avant de rembourser… les traites. Laissez-vous donc gâter dans La Salle à manger.

Quels sont les facteurs qui rendent une expérience au restaurant intéressante? L’ambiance, évidemment. Le décor, aussi. Le service, bien entendu. Et surtout, le contenu de l’assiette. Au Réservoir (9, avenue Duluth Est, 514 849-7779), Samuel Pinard avait l’habitude de mêler tout ça dans une cacophonie joyeuse et magique qui dessine de jolis sourires dans le visage des clients. Voilà maintenant qu’il remet ça dans sa nouvelle Salle à manger, sur l’avenue du Mont-Royal. Ouvrons là-dessus une parenthèse: ce bout de rue devient de plus en plus attrayant, notamment grâce au voisin d’en face, Au Chaud Lapin (1279, avenue du Mont-Royal Est), qui, après quelques difficultés (il a fermé temporairement au moment de la parution de notre chronique, le 6 novembre), a rouvert ses portes. Fiou. Bref, avec ces deux restos, vous êtes désormais équipés pour veiller tard et vous régaler un bon moment. Pensez-y: si l’un est complet, vous n’avez qu’à traverser la rue! Fin de la parenthèse.

ALORS, CETTE SALLE?

Revenons donc à notre Salle à manger. Elle occupe un bel espace aéré, convivial et bruyant qui connaît un succès fulgurant. Même un mardi, elle s’est remplie au fil de la soirée, grâce notamment à un groupe occupant une longue table au centre de la salle. Même le grand comptoir était plein. On y a d’ailleurs aperçu les deux vedettes du Local, un autre succès de l’année, Alexandre Gosselin et Louis-François Marcotte. En manque d’inspiration, les boys? Meuh non, on sait bien que les jeunes chefs adorent sortir au restaurant pour découvrir la cuisine de leurs collègues, et c’est tant mieux! C’est donc un signe qui ne trompe pas. Cette Salle à manger est un hit, alors tentons d’expliquer pourquoi.

À TABLE!

La Salle à manger s’inspire beaucoup des derniers restaurants à la mode. Elle est en quelque sorte un résumé de ce que Montréal nous offre de mieux ces derniers temps. Cuisine rustique mais soignée, rassurante mais créative: de la bistronomie en rupture avec le classicisme de la restauration d’antan. On vient ici pour déguster, certes, mais aussi pour picorer dans l’assiette du voisin et partager les saveurs. Le menu décline des expériences différentes: les entrées fraîchement marinées (ceviche, sashimi, carpaccio et tartares), froides (salades et charcuteries) ou chaudes, et les plats principaux, composés de viandes et poissons à la mode (cerf, foie gras, longe de porc, flétan, thon, pétoncles, morue…). Et même une petite section végétarienne. On attaque au tartare, bien sûr: du cerf finement haché dont on distingue difficilement le goût, masqué par un trop-plein de moutarde. Alors on se rattrape dans l’entrée de la voisine, des ris de veau cuits à point laqués au xérès, accompagnés d’une sauce courte mais dense et d’un séduisant méli-mélo de pomme confite, panais, poireau et pommes de terre. Dans un autre registre, on s’extasie devant de beaux quartiers de Mozzarella di Bufala escortés d’une purée d’olives vertes et de biscotti au citron confit. Dommage, les biscotti sont si épais qu’on peine à mordre dedans sans se casser les dents.

Amateurs de foie gras poêlé, voici une version richissime. Laqué au miel et badiane et croisé d’une polenta au canard confit, sa cuisson est parfaite. C’est gras et succulent. Vous êtes férus de surf & turf? C’est une spécialité ici. Voyez comment on renouvelle le genre avec ces pétoncles saisis, de bonne taille, flanqués de boudin noir maison et d’une tartelette de poireau à la crème. Le boudin n’a pas fait l’unanimité, mais se marie étonnamment bien avec le fruit de mer. Dans le même style, le filet de flétan poêlé est assisté d’un cube de moelle panée et frite qui, lorsqu’on le brise, s’écoule sur la chair du poisson. C’est tout simplement cochon.

VERSION SUCRÉE

C’est tendance, les desserts sont considérés comme des plats à part entière. Autant dire qu’il faut vous réserver un peu d’espace gastrique, surtout pour ce praliné au cacao soyeux accompagné d’une boule de crème glacée aux arachides. Étonnant contraste de noisette et de cacahuète. Le gâteau au fromage prend la forme de deux tubes sans croûte, au naturel, servis dans une immense assiette rectangulaire et longiligne, et renforcés par une boule de sorbet à la framboise intense. Plus léger, amusant, mais moins convaincant.

EMBALLANT /

Une ambiance du tonnerre. Un service sympathique et efficace qui vous laisse traîner à table sans vous pousser dehors pour un deuxième service. Des plats revigorants et originaux. L’utilisation ludique et judicieuse de supports variés: bols, assiettes de toutes formes et planches de bois là où on ne les attend pas. Une carte des vins découpée selon les caractéristiques gustatives: très pratique. Des plats conçus spécialement pour les groupes, comme le jeune canard sur os, servi à la table, comme dans le temps. C’est vraiment charmant.

DÉCEVANT /

De l’imprécision parfois dans les assaisonnements ou les cuissons. Les prix, un peu plus relevés que la moyenne dans ce genre de restaurant.

COMBIEN? /

Justement: comptez un minimum de 50 $ par personne, et vous n’avez pas encore payé votre verre de vin. Oups.

QUAND? /

Du mardi au samedi, de 18 h à minuit.

OÙ? /

La Salle à manger
1302, avenue du Mont-Royal Est
Réservation hautement recommandée: 514 522-0777