Restos / Bars

Le Poisson rouge : Comme un poisson dans l'eau

En mettant le grappin sur Le Poisson rouge, Jeannine Ouellette a haussé la barre de ce petit "apportez votre vin". Tout en devenant pour la première fois de sa vie chef-propriétaire d’un restaurant. Une belle prise.

N’ayez crainte, ce texte n’est pas un poisson d’avril. Le Poisson rouge existe bel et bien. Il est même plutôt de type poisson volant depuis qu’il a pris son envol, repêché par une nouvelle propriétaire, la chef Jeannine Ouellette. À 40 ans passés, un diplôme de l’ITHQ sous sa toque et une vingtaine d’années d’expérience en cuisine dans le corps, cette dame qui officiait aux fourneaux de l’Étoile à Magog dans une autre vie est pour la première fois devenue propriétaire du restaurant où elle travaille. Ravie, elle semble naviguer dans sa nouvelle vie comme un poisson dans l’eau.

Quand elle a repris la barre de ce petit troquet de quartier, en décembre dernier, elle a revampé les lieux, augmenté l’offre de plats de viande au menu et haussé le niveau de qualité et de créativité. Depuis, les 40 places de cet "apportez votre vin" sont bien occupées.

À TABLE!

À première vue, les entrées nous ont paru assez classiques et peu excitantes: salade de tomates et bocconcini, soupe à l’oignon, moules marinières… C’est donc sans grand enthousiasme que nous avons commandé des escargots à l’ail et un tartare de saumon (un ajout au menu), en nous disant qu’il faut laisser la chance au coureur.

Mais la surprise est de taille: les escargots sont joufflus et tendres, contrairement à ce que l’on retrouve dans des restaurants français traditionnels où l’on tombe souvent sur des petites bestioles caoutchouteuses. Ah, ah! On devine que madame Ouellette ne lésine pas sur la qualité. Le tartare de saumon, quant à lui, est servi de façon élégante dans un verre à martini. Accompagné d’une salade froide de céleri-rave taillé en filaments et disposé comme un nid, le tartare présente un goût délicat de vanille, assez subtil pour ne pas lever le coeur. C’est fin, harmonieux et frais.

En plus de nous mettre en appétit, les entrées nous placent dans de bonnes dispositions pour accueillir la suite. Mais le vrai test est à venir: la cuisson du poisson. Avant d’entrer dans le vif du sujet, un deuxième service sert de préambule pour nous amener graduellement dans un crescendo de saveurs: celui du potage ou de la salade. Le premier, aux champignons et porto, offre un bel équilibre; le goût des champignons n’est pas éteint par une surabondance de crème. Encore là, une belle surprise. Idem pour la salade qu’on nous annonce verte et qui aurait pu être un moment d’insignifiance. Que nenni. Celle-ci se présente sous la forme d’un bouquet de feuilles de romaine fraîches et craquantes dont le pied est retenu par un ruban de concombre et d’échalote. Ce bouquet est coiffé par des cheveux d’ange de betterave jaune et rouge. La vinaigrette, mélange d’huile d’olive de bonne qualité, de vinaigre balsamique et de moutarde, appuie la verdure avec caractère.

Avec les préliminaires que l’on venait de connaître, on espérait bien que ce qui nous attendait ne serait pas l’équivalent d’un coït interrompu! Y a-t-il quelque chose de plus déprimant dans un resto qu’un poisson trop cuit? Voyons voir… Le steak de thon du Poisson rouge est… tout simplement parfait! Test réussi. En plus d’être cuit à la perfection (rouge au centre et cuit légèrement en surface), il est accompagné d’un mini-gratin dauphinois, de quelques légumes vapeur al dente, d’une chip de patate sucrée et d’une lanière de pomme de terre mauve. Le condiment principal: un chutney à la mangue d’inspiration indienne. D’ailleurs, ce condiment, très goûteux et complément de caractère au thon, remplit très bien son rôle. Par contre, le wasabi et le gingembre mariné n’auraient pas été nécessaires.

Côté viande, le médaillon de veau de lait offre également une cuisson parfaite: juste assez rosé, il est juteux, goûteux et tendre. Servi avec les mêmes légumes que pour le thon, il se distingue par ses accompagnements spécifiques: une tombée d’épinards, un tronçon de poivron rouge grillé et un carré de brie fondant. Encore là, le test est réussi.

PETITES DOUCEURS /

Les desserts du moment se résument à trois choix: crème brûlée, fondant au chocolat et crêpe aux pommes. Nous choisissons les deux derniers. Le fondant est petit et honnête. Les crêpes Suzette sont nappées de sucre à la crème chaud et fondant. Sans être mémorables, ils sont réconfortants et satisfaisants.

EMBALLANT /

La nouvelle chef-proprio, Jeannine Ouellette, qui donne une touche maternelle et du caractère aux plats qu’elle concocte, et qui assure une présence bienveillante en salle lorsqu’elle se promène de table en table pour prendre le pouls de ses clients.

DÉCEVANT /

L’exiguïté des lieux. Ces vieux apparts du Plateau transformés en restos nous donnent souvent l’impression que l’on mange dans un corridor. Mais envisageons cela de façon positive: ils nous procurent aussi un feeling de proximité et de chaleur humaine.

COMBIEN? /

Comptez au minimum 37 $ par personne pour une table d’hôte de quatre services (entrée, potage ou salade, plat principal, dessert du moment et café régulier). Certains plats demandent un extra de 2 $ à 5 $.

QUAND? /

Du mardi au samedi à partir de 17 h.

OÙ? /

Le Poisson rouge
1201, rue Rachel Est
514 522-4876
www.restaurantlepoissonrouge.ca

Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com