Restos / Bars

L’Assommoir Notre-Dame : À l'ombre de Zola

L’Assommoir Notre-Dame voudrait bien se donner des airs du 19e siècle. Heureusement, on est loin de l’ambiance sordide du cabaret d’Émile Zola… Préparez-vous à faire la fête!

"On faisait la queue devant l’Assommoir du père Colombe, allumé comme une cathédrale pour une grand-messe; et, nom de Dieu! on aurait dit une vraie cérémonie, car les bons zigs chantaient là-dedans avec des mines de chantres au lutrin, les joues enflées, le bedon arrondi." C’est du Zola, ça. Beau, non? À L’Assommoir Notre-Dame, on ne retrouve même pas les bedons arrondis parce que la clientèle est plutôt jeune et en forme. Ce qu’il reste de l’esprit des cabarets de l’époque? Pas l’alambic, en tout cas. Peut-être l’enrobage esthétique, vieillot et plein de charme, mais ça s’arrête là. Et c’est plutôt une bonne nouvelle. Il suffit de relire Zola pour s’apercevoir que cet Assommoir était en fait le lieu d’autodestruction de ses personnages! Et fiou, ce n’est pas du tout de cela qu’il s’agit ici!

Avec ce deuxième établissement – vous connaissez sans doute le premier Assommoir de l’avenue Bernard -, Victor Charlebois, l’un des propriétaires, a voulu créer un lieu convivial, sympathique, qui entremêle joyeusement bar et restaurant, où l’on déguste bière ou cocktail librement, accompagné ou non des gourmandises du chef. L’Assommoir Notre-Dame s’est installé dans un magnifique local de la rue du même nom, à la place de l’ancien Delmo. Deux étages équipés d’un bar; salles à manger qui favorisent les échanges à bâtons rompus dans une ambiance musicale animée par un D.J. aux goûts particulièrement éclectiques. Un joli mélange d’histoire et de contemporanéité.

AU MENU

Le chef, Loïc Chazay, n’est pas né de la dernière pluie. On a croisé son talent notamment aux Caprices de Nicolas et aux Remparts. La carte est la même que pour l’établissement de l’avenue Bernard et le chef se défoule. Il ratisse large, des entrées aux tapas, des gueuletons aux ceviches et même aux plateaux à partager. On y retrouve aussi une intéressante collection de tartares (je vais y revenir!), des snacks et des sandwichs, et aussi les fameux cocktails gourmands préparés selon les règles de la mixologie. Je ne vous détaillerai même pas les six forfaits proposés, sortes de tables d’hôte adaptées à tous les budgets. Bref, c’est une cuisine de touche-à-tout, mêlant exotisme et traditions revisitées. Les tapas, par exemple, proposent hummus, bonbons de saumon, kefta d’agneau et poêlée de chorizo. On se balade! Nous avons choisi les acras de morue. Cinq boulettes allongées aussi soyeuses que délicieuses, que l’on trempe dans une sauce tomate froide au piment et à l’ail confit. À goûter.

Le temps frais vous donne le goût d’une soupe à l’oignon? Essayez cette énième version au bouillon savoureux, dont le fromage, un gouda fumé, est parfaitement gratiné. Impeccable pour se remettre d’une crise de H1N1.

Le serveur, qui ressemble étonnamment à Bono – il doit se le faire dire trop souvent -, nous a ensuite recommandé les tartares et ceviches. Des spécialités maison. Et faut voir, on en propose de toutes sortes. Ceviche? Le plat de poisson cru mariné dans du citron qui nous vient d’Amérique latine. Très populaire en ce moment. Ici, on traite le thon en carpaccio au pamplemousse et sésame, les pétoncles au mojito et le saumon à la mangue et coriandre. C’est celui-là que nous avons choisi. Une montagne de poisson, dans une sauce plutôt crémeuse et très fruitée. Belle balance de coriandre et de lime, et c’est franchement généreux!

Parmi les appétissants tartares (de saumon à la vodka, de boeuf épicé ou de canard à la poire), l’un d’entre eux se fait remarquer: le wapiti à l’huile de truffe. La viande est bien coupée, servie sur un lit de céleri en rémoulade, décorée de copeaux de parmesan. L’huile de truffe sait se faire discrète, et c’est tant mieux: on connaît maintenant sa tendance à envahir les plats. Les frites sont croustillantes, servies avec une mayonnaise à l’ail. La conversation file, sans anicroche.

DOUCEURS

Dans le même esprit de brasserie montréalaise, on sert à la fois crème brûlée et pouding chômeur. La crème est douce, vanillée, veloutée. Le pouding chômeur se présente comme un fondant. On perce la croûte pour plonger dans une mer de sirop d’érable presque confit. C’est extrêmement cochon.

EMBALLANT /

La carte de cocktails est hallucinante. Si vous en êtes amateurs, foncez. La cuisine de style brasserie montréalaise est franchement séduisante. L’ambiance, électrique, convaincante. Et pour ceux qui travaillent au centre-ville, sachez qu’en semaine, c’est ouvert le midi.

DÉCEVANT /

Évidemment, c’est bruyant. Alors si vous avez les oreilles sensibles, changez de resto. La carte des vins est difficilement accessible, présentant trop peu de choix à moins de 50 $.

COMBIEN? /

Un minimum de 30 $ par personne est à prévoir. Forfaits de 27 $ à 55 $.

QUAND? /

Du lundi au vendredi de 11 h à 3 h et les fins de semaine de 16 h à 3 h.

OÙ? /

L’Assommoir Notre-Dame
211, rue Notre-Dame Ouest
Réservations: 514 272-0777
Info: www.assommoirnotredame.com