Restos / Bars

Chez Bouffe : Abats-cadabra

Patrick Plouffe réussit le tour de force de nous rendre les abats sympathiques Chez Bouffe. Chapeau!

Dans son nouveau resto Chez Bouffe, le chef-proprio Patrick Plouffe (ex-Quartier général) aime sortir des sentiers battus. Son bistro sans prétention, situé loin des lieux trendy (près du Théâtre Denise-Pelletier, dans HoMa), offre en guise de décor des planchers de bois patiné par le temps, des chaises bistro et des meubles antiques revêtus de charme. Sur les tables, pas de menus en papier ni de nappes. Les plats sont présentés sur ardoise, à la craie, tout simplement. La carte des vins, elle aussi inscrite sur ardoise, est constituée à 100% d’importations privées.

En février, le chef a été invité à interpréter des recettes de Jennifer McLagan, reine des abats et auteure du livre Odd Bits. L’événement a obtenu un tel succès qu’il en a conservé quelques exemples au menu, comme le tartare de cœur de canard, les raviolis à la cervelle de veau, la langue de veau et la crème glacée au sang de cochon. Des plats qui peuvent sembler bizarres à première vue, mais qui sont tous plus délicieux les uns que les autres… et très accessibles aux palais non initiés.

Au menu

Mais Chez Bouffe, il n’y a pas que des abats. Nous avons goûté à un surprenant «Duo de gras»: du foie gras de canard et de la moelle de bœuf, chacun enrobé d’un pain d’épice sculpté en forme d’os à moelle. Le trompe-l’œil est parfaitement réussi. Par contre, le goût du pain, trop dominant, camoufle celui des «gras». Il y a aussi une superbe soupe à l’oignon nouveau genre, qui contient des mini-lardons de sanglier et des oignons cipollinis caramélisés au sirop d’érable. Le bouillon, une réduction de bière rousse, est dense et foncé, mais s’avère à la longue un brin trop sucré.

On retrouve également des plats rustiques à souhait comme la côte et la langue de veau, servies avec des pacanes grillées et de délicieuses racines de persil confites deux façons, «pommes frites» et purée onctueuse. On peut aussi déguster un omble chevalier, servi sur une purée tonique d’épinards, des tranches de gingembre confit et une tige de jeune brocoli al dente. Les ingrédients sont d’excellente qualité, la créativité est présente, mais ceux-ci ne dialoguent pas toujours de façon optimale.

Douceurs

Au menu: une fameuse crème glacée au cacao et sang de cochon. Cette dernière, servie avec un carré de pain d’épice et une boule de dulce de leche, est tout simplement «wow»! En comparaison, la tarte au citron et sa meringue minute déçoit: garniture trop compacte, meringue trop fondante, biscuit trop dur. Dommage. Selon nos informations, un chef pâtissier devrait bientôt se joindre à l’équipe.

Emballant /
L’offre d’abats apprêtés avec originalité suffit pour faire de Chez Bouffe une adresse de destination. Et les prix pratiqués sont raisonnables.

Décevant /
La cuisine costaude de Plouffe a les défauts de ses qualités: un peu plus de raffinement lui donnerait des ailes.

Combien? /
Prix pour deux avant taxes, vin et pourboire: environ 30$ pour la table d’hôte du midi et 75$ le soir.

Quand? /
Du mardi au vendredi, midi et soir. Le samedi, soir seulement.

Où? /
Chez Bouffe
4316, rue Sainte-Catherine Est, Montréal
514 252-5420
chezbouffe.ca