Restos / Bars

Les Soeurs grises : Broue et boucane

Au bistro-brasserie Les Sœurs grises, la bière et les plats fumés maison sont en vedette. Avec, en prime, une petite leçon d’histoire.

Marguerite d’Youville doit se retourner dans sa tombe! Le nom de la congrégation religieuse qu’elle a fondée en 1737 orne l’enseigne d’une microbrasserie du Vieux-Montréal. Mais que Marguerite se rassure: le concept du bistro-brasserie Les Sœurs grises a été réalisé avec goût et de multiples clins d’œil à l’histoire. Des exemples? Les serveuses portent une jupe d’écolière, pour évoquer les orphelines que Marguerite accueillait dans sa maison pour les éduquer; des paravents en forme de tête de lit en métal rappellent la vocation hospitalière des Sœurs grises; et la première bière à sortir des cuves, une blonde, porte le nom de… Marguerite!

Pour goûter aux plats, j’ai invité sœur C. à m’accompagner. À l’âge de 81 ans, cette authentique sœur grise est l’une des plus jeunes de sa communauté.

Au menu

Pour rester dans la philosophie de partage des Sœurs grises, nous avons opté pour les tapas. En premier lieu, les «ailes» de lapin (qui sont en fait des pattes), fumées à l’hickory. La petite sauce à la moutarde servie en accompagnement ne réussit pas à estomper le goût très prononcé de fumée qui, malheureusement, enterre la saveur délicate du lapin. «On peut manger avec les doigts, hein?» me demande sœur C. Bien sûr! Ici, la convivialité est de mise, même si le décor est très soigné.

La côte levée de porc fumée au bois de cerisier est beaucoup mieux réussie: la viande reste juteuse et le goût fumé, équilibré. La petite sauce BBQ qui l’accompagne est sympathique.

Le gravlax de saumon, sans casser de briques, est tout à fait correct. Servi directement sur une planche de bois, comme les autres tapas, il est accompagné d’un trait de sauce moutarde et miel.
Avec son petit air tex-mex, la tostada gratinée et sa salsa au saucisson à la bière noire fait honneur à la carte des broues maison ou importées. Pour contrebalancer un peu cette abondance de viande, la petite salade de feuilles de roquette est bienvenue.

Sœur C. s’est sentie très à l’aise parmi la faune jeune et animée qui fréquente le lieu. Son seul bémol: elle trouve trop sombre le noir charbon de certains murs. En fait, ce noir évoque les incendies qui ont ravagé le premier Hôpital général de Montréal, que dirigeait Marguerite d’Youville. Il fait aussi référence à la bière noire brassée sur place.

Douceurs

Tous les desserts sont faits maison. Nous avons goûté à la mousse choco-banane, qui était agrémentée de noix, et au pouding chômeur, servi avec une petite tasse de crème fouettée (la crème glacée est en extra). Sans être les meilleurs en ville, ils étaient satisfaisants.

Emballant /
Enfin une microbrasserie décontractée dans ce quartier qui a plutôt tendance, le soir, à attirer les amateurs de restos huppés.

Décevant /
En cuisine, on devrait mettre la pédale douce sur le fumage, sinon tout risque de goûter la même chose.

Combien? /
Le soir, prévoyez une cinquantaine de dollars pour deux, excluant l’alcool, les taxes et le pourboire.

Quand? /
Ouvert du lundi au vendredi midi et soir, et les samedis et dimanches à compter de 15h.

Où? /
Les Sœurs grises
32, rue McGill, Montréal
514 788-7635, bblsg.com