Restos / Bars

Diablos Smoke House : Le blues du Sud

Type de resto plutôt rare à Montréal, le Diablos Smoke House offre une incursion exotique dans le Deep South, le sud-est profond des États-Unis.

Une fois passées les portes battantes de style saloon, l’ambiance habituelle du Quartier latin est vite oubliée. Dans ce décor rustique de bois de grange rehaussé de rideaux de velours rouge, un gars tatoué genre motard, affublé d’un t-shirt noir moulant, nous propose une bière. La pinte de Rolling Rock pression coule facilement dans la gorge, sous cette chaleur humide qui annonce l’été. Un jeune homme, casquette vissée sur la tête, nous présente le menu dans un anglais à l’accent bien relevé. C’est le chef, Joe Henry, et il arrive tout juste de Savannah, Georgia. Drôle d’endroit pour une rencontre! En plein cœur du Quartier latin, voici un resto où s’exprime toute la tradition culinaire du sud-est des États-Unis.

Au menu

La première visite – un midi – fut tout un choc. Seuls dans le restaurant, nous voilà à baragouiner notre anglais face à un chef qui maîtrise tout juste quelques mots de français. Rue Saint-Denis, c’est une première. Mais rapidement, il nous met dans sa poche. Parmi ce menu assez riche en calories, il nous sert de petites portions, pour que nous goûtions. Du porc effiloché longuement cuit dans son fumoir, servi entre deux petits pains de maïs maison. Délicieux. Un sandwich po’ boy aux crevettes, version louisianaise de notre traditionnelle guédille, tout juste relevé, et quelques accompagnements originaux dont du maque choux, une salade tiède typique de maïs, piments, tomates et oignons, qui manque cependant de mordant. Agréable, tout comme les quelques frites de pommes de terre et de patates douces à tremper dans une mayonnaise bien pimentée.

La visite suivante nous montre que l’ambiance peut être véritablement sympathique en soirée. Le chef sort rapidement sa guitare chromée pour nous chanter quelques notes de blues. La clientèle, à l’air rockabilly (ou plutôt psychobilly, m’a précisé le cousin invité, coloré mélange de punk et de rockabilly), s’évade dans les cocktails bien alcoolisés aux noms évocateurs – Saltwater Cowboy ou Cowgirl’s Prayer. Et s’enfile «hushpuppies», de savoureuses boulettes de semoule de maïs frites farcies d’oignons, et côtes levées accompagnées d’une sauce BBQ maison sucrée et fumée. Porc ou bœuf: la chair est tendre, délicate, délicieuse. Quant au poulet frit, il fallait bien l’essayer: une cuisse et une poitrine servies dans un panier d’osier, sur un papier carrelé rouge et blanc, enrobées de panure à la bière fine et légère, croustillante. La chair est bien juteuse. L’excuse santé? La salade de chou rouge à la vinaigrette légère, tout à fait acceptable.

Douceurs

Pas grand-chose à se mettre sous la dent pour l’instant, si ce n’est cette coulante tarte aux pacanes, sucrée, à la pâte au goût beurré, tout à fait craquante. D’autres desserts à suivre, bientôt.

Emballant /
Un chouette voyage culinaire proposé par une équipe sympathique et… très tatouée. Une cuisine du fumoir tout à fait savoureuse.

Décevant /
Étonnamment, les quantités extrêmes vantées sur le menu ne sont pas nécessairement au rendez-vous. Les deux petits morceaux de côtes levées de bœuf étaient bien seuls dans l’assiette. Le chef pourrait aussi renforcer les saveurs de ses accompagnements, notamment de sa fameuse salade maque choux.

Combien? /
Comptez une trentaine de dollars par personne, sans taxes, service ni alcool.

Quand? /
Tous les jours, de 11h à 3h.

Où? /
Diablos Smoke House

1693-A, rue Saint-Denis, Montréal
514 283-4666